Je reviendrai sur plusieurs points que vous avez mentionnés, et notamment le concept d'autonomie stratégique. Celui-ci est mis en avant par le président de la République, mais est souvent questionné par les observateurs étrangers, peut-être avec certaines arrière-pensées. La posture française est en effet singulière et fait écho à notre histoire qui, dans les années 1960, a amené notre pays à prendre quelques distances et à affirmer une certaine indépendance vis-à-vis de l'OTAN.
Néanmoins, nous le savons bien, la défense de l'Europe doit pouvoir s'appuyer à la fois sur cette organisation, pierre angulaire de la défense européenne, à laquelle la France contribue largement, et sur ses propres capacités autonomes de décision et d'action. Aussi peut-on s'interroger sur les raisons de ce débat rémanent autour d'une supposée opposition entre l'alliance atlantique et la capacité autonome européenne. À la suite de l'Allemagne, avez-vous constaté une acceptation progressive du concept d'autonomie stratégique parmi les autres partenaires ?
Une autre singularité de la France tient dans son instrument d'ultime recours, la dissuasion nucléaire. Alors que nombre de nos partenaires européens sont placés sous le parapluie nucléaire américain, peut-on anticiper des évolutions, à moyen et long terme, allant vers une protection de la France élargie à ses alliés européens, dans la perspective d'une Europe souveraine, en capacité de tenir son rang de puissance mondiale dans le contexte de conflictualité que vous nous avez décrit ?