La coopération franco-britannique en matière de défense est très importante au regard de notre dissuasion, de notre culture expéditionnaire et de notre place au Conseil de sécurité des Nations unies. Depuis 2010, année de ces accords, il y a eu nombre d'évolutions ; nous avons déjà parlé du « Brexit » et de la volonté des Britanniques de lancer leur propre avion de combat. Mais une des évolutions les plus importantes me semble avoir été annoncée il y a moins d'un mois sur le volet capacitaire, dont il a été dit qu'il s'agissait de la coopération la plus indispensable mais aussi la plus difficile. En effet, le chef d'état-major britannique, Nick Carter, a présenté le 30 septembre dernier son nouveau concept opérationnel intégré. Je crois qu'il marque une réelle rupture par rapport au précédent concept, dans le sens où il prévoit une diminution drastique des moyens cinétiques conventionnels : flotte de F‑35B divisé par deux, suppression de cinq frégates, et même abandon de la capacité de char de combat. En parallèle, les Britanniques prévoient une montée en puissance des capacités cyber, espace et soutien. Pour ma part, même s'il est un peu tôt pour livrer une analyse, je pense que c'est quand même une certaine perte d'ambition britannique en matière de défense, à la fois en masse mais également, quand on renonce par exemple à avoir des chars de combat, sur le modèle d'armée complet. D'ailleurs, on peut se demander si les Anglais conserveront une capacité d'intervention autonome. J'aimerais demander à nos co-rapporteurs quels seront, selon eux, les impacts de cette décision sur la relation franco-britannique de défense. N'y aurait-il pas des opportunités à creuser, sur le domaine cyber et en matière de guerre informationnelle ?