Si nous estimons qu'il est nécessaire de poursuivre les discussions au sein de la CCAC, c'est aussi car nous craignons que le débat sur les SALA ne vienne parasiter les efforts entrepris par la France et l'Europe en matière d'intelligence artificielle de défense, conduisant de fait à notre déclassement stratégique.
Le développement de systèmes de plus en plus autonomes est en effet inéluctable.
Dès à présent, les machines se montrent plus réactives que l'humain, et plus précises dans l'exercice de certaines fonctions : un homme réagit en quelques secondes, la machine en quelques millisecondes, voire moins ; un tireur humain qui bouge, respire et tremble, est moins précis qu'une machine qui ne bouge pas, ne respire pas, ne tremble pas ; la machine est capable d'opérer avec constance sur des temps très longs, voire vingt-quatre heures sur vingt-quatre, là où l'homme est limité par la fatigue et l'inattention.
Ainsi, en 2016, le colonel Gene Lee, formateur au sein de l' US Air force, a perdu tous les combats aériens qu'il a menés en simulation face à Alpha, un programme informatique doté d'intelligence artificielle. Nous ne reviendrons pas ici sur les bénéfices opérationnels, tant offensifs que défensifs, que porte en elle l'intelligence artificielle de défense et, ce faisant, l'autonomie plus poussée des systèmes d'armes.