J'espère sincèrement que les quelques jours qui séparent cette réunion de la séance publique permettront aux uns et aux autres de réfléchir. Chacun aura à se prononcer en conscience le 17 juin.
Je reviens sur la table ronde : vous savez qu'elle est vraiment très loin de faire l'unanimité en Polynésie. La plupart des associations de victimes ont déjà indiqué qu'elles n'y participeront pas. Les confessions religieuses s'interrogent, et il est très probable qu'elles ne participeront pas non plus. Le principal parti politique qui s'opposait aux essais nucléaires à l'époque de la théorie des « essais propres » a annoncé qu'il ne participerait pas. Si la réunion a lieu en l'état actuel des positions, ce sera plus une coquille vide qu'une table ronde, quel que soit le haut niveau qu'on veut lui donner.
J'ai discuté avec Moruroa e Tatou, l'Association 193 et toutes les composantes de la société polynésienne qui, aujourd'hui, ne veulent pas participer à la table ronde. Un élément revient constamment, et je suis tenté de le partager malgré ma qualité de député : l'essentiel de ce que ces acteurs veulent exprimer se trouve dans la proposition de loi ; si celle-ci est rejetée le 17 juin, quel sera l'intérêt de participer à une mascarade ?
Moi-même, je m'interroge sur ma présence à la table ronde : si, par extraordinaire, ce texte était adopté, il serait tout à fait logique que j'y participe, car il y a bien d'autres choses à discuter. Si la proposition de loi était rejetée, comme le vote d'aujourd'hui semble l'indiquer, je ne sais pas quelle serait ma décision : en tant que député de la République, je voudrais y participer mais en tant que Polynésien, je me sentirais tellement peu respecté que je n'en aurais pas du tout envie.