Le service de santé des armées (SSA) a pour mission générale d'assurer le soutien médical des forces armées avant, pendant et après les engagements opérationnels. Il est pourvu de compétences spécifiques qui sont utilisées dans tous les milieux, notamment : le traumatisme de guerre, le domaine nucléaire, radiologique et chimique, et les pathologies infectieuses.
Notre expertise se nourrit de la réflexion sur la collectivité que déclenche la réponse à chaque événement individuel, en matière de prévention, de contre-mesures ou de surveillance. Plusieurs capacités sont mobilisées à cette fin : un parcours de soins allant de la blessure à la rééducation, une chaîne de ravitaillement intégrée, des formations adaptées à notre pratique, un institut de recherche, une veille sanitaire.
Sous l'autorité de la directrice centrale du SSA, la cellule de crise que je dirige a été créée le 7 février pour coordonner toutes les actions conduites dans la lutte contre l'épidémie, dans ses aspects scientifiques, techniques et opérationnels, en vue de préserver autant que possible la capacité opérationnelle des armées.
Dès l'apparition du nouveau coronavirus en Chine, le SSA a participé aux échanges d'information de veille sanitaire avec le ministère des solidarités et de la santé et le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, tout en poursuivant sa mission au profit des forces armées. Au tout début de la pandémie, les armées et le SSA ont été sollicités pour la mise en œuvre de deux opérations de rapatriement, les 31 janvier et 2 février.
Malgré la menace de la covid-19, les opérations militaires se poursuivaient. Nos dispositifs de soutien médical ont tous été renforcés, au profit des forces tant en opération que sur le territoire national. Nous sommes intervenus, et continuons à le faire, dans le processus de traçage des cas contacts au profit de la population du ministère des armées, ainsi que sur tous les points de présence des forces françaises.
Nos huit hôpitaux d'instruction des armées (HIA) ont presque triplé leurs capacités en réanimation.
Après celui de Mulhouse, un nouvel élément militaire de réanimation du service de santé des armées (EMR-SSA), d'une capacité de dix lits, se déploie à Mayotte, qui sera intégré dans le centre hospitalier de Mamoudzou. Il sera complètement opérationnel début juin, avant le pic attendu de l'épidémie sur zone.
Le SSA a réalisé de nombreuses évacuations par voie aérienne ou maritime et contribué aux opérations par voie ferrée. Six opérations ont été conduites au total, entre le 18 mars et le 3 avril, pour le transfert de trente-six patients lourds intubés et ventilés, auxquels il faut ajouter les douze patients évacués de Corse par voie maritime. Aucun décès n'a été déploré lors de ces transferts.
Pour répondre à la demande dans les régions Grand-Est et Île-de-France, à partir du 28 mars, l'armée de Terre et l'armée de l'Air ont mis à disposition des hélicoptères dont la médicalisation a été assurée par des équipes médicales civiles renforcées par des équipes du SSA ; 106 patients ont bénéficié de transferts héliportés. Le SSA a également adjoint des équipes médicales aux transferts effectués par trains sanitaires. Deux porte-hélicoptères amphibies ont été envoyés vers les territoires ultramarins, dans le cadre de l'opération Résilience, permettant l'évacuation de dix-sept patients.
Toutes ces missions ont nécessité une très grande réactivité et ont été menées grâce à l'appui de nos cinq composantes : la médecine des forces, les hôpitaux d'instruction des armées, le ravitaillement médical, la réanimation et l'évacuation. Les structures de formation, de recherche et de surveillance épidémiologiques ont également été impliquées et poursuivent leur action. Nous avons, en outre, fait appel à nos élèves en formation et aux réservistes qui, plus que jamais, ont joué un rôle essentiel dans la réalisation de la mission du SSA.
Pour conclure, si nous ne sommes pas l' ultima ratio de la santé publique, nous contribuons à hauteur de nos moyens.