Intervention de Emmanuel Chiva

Réunion du mercredi 3 juin 2020 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Emmanuel Chiva, directeur de l'agence de l'innovation de défense :

Tous les projets retenus ont un fort potentiel de dualité et de seconde vie puisque le facteur de dualité a été un critère de sélection important. Les solutions retenues peuvent ainsi être adaptées à l'ensemble des menaces virologiques pour usage dans les hôpitaux militaires métropolitains ou en opération. Par exemple : les respirateurs MakAir sont utilisables dans les bâtiments de la marine dépourvus de salle de réanimation ; l'outil de veille pour les publications scientifiques WaKED-Co peut être utilisé à des fins de renseignement en source ouverte ; les automates de la société BForCure peuvent détecter la contamination dans des bâtiments de la marine ou sur des bases en Opex.

L'instruction ministérielle de l'innovation de défense prévoit l'intégration de l'action de l'Agence dans un réseau national de l'innovation. L'Agence conduit donc une action coordonnée avec l'ensemble des acteurs du Ministère qui sont parties prenantes en matière de soutien à l'innovation ce qui nous permet d'assurer un réel maillage territorial. Nous avons d'excellentes relations avec tous les clusters techniques de la DGA et les laboratoires des armées et services. Nous avons ainsi mis en place un système de labélisation par délégation qui permet à ces composantes de sélectionner des projets d'intérêt pour leur structure tout en bénéficiant du soutien de l'AID si besoin.

Pour répondre de façon coordonnée aux questions de MM les députés Ferrara et Lachaud : par souci de transparence, nous avons précisé dans la présentation à la presse que 22 de ces marchés avaient été notifiés et que 15 autres étaient en cours de notification. Tous les marchés n'ont pas encore été notifiés car des négociations sont toujours en cours. Si l'un des projets n'était pas notifié, nous disposons d'une liste complémentaire de projets intéressants qui pourraient bénéficier de notre soutien. Notre but est de trouver des solutions innovantes, de les financer, tout en restant vigilants sur les conditions d'engagement de l'argent public.

Le choix du projet Robopex n'est pas une erreur mais une décision pleinement assumée. En revanche, l'article publié dans le magazine Challenge contenait plusieurs erreurs factuelles. Nous n'avons pas acquis de matériel étranger, nous avons financé une expérimentation à petite échelle, puisqu'il s'agit d'une série de 5 robots, visant à définir le cadre d'emploi d'un robot mule en opération. Nous avons lancé une compétition européenne afin d'acquérir un robot et de le tester en opération. La PME vainqueur de la compétition n'est pas israélienne mais 100 % française. Elle a proposé d'assembler en France, des composants mécaniques et électroniques d'origine israélienne, de la même manière qu'une entreprise utilise des composants d'origine chinoise pour assembler un ordinateur. On ne peut donc pas dire que nous avons acquis un robot israélien. Je le répète, il ne s'agit pas d'acquérir une grande série de robots dans le cadre du programme Scorpion par exemple. Il s'agit de procéder à une expérimentation qui nous permettra de déterminer les contours de ce que pourrait être le robot mule de demain, répondant au mieux aux besoins de nos forces. Cette expérimentation permettra de définir la meilleure adéquation entre classe de robot et usage notamment. Cette initiative a fait parler d'elle car c'était la première fois qu'une expérimentation était notifiée aussi vite, après un essai au centre d'entraînement au combat en zone urbaine de l'armée de terre, pleinement intégrée à cette démarche.

Le projet MakAir, destiné à pallier la pénurie de respirateurs, a mobilisé un collectif de 350 universitaires. Si fort heureusement la tension sur la disponibilité des respirateurs s'est résorbée en France cette technologie pourra toutefois trouver d'autres débouchés salutaires, notamment dans certains pays étrangers ; par exemple en Afrique ou cette offre de respirateurs low cost pourrait répondre à un besoin réel. Concernant les relations de l'Agence avec le monde universitaire, nous finançons quelque 400 thèses universitaires par an (130 thèses nouvelles par an). Nous collaborons avec l'ANR sur les dispositifs ASTRID et ASTRID Maturation, pour lequel nous allons faire passer le nombre d'appels à projet d'un à deux ou trois par an. Nous sommes associés à l'élaboration de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche avec le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Je déplore comme vous la réduction de l'enveloppe du fonds européen de la défense. Nous travaillons déjà avec l'agence européenne de défense afin de mutualiser la recherche en matière de défense et favoriser l'autonomie stratégique européenne. Le document de référence d'orientation de l'innovation de défense (DrOID), mise à jour du Document d'Orientation de l'Innovation de Défense 2019, qui paraîtra dans les prochaines semaines, précisera les priorités européennes de coopération.

Faciliter le travail entre les civils et les militaires est l'une des missions de l'AID. Le mélange de civils, militaires opérationnels et ingénieurs de l'armement fait sa force. Je suis moi-même issu du secteur privé. L'innovation défense Lab compte des chefs de projet officiers de marine, officiers de l'armée de terre et de l'armée de l'air, gendarmes ou ingénieurs de l'armement. La collaboration entre ces personnels est vertueuse pour la conduite de nos projets.

Les responsables innovation (RI) de l'agence font le lien avec le monde universitaire et coordonnent l'encadrement des thèses financées par le ministère. Nous avons une cellule d'innovation ouverte qui est en charge d'opérer une veille technologique la plus vaste possible C'est pourquoi nous avons par exemple envoyé une équipe au Consumer Electronic Show (CES), à Las Vegas. Nous avons une collaboration intégrée avec la direction technique de la DGA, nous œuvrons de façon coordonnée pour assurer une veille performante dans les domaines d'innovation de rupture prioritaires définis par le DrOID Nous échangeons par ailleurs avec le ministère de l'intérieur et le ministère de l'économie et des finances notamment.

La supériorité opérationnelle et l'autonomie stratégique figureront au premier plan des priorités présentées dans le DrOID. Le projet VMAX de planeur hypersonique est développé en France. Nous avons dégagé des crédits supplémentaires pour les armes à énergie dirigées. Des expérimentations de systèmes lasers pour la lutte anti-drones sont en cours, et les travaux sur le canon électromagnétique de l'institut Saint-Louis sont une référence européenne.

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