Le retour des personnels déployés en opérations est organisé de façon à préserver leur santé et celle de leurs familles. Les bases aériennes, comme Creil ou Evreux, ont été mobilisées ces dernières semaines pour accueillir le personnel dans de bonnes conditions et permettre de conduire les démarches sanitaires prévues. Soyez assurés qu'à Creil ou à Évreux, le service de santé des armées, pour ce qui relève des évaluations médicales, le commissariat des armées, pour le bien-être, l'hébergement et la nourriture, et l'état-major des armées, ont fait le maximum pour assurer correctement le retour de nos aviateurs, soldats et marins.
Nos infrastructures sont-elles suffisantes ? En cette période de crise, elles ne sont pas utilisées à 100 %, car nous n'accueillons plus certains stages ou missions. La disponibilité partielle de certains bâtiments d'hébergement a permis d'accueillir les premiers retours d'opération. Mais notre dette en infrastructures, préexistante au COVID, n'est pas effacée. Nous avons besoin de capacités d'hébergement rénovées et de capacités supplémentaires. Cet axe pourrait être pris en compte dans la LPM, voire dans le plan de relance.
Merci d'avoir souligné le travail du service industriel aéronautique (SIAé) et l'effet positif du niveau de soutien opérationnel (NSO) national, pour le MCO. Je le redis, le NSO a tenu un rôle majeur dans la poursuite d'une activité comprise entre 50 et 70 % de l'activité habituelle. Je remercie pour cela les mécaniciens de l'armée de l'air, du SIAé, et les ouvriers d'État.
Le fonctionnement des unités a profondément évolué pendant la crise. Le personnel travaille par bordées, distancié géographiquement ou temporellement. Le personnel mis en réserve permet de préserver le potentiel. Nous avons donné la priorité à la posture permanente de sûreté aérienne (PPS), à la dissuasion, et aux opérations extérieures. Le personnel en astreinte a pu être employé pour des activités et des actions de solidarité : aider à monter des tentes pour les EHPAD ou dans les PC de crise.
Je tiens à souligner à nouveau la capacité NRBC de l'armée de l'air, qui a permis, dès le 31 janvier, la prise en compte assez sereine de cet ennemi invisible. La crise est révélatrice de la capacité d'innovation et d'adaptation de nos aviateurs. Au-delà des équipements des avions de transport, des masques et des visières, je note le rôle central joué par les centres de commandement de l'armée de l'air dans la coordination des moyens aériens sur le théâtre national et dans les outre-mer.
Dans nos écoles, les directives gouvernementales ont été strictement appliquées et l'enseignement à distance pratiqué massivement. Les enseignants des écoles de l'armée de l'air se sont d'ailleurs fortement mobilisés pour transformer leurs cours et les rendre accessibles aux élèves à domicile. Nous allons tirer les enseignements de ces nouvelles méthodes de travail très profitables. La crise n'est pas finie et il va falloir continuer à nous adapter, en conjuguant par exemple enseignement à distance et enseignement présentiel.
Les retards de livraison par rapport à l'exécution de la LPM sont maîtrisés, qu'il s'agisse du SCALP, du Mirage 2000, du C130 ou des ALSR. Certains chantiers ont été stoppés mais j'ai confiance en la capacité des industriels à accroitre leur activité pour tenir au mieux les engagements. Il faudra collectivement faire preuve d'une vigilance accrue pour résorber cette dette.
Nous avons par ailleurs maintenu l'emploi des personnels réservistes dans le domaine des opérations aériennes, dans les systèmes d'information et de communication et pour la solde. Dans le plan de continuité, comme je l'ai souligné, des aviateurs d'active étaient mobilisés pour répondre aux besoins de solidarité de la nation. Les requêtes ayant été peu nombreuses, je n'ai pas eu besoin de recourir aux réservistes opérationnels, en complément, pour la crise COVID.
S'agissant de l'ACCS, nous sommes engagés dans un parcours de reprise de confiance sur la base de tests successifs. Nous avons terminé une série de tests, l'industriel s'étant mobilisé pour être présent pendant la crise. L'évaluation nationale, prévue entre trois et quatre mois après ces tests, pourra intervenir fin août-début septembre. L'OTAN réalise des tests également, mais plus difficilement en raison de la fermeture des frontières.
Concernant le SCAF, l'objectif reste celui annoncé par la Ministre, d'un vol en 2026 du démonstrateur de l'avion de nouvelle génération. La coopération entre opérationnels est active. Les travaux en cours portent sur les critères d'évaluation de l'architecture. Une architecture, c'est une combinaison de petits et de gros drones, une furtivité, une capacité d'emploi, une capacité de commandement déportée à définir, des combats collaboratifs à coordonner. La connectivité sera un point clé de la réussite du SCAF. Elle doit être appréhendée dès à présent.
Enfin, s'agissant des MRTT, la LPM prend en compte l'avancée de la livraison des 12 MRTT en 2023. La cadence est respectée. Quant aux trois derniers MRTT initialement attendus après 2025, nous avons envisagé avant le COVID une location-vente et l'avancement de la livraison initiale sous un format « avion passagers », visant à remplacer les A310 et les A340, avant leur transformation en avion ravitailleur en vol plus tard. La volonté est de rationaliser les flottes (grâce à une flotte unique de MRTT pour remplacer les A310, les A340 et les C135), tout en assurant la poursuite des relèves des soldats, des aviateurs et des marins sur nos théâtres d'opérations.