Le groupe La France insoumise déplore que, cette année encore, vous soyez auditionnée, Madame la ministre, sans que nous ayons pu prendre connaissance, même sommairement, du projet de budget de la défense à travers les bleus budgétaires. La récurrence du procédé en dit malheureusement long sur la piètre estime dans laquelle l'exécutif tient le Parlement. C'est d'autant plus regrettable que les journalistes sont manifestement mieux informés que la représentation nationale. Il nous reste donc à réagir aux interviews que vous avez données. Vous avez annoncé une hausse du budget et le respect scrupuleux de la LPM ; nous jugerons sur pièce, mais on peut déjà identifier des faiblesses dans votre stratégie, des surcoûts non prévus présentant un risque pour la trajectoire de la LPM : la réparation du sous-marin Perle, la commande de Rafale, les études pour le porte-avions de nouvelle génération et malheureusement, comme à l'habitude, la hausse des surcoûts liés aux OPEX.
Autre certitude : le budget des armées n'est pas un élément du plan de relance alors même que la crise sanitaire a fragilisé des fournisseurs de l'État du domaine de la défense. Dans le rapport relatif au rôle de l'industrie de défense dans la politique de relance qu'ils ont rendu, nos collègues Jean-Louis Thiériot et Benjamin Griveaux ont pointé ce risque, en vain semble-t-il. J'insiste pourtant sur la situation délicate des sous-traitants qui n'ont parfois qu'un seul client. Ainsi de Tarbes Industry, fournisseur français exclusif de Nexter pour divers types d'obus, notamment ceux des chars Leclerc. Bien que son carnet de commandes soit pourvu pour trois ans, l'entreprise est en grave danger ; un défaut de trésorerie menace une production stratégique pour laquelle Nexter n'aura plus qu'à se fournir en Finlande. Bien d'autres entreprises se trouvent dans des situations semblables, qui exigent une action conjointe vigoureuse de Bercy et de votre ministère. Vous avez pourtant concédé que le ministère des armées ne prévoyait pas de participer à la relance. Qu'entendez-vous faire pour sauver Tarbes Industry et les autres entreprises en péril alors qu'elles sont fondamentales pour notre souveraineté et nos armées ?