Madame la ministre, les propos que vous avez tenus, lors de votre dernière audition, au sujet de l'épidémie de covid-19 à bord du Charles de Gaulle, ont fait dire aux commentateurs que vous aviez ouvert le parapluie. Je partage, d'une certaine manière, leur avis. Vous aviez promis la transparence : nous en sommes malheureusement loin. Elle supposerait en effet la publication des trois enquêtes – menées, respectivement, par l'inspection des armées, de la marine et du service de santé des armées (SSA) – et non pas seulement d'une synthèse de quatre pages, où le mot « responsabilité » n'apparaît qu'une fois, à l'avant-dernière ligne. Ce document masque les éventuelles contradictions entre les trois enquêtes. Il n'impute presque aucune décision à personne. Il est elliptique et n'évoque jamais, par exemple, le degré d'information et de suivi d'information de l'Élysée. Il se résume à la formule commode « des dysfonctionnements mais pas de faute ». Je vous l'ai déjà demandé par courrier, je vous le redemande : pourriez-vous publier les trois enquêtes des inspections ?
Par ailleurs, je vous avais demandé pourquoi le renseignement français n'avait pas alerté sur l'épidémie. Vous m'aviez répondu que cela ne relevait pas de sa compétence, parce que le sujet ne figurait pas dans la stratégie nationale du renseignement. C'est vrai, mais on peut lire, dans la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017, que « Le risque d'émergence d'un nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou échappant à un laboratoire de confinement est réel ». N'était-il donc pas logique de traduire ce diagnostic dans un plan d'action ?
Vous avez affirmé que la décision avait été prise de lancer des études relatives au projet de porte-avions à propulsion nucléaire, qui devrait succéder au Charles de Gaulle. Sa construction est prévue par la loi de programmation militaire (LPM), mais force est de constater que la représentation nationale est, encore une fois, largement spectatrice. Comptez-vous, sur ce projet aussi, la placer systématiquement devant le fait accompli ?