Merci aux deux co-rapporteurs pour leur travail très précieux et qui soulève beaucoup de questionnements. L'homme est un loup pour l'homme. Nous le savons, en tout cas j'en suis persuadé. Il n'y a qu'à regarder notre histoire. Ne serait-ce qu'en pensant au nazisme, vous vous souvenez de ce qu'a pu faire une telle doctrine : exterminer des gens. La bombe atomique n'a pas été tirée par un pays totalitaire, c'était les États-Unis. Moralement et éthiquement, les bombardements de populations civiles pour faire infléchir un adversaire, qui ont aussi été pratiqués par l'Occident – par les forces Alliées –, posent beaucoup de questions. L'issue de tout ce que je vous raconte a quand même été le tribunal de Nuremberg, qui a posé un certain nombre de règles mais après les faits. Je vous remercie pour votre démarche parce que vous suscitez l'envie de poser les questions en amont, avant que les SALA ne voient le jour.
Mais au fond de moi, j'ai bien peur qu'un jour des SALA soient une réalité, et ce d'autant plus facilement que nous sommes face à des groupes terroristes. Des régimes inspirés de pensées totalitaires peuvent revenir à tout moment, de façon hybride ou cachée, et pourront faire usage de SALA. Je rejoins vos recommandations : il faut absolument, pour ne pas décrocher sur le plan stratégique, continuer la recherche et le développement dans ce domaine. J'en viens à ma question. Ne devrions-nous pas, pour justifier cette recherche et ce développement et ne pas décrocher sur le plan stratégique, utiliser des SANA, c'est-à-dire non pas des armes létales mais de neutralisation ? En ce sens, l'aboutissement ne serait pas forcément la mort mais la neutralisation physique de l'ennemi. C'est une façon détournée mais ouverte de maintenir un certain niveau et de conserver la possibilité de faire face à des ennemis potentiels, qui auront certainement un jour de tels moyens. C'est une question qui peut s'inscrire dans le plan de relance : ce sont des activités duales qui peuvent être utilisées dans le domaine civil.