Monsieur Lejeune, Luxeuil a perdu un de ses enfants et je sais combien les habitants sont touchés. Je vous remercie pour votre attention.
Madame Mirallès, la crise ne devrait pas affecter la fidélisation car nos soldats partent quand ils ne savent plus à quoi ils servent. Or aujourd'hui, ils sont particulièrement engagés. Cette question est aussi liée à l'action de la chaîne de commandement mais j'y reviendrai.
Monsieur de la Verpillière, je suis d'accord avec vous, le contact avec les autorités civiles doit être organisé. Le préfet est l'autorité centrale dans un département, dans une zone et c'est à ce niveau-là que nous devons établir nos liens, notre coordination. Sentinelle nous a déjà conduits à développer des relations avec les forces de sécurité intérieure. La crise a révélé la nécessité d'en établir avec d'autres organismes, comme les ARS. Nous gagnerions mutuellement à réaliser des exercices en commun. Par les contacts locaux de chefs à chefs, il faut renforcer notre connaissance mutuelle et créer des liens qui sont essentiels lorsque la crise survient.
Madame Bono-Vandorme, le camion école destiné aux régiments qui perçoivent le matériel Scorpion ne s'est pas déplacé durant la crise. Cela n'est guère dommageable car l'arrivée des Griffon est concentrée au 3e régiment d'infanterie de marine, à Vannes. Le 13e bataillon de chasseurs alpins et le 1er régiment d'infanterie commencent tout juste à en percevoir. Déplacer les moyens de formation vers le régiment est une approche novatrice, vous avez raison.
Monsieur Bazin, c'est le service de santé des armées (SSA) qui est chargé de la stratégie sanitaire de dépistage et de tests. Pour les retours d'OPEX, il s'agit de tester tous les militaires, cela prend du temps et exige du personnel qualifié. Si aucun n'est détecté positif, après quarantaine, nous pouvons être assurés que l'unité est saine, sinon il faut la couper de tout contact avec l'extérieur. Les tests sérologiques, quant à eux, correspondent à une étude à plus long terme sur le développement de l'immunité.
Monsieur Jacques, vous avez parfaitement raison ! Les forces de Barkhane en opérations dans la zone des trois frontières obtiennent des résultats exceptionnels. Les unités déployées au Mali font preuve d'une grande efficacité. Concernant votre réflexion sur Sentinelle, il est exact de dire que certains engagés dans l'opération n'en ont pas immédiatement compris l'utilité. Toutefois, l'armée de Terre exécute les missions qui lui sont confiées, ce qui clôt un peu le débat, et nous avons pour mission de protéger les Français aussi bien sur le territoire national qu'à N'Djamena. Nous ne choisissons pas nos missions. La notion d' ultima ratio est liée au niveau d'engagement. Tout est question de mesure, comme toujours. L'armée de Terre sait tout faire ou presque, mais jusqu'à un certain point. Par exemple, l'armée de Terre peut-elle se consacrer entièrement à la distribution de masques ? La réponse est oui mais l'employer uniquement à distribuer des masques n'est pas sans conséquence, par exemple sur le niveau de prise de risque de la relève dans la zone des trois frontières. L' ultima ratio ne doit pas vouloir dire solution de facilité. Vous l'avez vu, nos soldats sont heureux d'avoir été engagés au service des Français mais mon rôle est aussi de préparer ce que l'on me demandera demain. À partir du 11 mai, chacun doit se réorganiser progressivement pour faire ce qu'il est le seul à savoir faire : l'armée de Terre est seule à savoir s'engager en OPEX dans la zone des 3 frontières.
Monsieur Larsonneur, l'année n'est pas normale pour l'armée de Terre, elle ne l'est pas non plus pour les industriels. En revanche, comme tout le monde, en dépit de la crise, leurs objectifs de livraisons restent les mêmes, à ce stade. Je resterai un client exigeant dans ce domaine.
Monsieur Gassilloud, la règle des « quatre i » permet d'assurer un équilibre entre ultima ratio et solution de facilité, tout en tenant compte de l'environnement. Si ce filtre avait été appliqué à la lettre, les trois quarts des actions de Résilience n'auraient pas été conduits. Cette règle ne doit pas être assouplie mais appliquée intelligemment pour le bien des armées, des collectivités locales et des administrations et même des entreprises civiles dont nous ne voulons pas prendre la place. L'esprit de cette règle est plus important que la lettre elle-même.
Monsieur Meizonnet, concernant l'attractivité du recrutement, quelqu'un qui s'engage pour être soldat doit être employé comme un soldat. D'abord, il faut appliquer des normes d'entraînement, disposer du matériel nécessaire et des moyens suffisants qui préparent à l'engagement. Si nos soldats sont envoyés à la guerre, ils doivent être entraînés et être capables de gagner. Ensuite, ils doivent se sentir utiles et les chefs doivent donner du sens aux actions dans lesquelles on les engage. Enfin, ils restent s'ils se sentent bien. Un soldat qui s'estime mal commandé, mal logé, mal nourri s'en va et je le comprends. C'est pour cela que la qualité du commandement et le niveau du soutien sont des éléments clés. Nos chefs doivent bien commander, ce qui n'est pas facile, d'où l'effort que je fais sur la chaîne de commandement.
Monsieur Cubertafon, en début de crise, j'ai envoyé aux réservistes une lettre identique à celle que j'avais adressée aux soldats d'active pour leur demander de se tenir prêts. Nous n'avons pas engagé la réserve parce qu'elle trouve sa pleine efficacité dans les crises de longue durée. Très volontaires et très disponibles, les réservistes sont moins immédiatement employables que l'armée d'active et c'est bien normal. La loi prévoit un préavis de trente jours pour appeler un réserviste. Alors que j'avais 25 à 30 000 militaires confinés, était-il logique de faire traverser le territoire à des réservistes pour prendre leur place ? Je n'ai pas refusé de les utiliser mais ce n'était pas le plus logique au plan opérationnel. Des réservistes ont toutefois été engagés comme ceux du 24e régiment d'infanterie, à Paris, au profit de l'AP-HP, au juste niveau.
Le recours à la réserve opérationnelle de niveau 2 (R02) est un des objectifs de la LPM, mais ce dispositif doit encore être consolidé. Employer des réservistes dans le domaine de la logistique territoriale n'est pas quelque chose qui est actuellement prévu. Pour autant la question mérite d'être creusée. Le plan stratégique a un vrai projet réserve qui doit proposer ce que la réserve doit apporter dans un conflit de haute intensité.
Merci Madame Khedher pour votre soutien au régiment médical, qui a fait de belles choses.
Madame Bureau-Bonnard, au sujet des relations avec les ARS, comme je l'ai dit précédemment, il faut bâtir la confiance entre nos institutions. Nous travaillons à une action décentralisée avec l'Éducation nationale, les maires et les députés pour les cérémonies du 11 Novembre. Cette crise a ouvert de nombreuses portes.