Intervention de Alexis Corbière

Réunion du vendredi 19 février 2021 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Avant la conférence de N'Djamena, le Président de la République ayant annoncé des décisions structurantes et le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, M. Le Drian, un sursaut diplomatique, nous étions nombreux à nous attendre à un début de retrait de nos forces au Mali, mais vous venez de nous confirmer que tel ne serait pas le cas. La seule décision prise est l'envoi de 1 200 soldats tchadiens. Ce faisant, ne donnons-nous pas une place importante à M. Idriss Déby qui, vous en conviendrez, n'a rien d'un démocrate ?

Depuis 2013, cinquante-cinq de nos soldats sont tombés, 5 milliards d'euros ont été dépensés et le nombre de groupes djihadistes semble plus élevé qu'à notre arrivée. Nous avons le sentiment d'un enlisement et que la solution militaire n'est pas pertinente – même si la force que nous représentons doit être utilisée à bon escient. Il faut s'employer à trouver une solution politique. Je sais bien que ce n'est pas facile, que la situation est extrêmement complexe. Je renouvelle néanmoins notre demande que soit organisé au Parlement un vrai débat sur les différentes solutions politiques.

J'ai eu l'honneur, avec d'autres parlementaires, de me rendre auprès de nos soldats déployés au Sahel dans le cadre de l'opération Barkhane, et j'ai constaté que nos officiers avaient une vision lucide de la situation. À défaut de solution politique, nous pourrions rester là vingt ans, voire plus. Le coût humain, financier et politique serait intolérable. En tout état de cause, le rôle de la France n'est pas de rester, des décennies durant, dans un pays étranger.

N'est-il pas temps d'avoir un débat significatif, et pas seulement un moment d'information de quelques heures, comme celui que nous aurons peut-être le 4 mars, sur notre action au Mali et sur les objectifs politiques de sortie ? Cela prendra nécessairement la forme d'aides à la reconstruction de l'État alors que la structure étatique est faible. Cela prendra du temps, mais une planification sur plusieurs mois ou plusieurs années serait plus efficace et mieux comprise que cette situation hésitante sur le terrain qui semble plus dégénérer que se stabiliser et dont nous constatons avec tristesse que nos soldats payent le prix.

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