Je serai bref car vous avez apporté des réponses à nombre de questions. Je dirai un mot, toutefois, concernant la tribune des militaires. Le procureur de la République, M. Rémy Heitz, a émis un avis que je trouve un peu surprenant, considérant que cette tribune n'entraînait aucune poursuite. Pour votre part, vous avez été très ferme. Peut-être avez-vous un commentaire à exprimer. N'est-il pas surprenant que la justice ne voie rien à redire à ce qui me semble contrevenir à l'article 413-3 du code pénal ?
Je vous interrogerai aussi très rapidement au sujet des événements qui se sont produits au Mali le 3 janvier. Il est incontestable qu'il y a eu des frappes, qui auraient peut-être touché des populations civiles. Vous avez toujours contesté, à l'instar de notre armée, que des populations civiles étaient visées. Toutefois, le 30 mars dernier, une commission d'enquête de l'ONU a conclu que ces frappes aériennes françaises avaient conduit à la mort de dix-neuf civils. Vous le contestez, l'armée aussi, et vous considérez que la méthodologie de cette enquête est contestable. Mais quelle est la vôtre, Madame la ministre ? Quelle est la nôtre, si je puis dire ? Qu'est-ce qui vous amène et qu'est-ce qui peut nous amener à être certains que quelque chose d'inacceptable et à quoi nous devrions mettre bon ordre ne s'est pas produit, à savoir la responsabilité éventuelle de nos armées dans ce qui est une bavure – je ne sais pas comment l'appeler ? Quels éléments de votre méthodologie pouvez-vous nous donner pour nous assurer que la responsabilité de nos armées n'est en rien engagée dans le mort de ces dix-neuf civils ?
Où en sommes-nous au Mali, après huit ans de guerre, cinquante-sept morts, plus de 5 milliards dépensés et deux millions de civils déplacés ? Indiscutablement, la situation s'enlise. Seule une solution politique permettra à nos armées de quitter définitivement ce territoire. Je ne crois pas que nous avancions.