Intervention de Natalia Pouzyreff

Réunion du mercredi 17 mars 2021 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNatalia Pouzyreff :

Madame la Présidente, Général, en ma qualité de membre de la commission de la Défense, mais également en tant que coordinatrice du groupe de travail « politique étrangère et de défense » de l'Assemblée parlementaire franco-allemande, avec mon homologue Henning Otte, je me félicite de votre venue à cette audition.

En effet, nous avons un réel besoin de croiser nos conceptions stratégiques mutuelles afin d'en dégager des perspectives communes. C'est également l'objectif de la boussole stratégique, initiée sous la présidence allemande de l'Union européenne et qui doit aboutir sous la présidence française au premier semestre 2022.

Dans le document « Réflexions sur la Bundeswehr de demain », que vous avez récemment présenté au Bundestag aux côtés de la ministre allemande de la Défense, Mme Annegret Kramp-Karrenbauer, vous donnez des clés de compréhension quant à votre lecture du champ international. Vous dressez le constat d'un retour à l'action militaire comme résolution des conflits, de la montée des rivalités entre puissances régionales, ainsi que des menaces grandissantes pour les modèles de gouvernance démocratique et de coopération régionale.

Dans ce contexte, vous évoquez les rôles de l'Allemagne, à savoir le rôle de nation d'appui pour ses alliés, le rôle de premier intervenant en cas de crise ou encore le rôle de plaque tournante au sein de l'Alliance Nord Atlantique et de l'Europe de la Défense. En somme, nous retrouvons dans votre analyse une lecture plus pragmatique, qui est volontariste, qui dénote une certaine convergence stratégique avec les conceptions françaises.

Sur le plan opérationnel et de l'engagement des forces sur les théâtres d'opérations, on note cependant des différences, pour partie liées à la nature différente des règles institutionnelles en vigueur dans nos deux pays. Récemment, le Parlement allemand s'est prononcé contre l'armement des drones, par exemple. L'incertitude demeure également quant aux besoins de l'Allemagne s'agissant de l'hélicoptère Tigre dans sa mission d'appui tactique. Cependant, pour la France, il est clair que les armées doivent pouvoir bénéficier de tels moyens de combat et nous comptons ainsi ardemment sur une poursuite du programme Tigre.

Plus généralement, pensez-vous qu'il soit possible de concilier les approches des deux pays et le déploiement de capacités d'action communes sur les différents théâtres d'opérations ?

L'horizon post 2030 devrait justement nous permettre d'asseoir cette capacité d'action commune autour de nouveaux programmes ambitieux de systèmes de combat aérien et de combat terrestre du futur, ainsi qu'assurer notre souveraineté industrielle et technologique. C'est aujourd'hui le système de combat aérien du futur, le SCAF, qui mobilise l'attention de nos deux pays. À l'origine, la coopération a été restreinte autour de la France et de l'Allemagne et elle a été réalisée, je crois, sur un consensus en termes de besoins - vous pourriez revenir sur cet aspect. Ce système de nouvelle génération ambitionne une forme très aboutie en matière de connectivité et de combat collaboratif. Certaines divergences subsistent néanmoins quant à la répartition de la maîtrise d'œuvre. Or le SCAF est indispensable non seulement à nos armées afin de conserver leur capacité à entrer en premier sur n'importe quel théâtre d'opérations, mais également, plus largement, à l'Europe pour tenir sa place au rang de puissance. Par conséquent, nous comptons sur une résolution rapide des différends industriels de sorte à lancer sans plus tarder la phase de démonstration. Quels avis et recommandations pourriez-vous émettre à cet égard ? Et, plus généralement, croyez-vous que nos deux pays puissent, au sein de l'Europe de la défense, faire émerger une convergence concrète en matière de programmes d'armement ?

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