Intervention de le général Daniel Menaouine

Réunion du mercredi 10 février 2021 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

le général Daniel Menaouine, directeur du service national et de la jeunesse :

Vous m'avez beaucoup interrogé sur le SNU. J'étais le rapporteur du groupe de travail en 2018, mais celui-ci relève désormais de la compétence du ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse et le sujet est particulièrement suivi par la secrétaire d'État Sarah El Haïri. Je vous répondrai donc ce que je vous aurais répondu en 2018, si j'avais été entendu par votre commission à l'époque. Je ferai état des éléments qui m'ont conduit, entouré de six personnes, à faire ce rapport.

Pour ce qui est de la résilience, j'envisageais l'apparition de cinq catégories de risques nécessitant une réaction massive de la population : le dérèglement climatique, les cyberattaques, les incidents industriels de grande ampleur, la menace terroriste et les pandémies. De retour d'Afrique où j'avais effectué une mission d'un an, j'avais connu des pandémies. À mon sens, ces menaces supposaient de disposer rapidement sur le territoire national de jeunes formés à des savoir-faire afin de renforcer les forces spécialisées. C'est pourquoi il me semblait important que deux journées du séjour de cohésion soient consacrées à la formation de logisticien de la sécurité civile, afin que chaque jeune citoyen soit capable d'intégrer rapidement un dispositif de sécurité civile. J'avais abouti à cette conclusion à la suite d'échanges avec des représentants de l'ordre de Malte et de la Croix-Rouge.

J'avais calculé que 10 % d'une cohorte descendant dans la rue représentaient 77 000 jeunes, et trois cohortes, 240 000 jeunes. Or 77 000 jeunes, c'est l'effectif des forces terrestres, et 240 000 jeunes, c'est l'effectif total des pompiers et des services de sécurité. Un tel dispositif offrirait une capacité de renfort instantané de jeunes. J'ai constaté aussi un sens aigu du bénévolat dans la jeunesse qui, en cas de catastrophe, est prête à apporter son aide. Or nous devons faire en sorte qu'en descendant dans la rue, elle sache quoi y faire. Pour moi, rapporteur, l'une des grandes ambitions du SNU était d'augmenter la capacité de résilience de la France face à toutes les menaces et à moindre coût.

On parle toujours de coûts, mais j'avais semé le trouble en indiquant – avis d'experts à l'appui – que si le SNU coûterait 2 milliards d'euros d'investissement par an, un jeune de 20 à 27 ans sans emploi coûte 75 000 à 100 000 euros à la nation. Le SNU devait aussi servir de corde de rappel aux décrocheurs en leur offrant une autre voie. On voit toujours les coûts d'une mesure mais on en voit moins souvent les gains. On ignore le prix de l'insertion et de la cohésion sociale, mais on en mesure le coût quand elles ne fonctionnent pas. À terme, un pays plus résilient, plus soudé, laissant moins de jeunes sur le bord de la route permet de réaliser des économies mais, compte tenu des difficultés budgétaires, ce discours n'est pas toujours entendu

J'approuve les objectifs déclinés par M. Chassaigne. Le SNU est l'ombrelle de tous les dispositifs d'engagement. J'ai beaucoup travaillé avec l'association Unis-Cité. Je rappelle que la troisième phase du SNU peut être réalisée dans le cadre du service civique. Quand 240 000 jeunes font leur service civique, conformément au souhait du Président de la République, cela signifie que 240 000 jeunes vont faire leur troisième phase de SNU. Loin d'avoir un effet de ciseau, c'est un effet complémentaire.

L'addition des formes d'engagement existantes s'inscrit dans la logique du service national universel. Le vrai sujet, c'est sa reconnaissance. Comment reconnaître l'engagement d'un jeune effectuant son SNU ? On voit souvent des jeunes dotés de savoir-faire et de grandes capacités mais dénués de diplôme. Dans notre pays, quand on n'a pas de diplôme, on s'en sort difficilement. Le SNU peut contraindre notre société à reconnaître non les diplômes mais les compétences des jeunes. À Lille, j'ai croisé un jeune qui m'a dit : « Monsieur, je n'ai pas de diplôme, mais tous les après-midi, j'entraîne à la boxe des jeunes que me confient leurs parents. » Imaginez la confiance, la capacité d'organisation, les compétences non reconnues par un diplôme scolaire mais nécessaires pour encadrer des jeunes ! Il n'avait qu'un diplôme de boxe mais tout le savoir-faire pour encadrer des jeunes. A contrario, de jeunes diplômés doués de compétences en matière de ressources humaines n'en auraient aucune pour encadrer dix jeunes. Le SNU a aussi pour objet de contribuer à la reconnaissance des compétences et de valoriser l'engagement des jeunes.

En matière de cohésion nationale, le SNU a vocation à obliger les élèves de grandes écoles de fonctionnaires à faire comme les polytechniciens. Polytechnique a beau être une grande école, un polytechnicien passe six mois de sa première année à encadrer des jeunes du SMV. Ce faisant, on provoque la rencontre improbable d'un polytechnicien et d'un jeune du SMV. Après en avoir parlé avec les intéressés, je suis convaincu que le polytechnicien en tire le plus parti en aidant pendant six mois des jeunes en difficulté. Imaginez que cela soit étendu à toutes nos grandes écoles du service public, voire à nos écoles de commerce ! Je rappelle que, si vous souhaitez entrer à l'université d'Harvard, tout le monde vous parlera du coût, mais personne n'indiquera qu'il faut avoir fait cent jours de bénévolat dans les trois années précédentes. En mettant en place un tel dispositif, le SNU s'imposera aux jeunes.

Le SNU, ce n'est pas l'image d'Épinal du gendarme qui va chercher un jeune pour faire son service militaire. Le défi est de lui donner un caractère incontournable. Un jeune doit comprendre qu'il a intérêt à faire le SNU tant ce dispositif est intéressant, attractif, attrayant et valorisant. On ne pourra jamais obliger tout le monde à faire quoi que ce soit. Des jeunes roulent sans permis. Dans les campagnes, certains m'ont dit : « Nous conduisons bien mais nous n'avons pas eu le code. » Autrement dit, ils n'avaient pas le permis, mais comme ils maniaient le tracteur, cela ne leur posait pas de problème de conduire. En 2018, nous avions suggéré, ce qui avait fait sourire, une montée progressive du SNU de 2019 à 2026, pour des raisons matérielles et psychologiques, parce que le meilleur ambassadeur du SNU, ce n'est ni vous ni moi, mais le grand frère, la grande sœur ou le cousin qui l'a fait. La question de l'obligation relève en fait de la pédagogie. Les jeunes doivent s'approprier le dispositif et ceux qui le font être valorisés. Le SNU ne doit pas aller aux jeunes, c'est aux jeunes de venir au SNU !

S'agissant d'obligation, s'il y a trois mois, on avait imposé la vaccination, on aurait provoqué une levée de boucliers, alors que nous commençons progressivement à comprendre qu'elle est incontournable. Comme pour le permis de conduire, elle n'a de sens que si chacun se sent obligé de le faire pour intégrer la société et faire partie du groupe.

La crise du COVID renforce l'intérêt du SNU. Beaucoup de jeunes de nos cités ont pris seuls d'excellentes initiatives et de nombreux dispositifs ont été mis en place en cours de route. Le rapporteur de 2018 était convaincu, et je le reste, que face au défi de l'aide aux personnes âgées, nous avons besoin de nous organiser afin de disposer de nombreux bras pour aller à leur rencontre.

Si mes équipes vont au fin fond de la forêt amazonienne, sur le site des Trois‑Sauts, elles vont aussi dans les campagnes, où le taux de jeunes en difficulté de lecture est élevé. Vous avez raison de signaler que beaucoup de jeunes y sont totalement isolés. Si nous avons conçu une phase de cohésion de douze jours en internat, c'est aussi pour permettre aux jeunes isolés de sortir de chez eux, car vous ne pouvez pas leur demander d'aller tous les jours à un endroit éloigné.

Enfin, je l'ai dit au Président de la République, travailler avec trente jeunes de l'association Marseille Solutions pendant une matinée m'a rendu modeste. Alors que j'ai mis soixante-dix jours pour rendre mon rapport, en trois heures, ces trente jeunes ont décrit 80 % du scénario du SNU que nous avons proposé au Président de la République ! Nous avons bien pris en compte les attentes des jeunes.

La mission d'intérêt général visant à découvrir des associations du bassin de vie est également importante. On regarde parfois très loin sans voir ce qui se passe en bas de chez soi. Quand j'ai rencontré des jeunes en stage à La Défense, ils m'ont tous parlé de stages à Singapour ou à New York, mais jamais à Castres ni à Bayonne, où je suis né. Cela étant, la crise du COVID va les inciter à rester chez nous.

Ce sujet du SNU n'est désormais plus vraiment le mien. Mon sujet, c'est le rôle du ministère des armées dans le SNU. C'est pourquoi j'ai évoqué la journée défense et mémoire. Si un groupe de parlementaires de la commission de la défense nationale souhaite découvrir les activités de cette journée, je me tiens à sa disposition, même pour vous faire jouer. C'est l'une des douze journées du stage de cohésion du SNU. Elle permet de prendre connaissance de nos fonctions stratégiques, de participer à une sorte de wargame sur une grande carte et de découvrir une cérémonie militaire au monument des anciens combattants. Si nos anciens reprochent parfois aux jeunes de trop bouger, c'est parce qu'on ne leur a pas expliqué ce qu'était une cérémonie d'anciens combattants. Il est important d'inculquer à nos jeunes la compréhension de la cérémonie et l'engagement de nos anciens.

La méconnaissance des classes de défense et de sécurité globales par le trinôme académique du Loiret signifie que mes efforts pédagogiques sont insuffisants. Nous avons des contacts avec tous les trinômes, nous faisons de l'information au profit des DMD. Dans le Loiret, il existe déjà trois classes de défense et de sécurité globales et je suis navré d'apprendre que ni le DMD ni le trinôme académique dont vous parlez n'en connaît l'existence. Depuis ma prise de fonction, j'envoie aux membres de la commission et aux trinômes académiques une plaquette retraçant toutes nos activités à partir d'une carte des départements métropolitains et d'outre-mer. Le fonctionnement des trinômes académiques ne relève pas de ma direction mais de la direction des patrimoines, de la mémoire et des archives et porte principalement sur l'enseignement de défense. Le ministère des armées va vers les enseignants, afin qu'ils s'approprient le sujet de la défense et l'enseignent aux jeunes. L'action de ma direction concerne principalement les rencontres directes entre les jeunes et les militaires. Le fonctionnement des trinômes académiques, qui regroupent des représentants de l'institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), le DMD et des représentants de l'académie, est perfectible et dépend pour beaucoup de l'investissement des acteurs locaux.

Mme Darrieussecq vous présentera au mois de mars le plan « ambition armées-jeunesse 2022 » qui a vocation à créer une nouvelle gouvernance, à s'assurer que le rôle des uns et des autres dans les territoires soit mieux connu, à combler les lacunes et à dynamiser les énergies locales. Mais s'agissant des classes, je peux vous assurer que nous sommes dans une dynamique.

L'engagement dans la réserve est une des modalités d'engagement du SNU. Il n'y aura pas de concurrence entre les uns et les autres.

Si nous avons intérêt à faire connaître le service civique, l'envoi des jeunes vers les dispositifs d'insertion est freiné par le fait que ces derniers font beaucoup trop appel au numérique. Dès lors, ce sont les 12 % de jeunes en difficulté de lecture, qui en ont le plus besoin, qui n'y ont pas accès. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, beaucoup de jeunes sont victimes de la e-fracture. Sans rencontre physique obligatoire, ils passent sous les radars et nous les perdons. Mon premier retour d'expérience de la JDC en ligne, c'est que seulement la moitié des 320 000 jeunes convoqués en décembre sont venus et que les dispositifs d'information sur l'insertion n'atteignent pas les premiers destinataires. La JDC en ligne a également montré un moindre intérêt pour les armées. L'intérêt de la JDC en présentiel, aménagée ou complète, c'est de créer une rencontre improbable entre un jeune et un militaire. Ce jour-là, soit on transforme l'essai, soit on donne déjà une idée aux gens.

L'idée des cordées de la réussite de demander à des élèves officiers des grandes écoles militaires d'aller à la rencontre physique de jeunes en difficulté m'a conduit à demander aux élèves des grandes écoles de participer à l'encadrement du SNU. Quand on a 16 ans, le modèle n'est pas quelqu'un âgé de 30, 40 ou 56 ans, c'est quelqu'un de 21 ou 22 ans. Encadrer des jeunes de 16 ans par des jeunes de 22 ou 23 ans, soutenus par d'autres encadrants un peu plus âgés, a beaucoup plus de sens. Il est bien plus utile pour un jeune de 16 ans de rencontrer un élève officier de gendarmerie lors du SNU que de rencontrer ce gendarme pour la première fois au bord de la route. Cela contribue à abattre des limites que nous nous fixons nous-mêmes. C'est pourquoi il importe que tous les corps en uniforme, civils ou militaires, participent au SNU. J'en avais parlé avec le directeur de l'ENA et avec celui de l'École nationale de la magistrature afin que leurs élèves encadrent aussi les jeunes du SNU. Le fondement de nos politiques de jeunesse au ministère des armées est une rencontre physique, du temps passé avec les jeunes, ne serait-ce qu'une journée.

J'ajouterai un enseignement que nous avons tiré de la crise du COVID. Lors de la première JDC, en 2020, le taux de jeunes en difficulté de lecture était toujours de 12 %. À la reprise des JDC entre septembre et octobre, ce taux est passé à 16 %. Il ne portait que sur 230 000 jeunes mais nous avons perdu quatre points. Cela montre que rien ne remplacera l'école physique, ce qui est aussi l'avis des enseignants, d'où mon attachement au maintien des rencontres physiques.

Face à des risques hybrides, contrairement à une idée reçue, nous aurons besoin instantanément et momentanément de nombreux bras pour faire face à certaines difficultés. J'espère me tromper mais c'est ma conviction : en cas de paralysie de la France par une cyberattaque, par exemple. Quand j'évoquais la pandémie en 2018, je voyais sourire beaucoup de gens qui pensaient que cela ne pourrait jamais se produire en France. En 2018, non, en 2021, peut-être.

Ses détracteurs reprochent au SNU son organisation militaire. Le centre de gravité du SNU, c'est l'engagement des jeunes sous toutes ses formes. En 2018, on m'a souvent parlé de l'uniforme. Lors de notre visite à Carpentras, en 2019, où vous étiez présente, Madame la présidente, un encadrant du SNU m'a fait une confidence qui m'a fait chaud au cœur. Je lui avais dit : « Nous avons proposé l'uniforme parce que des jeunes de Marseille me l'ont suggéré, afin de mettre tout le monde sur un pied d'égalité. » Il m'a répondu : « J'ai derrière moi des années d'éducation populaire et grâce à l'uniforme, nous avons obtenu en trois jours une cohésion que nous n'obtenions pas en un mois. » Je lui ai dit qu'il était mon meilleur avocat. Il est allé le dire à une journaliste qui a repris son témoignage.

De 2016 à 2017, j'étais au Mali où tous les enfants vont à l'école en uniforme afin de gommer les différences. Outre-mer, nos jeunes concitoyens vont à l'école en tee-shirt, qui est leur uniforme. Porter un uniforme, c'est s'habituer à entrer dans la vie civile et professionnelle, parce que nombre d'entreprises en imposent un à leurs collaborateurs. Dans la grande distribution, dans les usines, en tant que pompier, vous portez un uniforme. Si l'organisation militaire du SNU, c'est de porter un uniforme, de se lever tôt, d'être à l'heure, c'est le cas de toute organisation accueillant des jeunes. En colonie de vacances, les jeunes doivent être à l'heure pour pratiquer leurs activités. Ce n'est pas une question de militarité, mais de vivre-ensemble et en groupe.

Concernant la proposition d'un service de dix mois, dans mon esprit, il ne fallait pas déséquilibrer l'existant mais insérer le SNU dans notre société. C'est pourquoi j'avais prévu douze jours à l'âge de 16 ans, majoritairement pendant les vacances scolaires, en pensant à la réforme du bac. Le SNU ne devait pas balayer la richesse du service civique. Dans ma direction, j'ai vingt-neuf jeunes en service civique et je suis très allant pour en avoir. Le SNU, cette ombrelle de toutes les formes d'engagement, doit rendre le pays plus résilient et soudé sans provoquer un déséquilibre général. Imposer dix mois de SNU peut être gênant pour de jeunes agriculteurs qui viennent de reprendre l'exploitation de leurs parents ou pour des jeunes en formation d'apprentissage. C'est pourquoi nous avons prévu trois mois perlés pour l'engagement volontaire. Un jeune qui va chez Emmaüs tous les samedis ou un samedi sur deux pendant trois mois ou un jeune qui va à la Croix-Rouge un samedi ou un mercredi sur deux pendant trois mois, a fait sa troisième phase du SNU. Il s'est engagé, il est allé à la découverte du monde associatif, ainsi que nous le souhaitons.

Les formes d'engagement ont évolué. Si vous demandez à des jeunes d'aller nettoyer une plage polluée, ils iront facilement le faire six ou sept jours durant, mais si vous leur demandez d'intégrer une association ayant vocation à s'occuper des plages, ils iront plus difficilement. Le SNU doit présenter de la souplesse. Je rappelle qu'à la demande du Président de la République, nous avons interrogé 70 000 jeunes qui ont répondu que leurs premiers centres d'intérêt étaient l'environnement et l'écologie, avant la défense et la sécurité. Hier soir encore, j'ai vu à la télévision un reportage sur des jeunes nettoyant les plages dans les calanques de Marseille, ce qui est une forme moderne d'engagement. Si un jeune peut montrer qu'il s'engage et présenter un document montrant qu'il a acquis des compétences, c'est toujours ça de gagné. Le SNU doit être du donnant-donnant.

Concernant la contribution du ministère des armées au SNU, la politique de jeunesse de notre direction a un coût, la direction elle-même a un coût. Construire la JDC et faire le SMV ont un coût. Mais la politique de jeunesse du ministère a un autre coût, parce que ce moment essentiel de la politique du ministère des armées qu'est la rencontre physique entre un jeune et les armées peut se faire à des moments non initialement dévolus à la politique de jeunesse. Quand un jeune soldat de l'opération Sentinelle discute avec un jeune au pied de la tour Eiffel, il est un ambassadeur de la politique de jeunesse. Les démonstrations à l'issue du défilé du 14-Juillet, sont l'occasion d'autres moments de rencontres participant à la politique de jeunesse.

Je citerai une anecdote pour montrer combien cette politique de jeunesse peut surprendre dans un cadre européen. Quand j'étais chef d'état-major au Mali, des forces suédoises à Tombouctou se trouvaient à côté de forces de l'opération Barkhane. Pour Noël, je suis allé voir ce contingent et les Suédois m'ont demandé pourquoi les militaires français de Barkhane recevaient une carte envoyée par des écoliers. Mes camarades suédois étaient sidérés de constater que notre politique de jeunesse se traduisait par l'envoi de cartes d'écoliers et de lycéens français aux soldats français en opération. Cela montrait à quel point cette politique de jeunesse et cette relation sont singulières en Europe. J'ai dit aux militaires suédois qu'être militaire en opération et porter les couleurs bleu, blanc, rouge sur notre treillis avaient pour nous beaucoup de sens, car cela voulait dire que notre pays était derrière nous, en particulier notre jeunesse.

Le coût de la JDC est estimé à 102 ou 103 millions d'euros par an pour le ministère des armées, mais elle présente un caractère interministériel. La JDC, point de passage obligé, fournit au ministère des armées la plus grande base de données pour être en relation avec la jeunesse, à tel point que le répertoire électoral unique du ministère de l'intérieur est élaboré à partir des éléments transmis à l'INSEE par la DSNJ. Nous agissons en étroite relation avec le ministère de l'éducation nationale, auquel nous transmettons toutes nos données. Nous sommes en relation avec les ministères et secrétariats d'État en charge de la cohésion, de l'égalité entre les femmes et les hommes. La direction et le ministère sont donc au centre d'une grande politique interministérielle pour la jeunesse, et on nous demande souvent de contribuer aux actions volontaristes en sa faveur. La richesse du système d'information relatif à la jeunesse tient aussi au fait que nous sommes reliés à 32 000 communes pour l'échange de données automatiques, ce qui consolide la fiabilité de nos données.

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