Le concept d'autonomie stratégique est inscrit dans l'impulsion nouvelle donnée à l'Europe de la défense, à la suite du sommet de Bratislava, en 2016. Ce concept nécessite cependant d'être précisé pour entraîner l'adhésion du plan grand nombre d'États membres et éviter de faire l'objet de faux débats. L'ambition de la France est de conférer un statut de puissance à l'Europe et de rendre cet objectif commun à l'ensemble des partenaires européens. La boussole stratégique constitue un moyen d'y parvenir, de même que l'Initiative européenne d'intervention (IEI) qui vise à rapprocher les cultures stratégiques des différents pays participants.
Dans une récente déclaration conjointe, la ministre allemande de la défense et le contrôleur général de la Bundeswehr ont exprimé la volonté d'accorder davantage de pouvoir à l'Union européenne en matière de politique de sécurité, tout en reconnaissant qu'un outil militaire à spectre large est une nécessité stratégique. Leur constat des menaces et des conflictualités n'est pas si éloigné de ce qui est proposé dans l'Actualisation stratégique. Ils soulignent aussi la responsabilité de l'Allemagne de soutenir ses partenaires européens, au premier rang desquels la France, dans la gestion de crise. Récemment, un conseil national de sécurité a été mis en place par l'État fédéral. Y voyez-vous un possible tournant dans la culture stratégique de l'Allemagne ? La France et l'Allemagne auront-elles un effet d'entraînement suffisant sur les autres États membres quant à cette ambition d'une Europe puissante qui s'affirme dans le face-à-face États-Unis-Chine ? La France et l'Allemagne envisagent-elles de développer des efforts conjoints afin de convaincre la nouvelle administration américaine que davantage d'autonomie stratégique contribuerait à renforcer utilement le pilier européen de l'OTAN ? Concernant le renouvellement stratégique de l'Alliance, et à la suite de la réunion des ministres des 17 et 18 février, pourriez-vous nous éclairer sur le rapport remis par les experts ?