Je souscris entièrement à ce que vient de dire mon collègue sur les « déserts militaires », étant moi-même élu d'un département où plus aucune unité militaire n'est stationnée depuis 1998.
Au-delà de ces aspects, nous avons pu observer à l'occasion de cette mission que l'outil privilégié pour se préparer et anticiper les crises demeure la pratique d'exercices d'entraînement.
Des exercices nationaux ont lieu tous les ans, à raison de deux exercices par an en moyenne. Depuis 2010, 22 exercices ont ainsi été organisés, dont une majorité consacrée à la menace terroriste depuis 2015.
Il se trouve que le dernier exercice en date était l'exercice Variole, conduit en décembre 2019 sous l'égide du SGDSN et en coopération avec la Direction générale de la santé (DGS) du ministère des Solidarités et de la Santé. L'exercice Variole avait pour but de tester le plan national de lutte contre la variole, tout juste révisé. Plus précisément, il avait pour but de tester la mise en œuvre de deux objectifs :
– le freinage de l'introduction de l'épidémie sur le territoire national (première journée de l'exercice) ;
– l'atténuation de ses effets (deuxième journée de l'exercice).
Outre l'ensemble des ministères à l'échelon central, cet exercice a impliqué la préfecture de La Réunion le premier jour et les préfectures des zones de défense et de sécurité des régions Grand Est et Ile-de-France le second jour. Cet exercice a permis de tester l'efficacité de l'organisation de la gestion interministérielle de crise et ses résultats ont été exploités dans le cadre de la crise de la Covid-19.
Le fait de connaître en amont ses interlocuteurs permet de gagner un temps précieux.
Lors de son audition, l'officier général de zone de défense et de sécurité Sud-Est a indiqué qu'un « global game » (« jeu global », en anglais), a été proposé au préfet de zone dès septembre 2019, sur la base d'un scénario « catastrophe » dont la résolution nécessiterait une étroite coordination de tous les services de l'État. Le scénario envisagé repose sur l'idée d'une crise majeure qui, en 38 heures, priverait toute la zone de défense de ressources énergétiques et alimentaires. L'exercice impliquerait des entreprises du secteur des télécommunications, de l'énergie, ainsi que l'agence régionale de santé et les médias locaux. Jugé non indispensable avant la crise sanitaire, cet exercice est désormais programmé pour l'automne 2020.
La crise de la Covid-19 a finalement provoqué une prise de conscience salutaire sur la nécessité d'organiser régulièrement des exercices joués au niveau zonal.