La crise que nous vivons n'a pas atténué la confrontation des puissances. Bien au contraire, celle-ci s'est intensifiée et a même débouché sur d'autres types de conflictualité. Après la guerre cinétique puis cyber, est venu le temps du conflit sur le champ informationnel. La guerre de l'information est très ancienne, mais les outils numériques lui donnent une nouvelle vigueur. Nous avions évoqué ce sujet dans le rapport qu'Olivier Becht et moi-même avions présenté en mai 2018 sur les enjeux de la numérisation des armées. Fin 2018, un nouveau rapport conjoint CAPS-IRSEM (Centre d'analyse, de prévision et de stratégie-Institut de recherche stratégique de l'École militaire), de très grande qualité, a été consacré à ce sujet. Lors de la remise de cette étude, Madame la ministre, vous aviez affirmé : « Au champ de bataille physique, se superpose maintenant un champ de bataille informationnel. Nos armées l'ont théorisé depuis longtemps, mais ses moyens ont changé et son ampleur est inédite. » Ces mots demeurent d'une grande actualité car les situations de crise, notamment sanitaire, sont propices à la diffusion massive de fausses nouvelles, qui peuvent perturber l'application des politiques publiques. La crise du covid-19 a donné lieu, d'une façon encore plus inquiétante, au développement de stratégies d'influence ambiguës, voire agressives, de puissances étrangères. Cela, à mon sens, ne fait que renforcer le rôle du Centre interarmées des actions sur l'environnement (CIAE), qui mène des actions extrêmement intéressantes. Pouvez-vous nous faire part de vos travaux sur l'enjeu informationnel et nous préciser comment s'articulent l'action du ministère des armées, du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et de l'ambassadeur du numérique, dont le portefeuille inclut les manipulations de l'information ?