Je commande le centre d'expertise sécurité nucléaire NRBC, unité du centre d'expertise aérienne militaire (CEAM), qui a pour mandat de garantir la capacité d'intervention de l'armée de l'air en situation d'urgence radiologique « armes » ainsi que sa capacité d'accomplir ses contrats opérationnels « dissuasion », « protection », et « projection » dans un environnement NRBC. Le CE SN NRBC est pour le domaine NRBC un centre de formation, d'expérimentation des matériels nouveaux de l'armée de l'Air et centre référent pour les travaux de doctrine.
Lors de la crise du covid-19, la désinfection des aéronefs a été effectuée par les pompiers de l'air, dont ceux de la section d'intervention NRBC.
La décontamination intérieure est essentielle lors d'une mission de transport aérien dans un contexte NRBC. Le risque biologique et la désinfection étaient déjà pris en compte pour les transports ponctuels de patients porteurs du virus Ebola.
En janvier, la contamination possible et donc la désinfection d'un A340 de l'escadron Esterel, dans un temps contraint, constituaient une situation nouvelle. L'ampleur de la crise et la diversité des situations qui allaient suivre confirmaient l'ensemble des solutions techniques initiales retenu fin janvier avec l'acquisition de brumisateurs.
La désinfection aéronautique a été caractérisée par la réactivité, le travail d'équipe, la spécificité et l'innovation.
En quatre jours, du 28 au 31 janvier, un groupe d'experts a déterminé, recherché, acquis, fait livrer les matériels, puis rédigé les procédures nécessaires à la désinfection des aéronefs, aux fins de passer le relais.
En une quinzaine de jours nous avons proposé un panel de procédures permettant de couvrir quasiment tous les aéronefs en service dans le respect des spécificités de chaque flotte. En dix jours, 600 pompiers de l'air, spécialistes aéronautiques et NRBC, ont reçu cette instruction complémentaire.
Depuis le 28 janvier, les experts du CEAM, appuyés par leurs homologues du SSA, de la délégation générale de l'armement et de la direction de la maintenance aéronautique, ont défini les modes opératoires. L'armée de l'Air et les groupe de soutien des bases de défense ont mis en place les équipements nécessaires, l'armée de l'Air a défini une stratégie d'emploi et confié le capitanat de ces opérations aux pompiers de l'air. Avec la section d'intervention NRBC, 125 pompiers, répartis dans dix-huit équipes de décontamination « air » en métropole et sept hors de métropole, œuvrent quotidiennement sur les plateformes de stationnement des aéronefs depuis le début de la crise. Hors de la métropole, six bases aériennes disposent d'équipes de désinfection ; sur cinq autres sites, les pompiers de l'air assurent la direction des opérations avec l'appui des spécialistes du 2e régiment de dragons NRBC.
La désinfection des aéronefs comporte des spécificités. Si le produit utilisé doit détruire le virus, le mode d'application doit être autorisé pour chaque aéronef. Les opérations de désinfection sont déterminées par une analyse des risques fondée sur les conditions préalables, les mesures préventives, et les circonstances du vol. Les procédures doivent se décliner en fonction de l'état final recherché. Ainsi, la désinfection approfondie des hélicoptères-ambulances est réalisée chaque jour, et des désinfections opérationnelles sont effectuées entre chaque noria.
Si nous avons retenu une technologie, nous sommes attentifs à toutes celles qui seraient compatibles avec le milieu aéronautique pour disposer d'une panoplie optimale, qu'il s'agisse de l'extension du domaine d'emploi du DAF 3000 ou de technologies utilisant les ultraviolets et l'ozone. Enfin, nous travaillons sur plusieurs projets pour réduire la contamination des aéronefs. L'agence de l'innovation de défense (AID) a notamment repris PEGASE 2, une capacité de transport aérien des patients contaminés, lancée avec l'appui des experts BIO du SSA.
Le fait NRBC ne doit pas remettre en cause la liberté d'action de l'armée de l'Air. La décontamination en général et la désinfection en particulier de ses aéronefs sont essentielles. L'armée de l'Air a pu faire face à un cas non conforme dans des temps contraints, car elle disposait d'une expertise au CEAM et de pompiers de l'air spécialistes NRBC formés et entraînés.