Intervention de Jean-Marie Fiévet

Réunion du mercredi 5 mai 2021 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Fiévet, co-rapporteur :

Merci à nos collègues pour ces nombreuses questions, à laquelle nous ne répondrons peut-être pas dans l'ordre. M. Batut nous a interrogés sur l'éco-camp. Il me semble important de rappeler d'abord qu'à l'origine, il s'agit d'un projet expérimental dont le premier prototype devait être livré, comme vous l'avez dit, en 2025. Ce projet a toutefois rapidement évolué et je tiens d'ailleurs à remercier les personnels du Centre d'expertise des techniques d'infrastructure de la Défense (CETID) du Service d'infrastructures de la défense (SID) pour le temps qu'ils nous ont accordé afin de nous exposer ses mutations. Aujourd'hui, la mise en service de l'éco-camp n'est plus attendue pour 2025, car le projet est aujourd'hui composé de multiples couches complémentaires, qui connaissent aujourd'hui différents stades d'avancement. Il me semble important de rappeler un élément fondamental : l'armée française est une armée de projection, composée de Gaulois qui se déploient avec un sac à dos et une toile de tente personnalisée, et ce n'est que sur le théâtre, dans un environnement dangereux, que sont installés des tentes collectives ou des bâtiments en dur et constitués des camps, voire une mini-ville. Or, comment est organisé un camp aujourd'hui ? En son cœur se trouve une centrale électrique qui alimente l'ensemble. Demain, l'éco-camp a été construit à partir d'une analyse complètement opposée, en partant des besoins des soldats, afin de déterminer les conditions nécessaires pour assurer le fonctionnement du camp à partir de … rien ! L'exemple qui nous a été donné est celui de la cellule-vie, où dorment les soldats, qui doit être complètement autonome. Cela paraît simple : il suffit en fait de placer des panneaux photovoltaïques sur le toit afin de produire l'énergie suffisante pour la cellule-vie. Mais pour fonctionner, un panneau photovoltaïque se doit d'être toujours propre, ce qui constitue un sérieux défi dans des zones où domine le sable, comme aujourd'hui la bande sahélo-saharienne (BSS). Alors devons-nous déployer un soldat armé d'un balai pour épousseter le panneau en permanence ? Chacun conviendra que telle n'est pas la mission de nos militaires. C'est pourquoi il a été décidé de confier cette tâche à un robot, qui doit pouvoir fonctionner de manière indépendante, y compris sur le plan énergétique, c'est-à-dire sans devoir être alimenté par ladite centrale électrique. À première vue, on pourrait penser que les concepteurs de l'éco-camp font les choses à l'envers, mais en creusant le sujet, on se rend compte à quel point ces enjeux sont passionnants.

De la même manière, si l'on s'intéresse aux téléphones portables, que chacun – y compris les militaires – a dans sa poche, ils sont aujourd'hui rechargés par une prise de 220 volts équipée d'un transformateur qui abaisse la tension à sept ou douze volts. Dans le cadre de l'éco-camp, il est envisagé de déployer dès le départ des lignes à basse tension, permettant de moins consommer d'énergie, pour un chargement normal.

Au fond, sur un théâtre d'opération, les militaires n'ont besoin que d'énergie électrique et d'eau pour être heureux. S'agissant justement de l'eau d'ailleurs, il nous a été indiqué que la production d'eau pouvait être séparée en deux paquets : d'un côté, de l'eau consommable, très filtré, destinée à être bue ; de l'autre, de l'eau moins filtré – mais toujours consommable – pour alimenter les douches et les sanitaires. En définitive, moins de filtres impliquent moins d'énergie, et donc moins de besoins énergétiques et de dépendance au fioul. L'éco-camp est donc un projet en perpétuelles adaptation et évolution, avec par exemple le déploiement en BSS, dans quelques mois, du premier robot-nettoyeur de panneaux photovoltaïques. Je tiens vraiment à saluer le travail des personnels du CETID, qui ont effectué un travail formidable. Et alors qu'au lancement de ce projet, il n'était pas très à la mode, disons-le, l'éco-camp est aujourd'hui regardé et observé par toutes les armées du monde. Il s'agit d'un très beau projet que je vous invite tous à regarder de près.

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