Intervention de Général Thierry Burkhard

Réunion du jeudi 15 octobre 2020 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Thierry Burkhard, chef d'état-major de l'armée de Terre :

Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, c'est toujours un honneur d'être invité par votre commission et c'est un grand plaisir de me retrouver parmi vous pour vous faire, dans le cadre du PLF pour 2021, un point de situation sur l'armée de Terre et répondre à vos questions.

Lors de ma dernière audition, je vous ai présenté ma vision stratégique de l'armée de Terre. Je vous ai alors expliqué que le point de départ de nos travaux était le constat d'un monde très instable, où la frontière entre la paix et la guerre semble se réduire ; elle devient, en tout cas, de plus en plus difficile à percevoir. Malheureusement, les crises que nous avons pu observer cet été me confortent dans cette analyse d'un environnement marqué par les nombreuses sources de déstabilisation sécuritaire aux portes même de l'Europe. Les affrontements entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, à quatre heures de vol de Paris, illustrent un emploi désinhibé de la force, l'engagement de moyens lourds et modernes, l'implication probable de puissances étrangères et le risque d'escalade.

Dans cet environnement instable et très volatile, l'armée de Terre est entièrement immergée. Ce sont les opérations en bande sahélo-saharienne (BSS) qui se sont poursuivies tout l'été, avec des résultats significatifs contre les groupes armés terroristes (GAT), mais aussi avec des soldats tués et blessés dans nos rangs et parmi nos alliés du G5 Sahel. Je leur rends ici hommage. Au Liban, un bataillon du génie renforcé a été engagé en quelques jours et sans préavis, pour aider au déblaiement du port de Beyrouth. Enfin, nos unités ont été déployées dans le Gard et les Alpes-Maritimes pour porter assistance aux populations.

Ce rythme opérationnel, très exigeant, apporte une expérience indéniable à l'armée de Terre, qui est engagée comme aucune autre armée de Terre en Europe. Heureusement, nous bénéficions d'un soutien national et politique extrêmement fort – soutien dont la loi de programmation militaire est la parfaite illustration. C'est à porter à votre crédit et je vous en remercie sincèrement.

Nos régiments bénéficient des effets de la LPM tous les jours, de manière très concrète, et cet effort doit se poursuivre.

Quand j'explique que nous avons la chance de bénéficier du triptyque « soutien national, moyens financiers et missions opérationnelles », certains peuvent penser que, finalement, tout va bien dans l'armée de Terre. Oui, beaucoup de choses vont bien. Elle bénéficie d'une forte dynamique de réparation et de modernisation, nos soldats ont le sourire et le moral. Je pense que vous le constatez également quand vous les rencontrez, que ce soit dans les garnisons, lors de la présentation des capacités de l'armée de Terre ou sur les théâtres d'opérations.

Toutefois, au vu de notre environnement, je ne peux pas me laisser aller à l'autosatisfaction. La réalité, c'est que durant ces dernières décennies, nous avons eu l'opportunité de maîtriser l'intensité de nos opérations. Nous avons calibré nos engagements militaires sur les ressources que nous voulions bien y engager. Depuis plus de dix ans, nos combats sont à la fois plus exigeants et très durs et, militairement parlant, nous obtenons de très bons résultats.

Mais nous agissons sur un segment réduit des conflits : la stabilisation, avec l'opération Daman au Liban, la prévention, avec la mission Lynx, et nous menons un combat asymétrique contre un terrorisme militarisé avec l'opération Barkhane au Mali et l'opération Chammal contre l'État islamique. Il convient donc d'être réalistes : nous ne sommes pas, aujourd'hui, confrontés à des engagements majeurs sur des théâtres de guerre nécessitant le déploiement et le soutien d'un dispositif terrestre massif et des ressources humaines et matérielles importantes.

Or, de nombreux signaux indiquent que nous entrons dans un nouveau cycle de conflictualité, où nous devons prendre en compte des menaces plus dures : menaces aériennes, tirs d'artillerie, frappes de précision dans la profondeur, brouillages, cyberattaques et guerre informationnelle de grande ampleur.

Aujourd'hui, sur nos théâtres d'opérations, nous pouvons évacuer nos blessés sans nous soucier de la question de la supériorité aérienne ; elle nous est acquise. Nous pouvons aussi communiquer entre nous sans grande crainte d'être écoutés, brouillés ou leurrés. Nos installations à l'arrière ne sont globalement pas menacées. Mais, face à des adversaires de plus en plus puissants, nous devons nous préparer à l'inconfort opérationnel. C'est d'ailleurs la mission que l'Exécutif a fixée aux armées avec le Livre blanc de 2013 et la revue stratégique de 2017.

Face à l'augmentation quantitative et qualitative du niveau de menace que nous observons dans le monde, il convient à la fois d'être capables d'imposer sa volonté, mais aussi et d'abord d'être le plus dissuasif possible. Pour ce faire, nous devons poursuivre notre modernisation en profondeur, tant dans nos capacités que dans notre doctrine, pour surclasser nos adversaires.

Une armée de Terre dissuasive, c'est une armée qui doit changer d'échelle. Changement d'échelle dans le volume des forces que nous devons être capables de déployer lors de nos entraînements, nos exercices et nos opérations ; changement d'échelle dans le niveau des unités qui sont engagées ; changement d'échelle dans les menaces à prendre en compte ; et donc, changement d'échelle dans nos entraînements. Ce changement d'échelle dans nos entraînements est l'effort que je dois accomplir dans les mois et les années à venir. Modernisation et changement d'échelle dans nos entraînements, c'est ce que permet la LPM ; elle doit être respectée.

J'évoquerai trois points : la modernisation de l'armée de Terre au travers de l'exécution de la LPM ; la nécessité de changer d'échelle dans nos entraînements ; les conditions de réalisation de cet entraînement.

D'abord, la modernisation de l'armée de Terre. Une armée de Terre « durcie » implique tout d'abord de poursuivre notre transformation capacitaire. Le programme le plus emblématique est le programme Scorpion. Nous avons reçu, en 2019, 92 véhicules blindés Griffon ; 128 sont prévus pour 2020 et 119 pour 2021. Je rappelle que la cible est de 1 872 Griffon d'ici à 2033.

Aujourd'hui, quatre régiments ont ainsi réceptionné une dotation initiale, comprise entre 19 et 26 Griffon, et sont actuellement en phase d'appropriation. Pour mémoire, un régiment totalement « Scorpionnisé », ce sont quatre compagnies de combat, avec 20 Griffon chacune et un certain nombre de Griffon d'environnement. Nous sommes donc bien au début de la « Scorpionnisation » et de la modernisation de l'armée de Terre.

À la date du 30 septembre 2020, nous avons perçu un total de 143 Griffon – 92 au titre de l'année 2019, et 51 sur les 128 planifiés au titre de l'année 2020. Je sais que la DGA, Nexter, Arquus et Thales font le maximum pour respecter les délais de livraison. Le non-respect des livraisons n'a rien d'anodin : quand il manque 20 Griffon, c'est une compagnie qui n'est pas « Scorpionnisée » dans les délais.

Par ailleurs, quatre véhicules blindés légers Jaguar devaient être livrés en 2020, et 16 en 2021. Je comprends que les livraisons de 2020 ne pourront pas être effectuées, étant donné les circonstances, mais cela reste regrettable. La cible finale est de 300 Jaguar. Ce véhicule blindé doit équiper, d'ici à dix ans, les régiments de cavalerie ; il offre une capacité très supérieure d'observation, d'agression et de mobilité par rapport à l'actuel AMX‑10RC.

La livraison des Griffon et des Jaguar n'est que la partie la plus visible de Scorpion. Ce programme repose surtout sur l'info-valorisation, grâce au Système d'information du combat Scorpion (SICS), logiciel unique au sein du groupement tactique interarmes (GTIA) qui sera couplé au nouveau poste radio Communications numériques tactiques et de théâtre (CONTACT) qui doit être installé dans tous nos véhicules. Les véhicules de la gamme Scorpion sont nativement équipés de ce système, mais nous en équipons aussi les véhicules de l'ancienne génération, notamment les véhicules de l'avant blindés (VAB), les véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI) ou le char Leclerc, en attendant leur phase de modernisation. Ces nouveaux équipements permettront à l'armée de Terre de travailler de manière info-valorisée.

La modernisation ne se limite pas aux grands programmes, puisque l'armée de Terre renouvelle également les équipements du combattant. La performance comme la protection du soldat reposent en grande partie sur les équipements individuels. En 2021, la livraison des gilets pare-balles se poursuivra. Ils sont désormais attribués à titre individuel ; 5 300 structures modulaires balistiques (SMB) seront livrées en régiments. Posséder son propre gilet SMB est très apprécié de nos soldats.

Nos hommes commencent également à être dotés, par exemple, de nouvelles jumelles de vision nocturne O-NYX, ce qui augmente très sensiblement, au niveau individuel, notre capacité à conduire des opérations même dans des conditions de nuit les plus défavorables ; il s'agit d'un facteur de supériorité important.

Le segment « drones » monte également en puissance, avec une première étape autour du Système de mini-drones de reconnaissance (SMDR). En 2021, quarante-cinq SMDR devraient nous être livrés. L'engagement de ce système en opérations extérieures (OPEX) est prévu au plus tôt ; il s'agit de remplacer le Drone de renseignement au contact (DRAC) qui ne peut plus être utilisé dans des conditions satisfaisantes. Il s'agit là aussi d'un réel changement d'échelle, puisque, en termes de portée, nous passons, avec le SMDR, de dix à trente kilomètres et d'une heure à deux heures et demie en termes d'autonomie.

S'agissant de la livraison des équipements, vous pouvez aisément mesurer la satisfaction de nos soldats quand vous visitez nos unités. Bien entendu, il y a toujours des impatients, notamment parce que chaque soldat souhaite profiter rapidement des nouveaux matériels. Nous souhaiterions que les équipements arrivent plus vite, en plus grand nombre, mais tout cela est assez normal, d'autant que nos soldats n'ont pas toujours assez de recul pour apprécier ces évolutions. Ils ne se rendent pas compte à quel point la silhouette du soldat français a évolué depuis 2010. Mais leur impatience prouve que nos soldats aiment leur métier et souhaitent l'exercer dans les meilleures conditions possibles.

J'évoquerai à présent les entraînements.

Je rappellerai tout d'abord ce qu'est un entraînement. Je vous invite à regarder la planche « Entraînements drill » qui vous a été fournie. Vous y verrez les savoir-faire et les compétences qu'un soldat doit maîtriser dans le domaine tactique pour exercer son métier. Un chef, lui, doit non seulement maîtriser les savoir-faire de ses subordonnés, mais également acquérir de nouvelles compétences. Sur le champ de bataille, où l'armée de Terre combat de manière très décentralisée, mais coordonnée et combinée, chaque soldat détient une partie de l'issue du combat. Il détient aussi entre ses mains, dans sa maîtrise des savoir-faire tactiques, sa capacité à survivre.

La LPM reconnaît l'importance de l'entraînement : c'est la raison pour laquelle, pour la première fois, elle a fixé des normes d'entraînement pour l'armée de Terre. Un entraînement se décompose en plusieurs volets.

C'est d'abord une question de quantité. Il faut consacrer du temps pour acquérir et maîtriser les savoir-faire ; c'est ce que nous appelons le drill. Il nous permet, sous le feu de l'ennemi, ou simplement quand il fait froid et que nous sommes fatigués, d'exécuter presque de manière réflexe les gestes qui permettent de gagner.

C'est, ensuite, une question de qualité, au travers du réalisme de nos mises en situation. S'entraîner en salle avec un simulateur ou sur le terrain dans le froid ne prépare pas une unité ou un soldat dans les mêmes conditions. Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients et nous combinons les deux.

Enfin, l'entraînement se joue à deux niveaux, individuel et collectif. Je viens de vous parler du niveau individuel ; il doit être maîtrisé avant de passer à l'entraînement collectif. Celui-ci est le niveau d'entraînement indispensable pour être engagé au combat et produire un effet sur l'ennemi, pour imposer sa volonté et tirer la pleine mesure des matériels dont nous sommes dotés. C'est la raison pour laquelle l'armée de Terre est organisée en groupes de combat, en sections ou en pelotons, en compagnies ou en escadrons, en régiments, en brigades et en divisions. C'est vrai lorsque nous sommes engagés en opération dans la BSS, même contre un ennemi asymétrique. Mais c'est encore plus vrai dans des opérations de haute intensité.

J'ai tenté de représenter au moins une partie des fonctions opérationnelles qui doivent coordonner et combiner leurs actions pour combattre un ennemi asymétrique dans un conflit de haute intensité. Au centre, la carte représente une manœuvre de niveau division, avec des brigades de différentes nationalités. Autour apparaissent une partie des fonctions à mettre en œuvre, à réaliser ensemble, à partir des plus bas échelons, pour pouvoir conduire cette manœuvre. L'armée de Terre combat de manière décentralisée, mais nécessairement combinée. La victoire est pour celui qui manœuvre plus vite et mieux que l'autre. C'est complexe et cela demande beaucoup d'efforts d'entraînement.

C'est également la raison pour laquelle l'armée de Terre, face à de nouvelles menaces, doit changer d'échelle dans ses entraînements. Nous devons reprendre le chemin des grands exercices permettant de déployer et de faire jouer l'ensemble des moyens sur le terrain. Changer d'échelle, c'est être capables, à intervalle régulier, d'entraîner la division et ses brigades avec leurs hommes et leurs engins, qui manœuvrent réellement. C'est le seul moyen de s'entraîner et d'approcher la friction du combat.

Ces exercices concourent à deux objectifs. D'abord, à disposer d'unités entraînées, capables de s'engager et de vaincre un ennemi menaçant nos intérêts, quel que soit le niveau de rapport de forces qu'il a choisi. Ensuite, à afficher une posture dissuasive, à même de faire renoncer nos compétiteurs avant qu'ils ne deviennent nos ennemis. Une meilleure intégration de la guerre informationnelle constitue par ailleurs une évidence avec la maîtrise de la communication stratégique.

Vous l'aurez compris, changer d'échelle dans nos entraînements, c'est le défi qui est aujourd'hui posé à l'armée de Terre. C'est l'objectif fixé dans la LPM et qui est décliné dans la vision stratégique.

Je terminerai cette présentation en vous exposant les conditions nécessaires pour réussir notre changement d'échelle dans l'entraînement. Quatre conditions sont regroupées sur la dernière planche de la présentation.

Premièrement, disposer de soldats recrutés, formés, équipés et disponibles. Recruter de jeunes Français prêts à s'engager pour leur pays est le premier défi de l'armée de Terre. Nous y arrivons aujourd'hui, ce qui n'est pas toujours le cas chez nos voisins. Une fois le soldat recruté, nous devons le former, l'équiper et l'entraîner au niveau individuel. Il convient aussi de le fidéliser, car il s'agit d'un processus qui demande du temps, de l'énergie et des moyens.

Deuxièmement, disposer de munitions. Si nous n'avons pas de souci majeur en ce qui concerne les munitions de petit calibre pour l'entraînement, nous manquons de munitions de gros calibre et de nouvelle génération pour conduire un entraînement de haute intensité. Cela s'explique, non seulement par une technologie croissante, et souvent coûteuse, mais également parce que la mise en place de nouvelles munitions ne les rend pas disponibles pour l'entraînement – il convient, avant, de constituer et de gérer les stocks.

Troisièmement, disposer d'infrastructures opérationnelles adaptées et performantes. Pour nous entraîner, nous modernisons nos camps nationaux, tels que le Centre d'entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB) et le Centre d'entraînement au combat (CENTAC), afin de renforcer le réalisme des combats. Le système de simulation du programme Centre d'entraînement représentatif des espaces de bataille et de restitution des engagements (CERBERE) est en cours de déploiement, aujourd'hui au CENZUB, demain au CENTAC.

Quatrièmement, garantir le potentiel d'entraînement de nos engins. Impossible de s'entraîner au bon niveau si les matériels majeurs ne sont pas opérationnels, c'est-à-dire disponibles et avec suffisamment de potentiel. C'est donc tout le rôle du maintien en condition opérationnelle qui est un préalable à l'entraînement. Je note d'ailleurs avec intérêt que Mme Sereine Mauborgne étudie cette question ; je l'en remercie. Les résultats de ses travaux nous seront extrêmement précieux.

Pour l'entraînement, la trajectoire croissante des ressources de l'armée de Terre en LPM avait notamment pour objectif de rehausser le niveau de préparation opérationnelle. C'est la raison pour laquelle la LPM avait fixé des normes. Il est par exemple prévu qu'en fin de LPM, nos équipages Leclerc fassent un minimum de 115 heures d'entraînement par an sur leur char. Aujourd'hui, nous sommes encore assez loin de cet objectif.

Nous étions censés nous diriger vers 93 % des normes LPM réalisées en 2025 ; actuellement, nous sommes entre 55 et 60 % et je n'entrevois pas d'amélioration à court terme. Dans le domaine de l'aéromobilité, nous n'avons pas pu aller au-delà du seuil des 140 heures, qui est le seuil minimal requis.

Vous le comprenez, j'en suis certain, c'est pour moi une préoccupation forte. C'est la raison pour laquelle, dans le cadre de l'actualisation, mon effort principal sera d'assurer que la modernisation de nos capacités et celle de nos entraînements progressent de concert et en cohérence.

Je finirai cet exposé en citant la LPM : « L'atteinte d'un modèle d'armée à la hauteur de nos ambitions et soutenable dans la durée est un enjeu majeur de la loi de programmation militaire qui repose sur la consolidation de l'activité, gage d'efficacité des forces en opérations. ». Vous l'avez compris, ma responsabilité est d'utiliser au mieux les moyens qui me sont donnés pour disposer d'une armée de Terre qui soit capable de remplir les missions que le CEMA lui fixe. Dans ce cadre, l'entraînement des soldats de l'armée de Terre est une priorité.

Et il est aujourd'hui indispensable de changer d'échelle. D'une part, parce que nous n'avons pas le droit d'envoyer nos soldats au combat s'ils ne sont pas préparés le mieux possible. D'autre part, parce qu'un entraînement de haut niveau et de qualité est un facteur puissant de fidélisation. Notre capacité à faire face doit être à la hauteur des investissements financiers consentis en LPM par les Français.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.