…pris en charge. Le service militaire volontaire est essentiellement un dispositif ambitieux de formation et d'insertion qui n'a rien à voir avec la préparation opérationnelle et la préparation militaire. Des jeunes qui s'engagent pour neuf mois suivent pendant deux mois une formation initiale qui se concentre surtout sur le savoir-être, puis une formation professionnelle, voire une remise à niveau des connaissances. À l'issue des neuf mois, le dispositif étant mis en œuvre sur chaque territoire avec des entreprises partenaires, 75 % de ces jeunes trouvent un emploi, ce qui considérable comparé aux résultats des organismes d'insertion. L'idée est de maintenir le nombre de sites mais en augmentant leur capacité, et en gardant le même nombre de militaires engagés dans l'encadrement. Porter le nombre de ces jeunes à 1 200 me semble convenable : rappelons que la mission principale des armées n'est pas de faire de l'insertion pour la jeunesse ; elles se doivent d'être attractives, parce qu'elles ont besoin de recruter 26 000 jeunes par an, de diffuser les valeurs républicaines et les valeurs d'engagement au service de la nation, mais on ne peut pas leur demander de tout faire. Le dispositif d'insertion réalisée pour la jeunesse ne peut que venir en complément de tous ceux qui existent dans le pays, même s'il peut être intéressant de faire prospérer nos méthodes de formation d'encadrants. Mais je me félicite que nos armées participent à cette attention à la jeunesse en difficulté.
Le fonds d'action sociale de l'ONACVG est maintenu à un niveau élevé : il diminue très légèrement, de 3,8 %, alors que la baisse du nombre des anciens combattants est estimée à 7 %. Je suis de près la consommation de ce fonds. En 2019, l'ONACVG a réalisé 54 000 interventions pour un budget de 27 millions d'euros. L'action sociale est complétée, si nécessaire, par les fonds recueillis par l'œuvre nationale du Bleuet de France en faveur des pupilles de la nation et du monde combattant.
La trésorerie de l'ONACVG n'est pas une variable d'ajustement. Toutefois, il est n'est pas normal qu'un opérateur public de cet ordre dispose d'un fonds de roulement excessif : il était légitime que nous y puisions. Nous allons retrouver une situation classique.
L'Institution nationale des Invalides est un très bel établissement où les travaux immobiliers vont enfin démarrer. Ils ont été légèrement retardés par le covid et les contraintes qu'impose une intervention sur un monument historique. Au-delà des travaux bâtimentaires, je mentionnerai le projet médical. En plus de ses pensionnaires, dont le nombre sera préservé, l'INI va participer au pôle interétablissements de reconstruction physique et psychique des blessés. Il comportera : une unité de vingt lits, dédiée au stress post-traumatique, agissant en complémentarité avec le service de santé des armées ; un pôle de rééducation médico-chirurgical d'une capacité de cinquante lits, spécialisé en médecine physique et en réadaptation, en lien avec les établissements de Percy et de Bégin, sur la plaque parisienne, et un plateau technique et ambulatoire d'une dizaine de places en hôpital de jour. Il sera naturellement doté d'un centre de consultation très bien équipé et son centre d'appareillage montera aussi en puissance. Ce centre de référence nationale, articulé autour de l'hôpital de Percy, de l'hôpital Bégin et de l'institution nationale des Invalides, sera la tête de pont de la réponse aux besoins de nos armées en termes de suivi et de réhabilitation physique et psychique du blessé. Il y aura d'autres centres dans les hôpitaux en province, à Marseille, Metz, Lyon. Il convient de souligner l'importance de ce projet pour nos blessés physiques ou psychiques, auxquels notre ministère doit prêter une attention constante.
Je le répète : malgré une baisse du budget, nous arrivons à servir davantage de monde après l'arrivée des titulaires supplémentaires de la carte du combattant.
L'allocation différentielle de solidarité a été supprimée pour des raisons juridiques mais je vous assure que l'action sociale fonctionne bien. Les associations prennent part à la constitution des dossiers. Les services départementaux de l'ONACVG sont à la manœuvre, très réactifs dans leur soutien. Les commissions départementales, dans lesquelles siègent des représentants de l'ONACVG et du monde combattant, se réunissent régulièrement. Je souhaite y inclure des représentants de l'aide sociale de droit commun, auquel cette aide vient en supplément et non en substitution. Après être allée dans des ONACVG départementales pour voir comment le travail était fait sur le terrain, je peux témoigner que ces services sont très soucieux d'aider les futurs bénéficiaires à recourir à ce fonds dans les meilleures conditions. Je veux d'ailleurs remercier l'ONACVG qui fait cet important travail de proximité et qui le fait bien.
Le Président de la République a missionné M. Stora pour faire un rapport complet sur la colonisation et la guerre l'Algérie. C'est un travail d'historien dont le Président de la République devrait s'inspirer et tirer les éléments qu'il souhaite défendre sur ce conflit et sur le sujet sensible de la colonisation. J'ai moi-même l'occasion dans mes fonctions de m'apercevoir qu'il n'y a pas une mémoire, mais des mémoires : chacun a sa propre perception en fonction de son vécu. L'idée n'est pas de nier chaque mémoire mais de faire en sorte que les personnes puissent se parler, se respecter, échanger afin d'aboutir progressivement à l'apaisement.
Je retiens la différence entre tous les conflits. Dans le monde combattant, il y a la mémoire personnelle du conflit vécu par chacun et il y a la mémoire collective. La guerre d'Indochine fut un conflit difficile, bien souvent ignoré en France et ceux qui en sont revenus étaient souvent amers. Il y a deux ans, nous avons organisé une belle cérémonie en présence du Premier ministre ; à Fréjus, un monument leur est consacré, qui fera l'objet de travaux de restauration mérités. La guerre d'Algérie était un conflit différent. Mon rôle est de respecter toutes ces mémoires individuelles dont aucune ne vaut plus que l'autre et de les réunir au sein d'une mémoire collective. L'histoire et la construction de notre pays méritent d'être connues par les jeunes générations, car elles ont de nombreuses incidences sur notre société. De conflits difficiles et, pour certains, oubliés, il faut faire un élément positif.
Comment faire société autour de l'armée ? Nous réalisons des actions de mémoire et de transmission de valeurs républicaines en direction des jeunes et des parents, mais le tout commémoratif est insuffisant. Nous devons moderniser nos modes de transmission pour toucher bien plus de jeunes. Nous travaillons main dans la main avec l'Éducation nationale. J'en appelle à tous les professeurs d'histoire, de géographie ou autres, intéressés par ces sujets. Nous avons besoin d'eux pour les développer dans nos établissements scolaires.
Le service national universel permet aux jeunes Français de développer une culture de l'engagement pour leur pays et leur société. On vit mieux ensemble quand on se connaît et quand on se respecte. Le SNU vise à ce que les jeunes Français se connaissent mieux et se reconnaissent.
Nous contribuons à l'insertion des jeunes par la reconnaissance des différences. L'armée française est un exemple d'unité autour d'une mission. Quelle que soit son origine, quelle que soit sa couleur de peau, quelle que soit sa religion, un soldat est d'abord un soldat au service d'une mission, au service de la France et est reconnu en tant que tel. C'est la plus belle intégration qui se puisse concevoir. Nous devons tous être, individuellement, avec nos moyens propres, au service de notre pays. Les armées françaises en sont un bon exemple pour la jeunesse française.
S'agissant des perspectives du service national universel, nous avons été ennuyés cette année, puisque ce qui devait être réalisé au mois de juin n'a pu l'être. Nous avons sans doute encore devant nous quelques mois de crise durant lesquelles nous devrons faire le dos rond, mais une montée en puissance est attendue l'année prochaine. Le ministère des armées participe à la hauteur qui doit être la sienne, mais le dossier est placé sous la responsabilité du ministère de l'Éducation nationale, de la jeunesse et des sports, en particulier Mme Sarah El Haïry, avec qui je travaille régulièrement.
Nous participons à la mise en œuvre de la phase de cohésion, puisque notre journée particulière « Défense et mémoire » reprend l'organisation des JDC en la complétant par une partie mémoire. Le ministère des armées participe à la formation des encadrants, notamment des chefs de centre. Notre participation va se poursuivre. Les journées défense et mémoire remplaceront progressivement les JDC, mais dans l'intervalle, celles-ci vont se poursuivre, car c'est pour les jeunes la première approche des notions de sécurité du pays et d'armée. C'est un travail sur le civisme et pas seulement sur la détection des difficultés d'apprentissage.