Madame la présidente, je vous remercie pour vos mots à mon égard. Je suis fier d'avoir été, et d'être encore quelques mois, à la tête de l'armée de l'Air et de l'Espace. Je mesure aussi le plaisir d'être parmi vous, en cette journée de l'aviateur, qui correspond traditionnellement chaque année au mercredi précédant le 2 juillet, en hommage au 2 juillet 1934, date de la création administrative de l'armée de l'air.
Lors de leurs auditions, la ministre des armées et le chef d'État-major des armées ont donné les grandes lignes de l'actualisation de la revue stratégique, en cohérence avec les ajustements apportés à la loi de programmation militaire. Celles-ci visent à prendre en compte les enseignements du court terme, notamment de la crise sanitaire, tout en prenant en considération le long terme.
Je souhaiterais tout d'abord exposer la déclinaison dans les domaines aérien et spatial de l'actualisation de la revue stratégique, qui conforte notre ambition 2030. Les grandes priorités pour notre armée de l'air et de l'espace à cet horizon en découlent. Je rappellerai ensuite ce que la LPM a permis de réaliser depuis trois ans, en mettant l'accent sur les principaux travaux en cours et ceux qui restent à poursuivre. Enfin, je dirai quelques mots sur les ajustements, qui doivent nous permettre de renforcer nos capacités pour mieux détecter les menaces, protéger et défendre le territoire national, et enfin mieux nous préparer à affronter les défis à venir.
L'ambition opérationnelle 2030 est celle d'un modèle d'armée complet, autonome sur tout le spectre d'intervention, capable d'« entrer en premier » et d'affronter des conflits de haute intensité. Ce modèle doit être agile, innovant, et permettre de concourir à la résilience de la Nation.
L'environnement dans lequel nous évoluerons en 2030 impose des adaptations. La dégradation du contexte stratégique et géostratégique, notamment les efforts de nos compétiteurs dans le domaine de l'aviation de combat et de l'espace, ouvre des perspectives de conflits de plus en plus haute intensité.
Les conflits que nous avons connus – la guerre des Malouines en 1982, la guerre du Golfe en 1991, et, plus récemment, le conflit de 2008 entre la Géorgie et la Russie – mettent l'accent sur le risque d'attrition, que confirment les grands exercices que nous menons aujourd'hui.
Le plus récent exercice, Atlantic Trident, conduit en mai 2021 sur la base de Mont-de-Marsan, a rassemblé pour la première fois des Rafale F3-R, des F35 de l' US Air Force, de l' US Marine Corps ainsi que des F35 de la Royal Air Force, embarqués sur le porte-avions Queen Elizabeth. Suivant des scénarii très réalistes, 40 avions ont évolué dans de vastes zones, tirant un nombre important de munitions pour atteindre les objectifs et limiter les pertes. A titre d'exemple, sur une mission d'une heure et trente minutes, 75 missiles ont été fictivement tirés et 25 avions ennemis abattus, ce qui laisse présager un fort risque d'attrition dans ce type de conflit.
Cela souligne le besoin de disposer de stocks de munitions, comme le prévoit le troisième axe d'ajustement de la LPM, avec des armements permettant d'agir dans la profondeur et avec précision. Cela illustre également le besoin de disposer d'avions performants, donc de remplacer les Mirage 2000, non polyvalents, par des Rafale, capables d'effectuer simultanément des combats aériens et des attaques au sol, équipés de radars multi-cibles à la capacité de détection accrue – vous avez évoqué, Madame la présidente, les radars à antenne active – et de missiles air-air à longue portée, Meteor, qui nous confèrent la supériorité aérienne. La poursuite de la montée en puissance qualitative et quantitative du Rafale est en ce sens primordiale pour les armées.
Aujourd'hui, les moyens employés par nos compétiteurs sont protéiformes. Ils vont du missile hypervéloce – comme le missile russe Kinjal – aux drones saturants, repérés dans le conflit du Haut-Karabakh. La France fait partie des rares nations qui prévoient de disposer de missiles hypervéloces d'ici dix à quinze ans ; le missile de croisière ASN4G devrait entrer en service en 2035 au profit de la composante nucléaire aéroportée et garantir l'ascendant stratégique.
L'armée de l'air a également une responsabilité dans la protection multi-couches de l'espace aérien. La lutte anti-drones est un enjeu dans la perspective de l'organisation de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques en 2023 et 2024. Elle est incluse dans le deuxième axe de l'ajustement de la LPM.
Par ailleurs, face au développement des stratégies hybrides qui pourraient entraver la liberté d'action et conduire à la paralysie, il est nécessaire d'agir dans tous les champs. La perspective du combat mené dans et depuis le milieu aérospatial nécessite de s'inscrire dans une logique multi-milieux – terre, air, mer, cyber, espace – et multi_champs – électromagnétique, informationnel. Il convient de mettre en synergie toute la gamme des effets permettant d'atteindre nos objectifs. Ce sera l'opportunité d'acquérir et de conserver la supériorité opérationnelle en imposant, sans la subir, la complexité à l'adversaire. L'armée de l'air a la capacité d'agir dans le champ électromagnétique, par ses capacités de guerre électronique, nécessaires en environnement non permissif, et par la production de renseignements d'origine électromagnétique. Elle a également la capacité d'agir dans le champ informationnel : l'arme aérienne est par essence visible, démonstrative, donc informationnelle. Nous avons ainsi déjà évoqué ensemble les démonstrations de puissance des Bomber Task Force, ces raids de bombardiers stratégiques américains, en réponse aux avions à long rayon d'action russes, que nous voyons voler depuis le nord de l'Europe ou à partir de la mer Noire, sous court préavis.
Dans le domaine spatial, la conflictualité se traduit par des actes bien plus qu'inamicaux, commis dans un espace non souverain et peu visible, générant un risque d'escalade entre puissances majeures. Nous pouvons nous attendre à des actions menaçant nos segments spatiaux et sol, d'où le lancement du programme à effet majeur « Action et résilience spatiale » (ARES) en 2019. En termes capacitaires, des travaux sont en cours pour définir des jalons programmatiques relatifs à la maîtrise de l'espace. Le démonstrateur YODA (Yeux en orbite pour un démonstrateur agile), que nous développons avec le Centre national d'études spatiales (CNES), la direction générale de l'armement (DGA) et le commandement de l'espace, sera mis en orbite en 2023 pour valider le concept de patrouilleur-guetteur. La pleine capacité est attendue à l'horizon 2030. Nous travaillons aussi sur des services visant à améliorer notre surveillance de l'espace exo-atmosphérique, avec Safran et Ariane Group notamment, pour disposer d'un centre de données pour notre centre de commandement et de conduite des opérations spatiales. L'actualisation stratégique ne remet pas en cause la LPM dans ses grandes lignes. L'important est que l'ambition opérationnelle 2030 soit confortée. .Je souhaiterais revenir sur les opportunités que la LPM a offertes et dresser un bilan des trois années écoulées.
La loi de programmation militaire répare et modernise : je salue avec enthousiasme son exécution. Après dix ans de baisse continue, elle offre une trajectoire de croissance pour nos ressources humaines et permet des investissements importants en matière d'équipements et d'infrastructures.
Un gros effort est réalisé pour moderniser nos capacités de projection stratégique et tactique, avec les A400M et les avions multi-rôles de ravitaillement en vol et de transport (MRTT), grâce à une accélération de leur livraison et une augmentation de leur nombre.
Les capacités « intelligence, surveillance, reconnaissance » (ISR) sont elles aussi renforcées sur un large spectre. Le système de drones Reaper assure en bande sahélo-saharienne près de 55 % du renseignement par les airs, complété par l'avion léger de surveillance et de reconnaissance (ALSR), pour environ 35 %, et auquel s'ajoute le renseignement d'origine spatial.
Je salue également le renforcement de notre capacité de protection de l'espace aérien grâce à la modernisation de nombreux radars.
S'agissant de l'aviation de combat, 39 Rafale seront livrés d'ici à 2025. Une montée en gamme qualitative a été constatée puisque nos Rafale sont équipés du standard F3-R, comportant le missile Meteor et le pod TALIOS (système optronique d'identification et de ciblage à longue portée).
Je salue naturellement le plan de soutien à l'aéronautique, qui a permis l'acquisition anticipée de trois A330 dont deux ont été livrés à la fin de l'année 2020 – le dernier le sera en mai 2022. La conversion des trois A330 en MRTT est désormais primordiale. En remplacement de nos vénérables Puma, huit hélicoptères H225 ont été commandés – un sera livré en 2024, cinq en 2025, deux autres ensuite. Un ALSR supplémentaire sera acquis en 2023.
Des avancées significatives sont à constater pour l'armée de l'Air et de l'Espace, s'appuyant sur les opportunités de la LPM et sur le plan stratégique « Plan de vol ».
D'abord s'agissant du maintien en condition opérationnelle aéronautique (MCO-A), l'armée de l'Air et de l'Espace est pleinement engagée aux côtés de la direction de la maintenance aéronautique (DMAé) dans la transformation du MCO qui, couplée à l'effort financier de la LPM, doit permettre de rejoindre les normes d'activité que nous avons fixées. J'ai déjà évoqué devant vous le plan de maintenance opérationnelle, dénommé NSO 4.0. L'innovation est au cœur de cette transformation : maintenance prédictive, impression 3D de pièces de rechange, virtualisation dans la formation et recours aux drones pour des inspections d'aéronefs. L'opération « Résilience » a conforté la pertinence du modèle retenu par l'armée de l'Air et de l'Espace qui a conservé des mécaniciens militaires, aptes à réaliser des opérations dans toutes les conditions. Nous obtenons des résultats encourageants sur la disponibilité de l'A400M : de trois avions disponibles en 2017, nous sommes passés à plus de six aujourd'hui. De même, le nombre de Rafale disponibles est passé de 70 en février 2020 à 82 aujourd'hui. Le travail doit se poursuivre car la disponibilité de certaines flottes, notamment les C-130, reste encore inférieure aux objectifs.
Ensuite la montée en puissance du commandement de l'espace se poursuit. En 2025, près de 500 aviatrices et aviateurs y travailleront. Comme vous le savez, l'OTAN a retenu la proposition française d'installer un centre d'excellence à Toulouse. En mars, nous avons mené le premier exercice spatial militaire avec nos partenaires américain et allemand ; il sera reconduit en 2022, avec une ouverture à l'Union européenne. Nous entretenons par ailleurs de très nombreuses coopérations avec les puissances spatiales américaine, européenne ou de la zone Indo-Pacifique.
De plus la capacité à conduire des opérations est désormais du ressort du nouveau centre air de planification et de conduite des opérations (CAPCO). Il nous permettra notamment de préparer la NATO Response Force 2022, une force multinationale capable de se déployer sous très court préavis et de conduire environ 150 missions par jour.
Enfin, la jeunesse constitue un axe stratégique fort, s'appuyant sur trois axes : relever le défi de l'attractivité des armées, contribuer à construire une citoyenneté active et participer à l'insertion socioprofessionnelle, notamment de jeunes en grande difficulté. Nous avons ainsi créé neuf escadrilles air jeunesse (EAJ), qui comptent environ 400 équipiers. Une dixième voit le jour aujourd'hui-même, sur la base aérienne de Cazaux ; nous en créerons cinq de plus cette année. Notre objectif est de disposer de 26 EAJ en 2023, ce qui représente environ 1 700 équipiers.
Le bilan est à la hauteur des missions confiées à l'armée de l'air et de l'espace. Malgré la crise sanitaire, nous avons poursuivi nos activités. Les contrats opérationnels ont été remplis, aussi bien pour la posture permanente de sûreté que pour la dissuasion.
Nous sommes toujours engagés en opérations extérieures dans la BSS et au Levant notamment. En 2020, notre activité aérienne a été de 88 % de l'activité prévue, dont 95 % pour la chasse, les hélicoptères et l'A400M. Nous devons cette efficacité à l'action de nos aviatrices et de nos aviateurs, qui sont engagés, qui sont innovants et qui ont la culture de la maîtrise du risque. Nous la devons également à une organisation agile, qui repose sur une structure de commandement capable de s'adapter, avec un commandement centralisé et une action distribuée. Nos bases aériennes, qui sont nos outils de combat, permettent autant de bascules d'efforts que nécessaire. Avec nos alliés, notamment européens, nous possédons une grande capacité à opérer ensemble : la force Takuba est un véritable laboratoire d'intégration au combat des partenaires européens. De nombreux engagements communs permettent de développer cette interopérabilité, ce que l'on appelle le plug and fight.
S'agissant de la préparation opérationnelle, nous avons repris les entraînements en commun, malgré le covid qui a affecté la préparation sur des entrainements de haut niveau du spectre. Au début de l'année, nous avons effectué la mission Skyros, puis en avril l'exercice Iniochos, un entraînement tactique en Grèce visant à améliorer l'interopérabilité et la connaissance mutuelle pour de futurs déploiements conjoints en milieux contestés. Nous avons récemment battu un record, puisque nous avons réussi à projeter en moins de quarante heures, trois Rafale, deux A400M et deux MRTT en Polynésie française, à plus de 17 000 kilomètres de leurs bases. Depuis le 27 juin, le dispositif s'est déplacé sur Hawaï pour travailler en coopération avec les F-22 américains. La mission Heifara-Wakea vise à démontrer notre capacité à protéger nos concitoyens sous court préavis et rapidement, partout dans le monde. Elle vise à asseoir notre crédibilité opérationnelle et valoriser la modernisation de la LPM avec le Rafale, dans sa dernière version, le MRTT et l'A400M. Elle est enfin l'occasion de coopérer, notamment avec nos partenaires américains.
Je souhaiterais en outre souligner l'esprit d'initiative et d'adaptation de l'armée de l'air et de l'espace, laquelle a pu accroître aussi bien quantitativement que qualitativement ses capacités, à coûts maîtrisés, voire nuls.
Je citerai d'abord, dans le domaine des ressources humaines, l'initiative consistant à employer temporairement, dans un processus gagnant-gagnant : des pilotes de compagnies aériennes civiles touchées par le COVID, ont ainsi rejoint l'armée de l'Air et de l'Espace. Je citerai également le plan Mentor qui vise à rationnaliser la formation en vol des pilotes. En passant de quatre sites et quatre avions à deux sites et deux avions, nous avons réussi à gagner dix mois de formation.
Parmi les enjeux majeurs pour l'armée de l'air et de l'espace, Madame la présidente, vous avez évoqué le SCAF, qui s'inscrit dans la feuille de route de l'aviation de combat et s'avère essentiel pour la liberté d'action et la supériorité opérationnelle. Il s'agit d'une excellente coopération, sur laquelle je reviendrai. Le SCAF est également l'occasion de développer un concept, celui de guerre aérienne collaborative. Avant 2040, horizon du SCAF, l'aviation de combat, dans un contexte beaucoup plus difficile, nécessitera des adaptations, notamment en termes de collaboration avec des drones, pour permettre de saturer des systèmes adverses.
La cohabitation de flottes différentes, les plus anciennes et les plus modernes, est tout autant un enjeu, du fait de ses conséquences organiques, opérationnelles et financières.
Un autre enjeu est la gestion de la donnée. Pour nos centres de commandement, l'intelligence artificielle vise à gérer le flux croissant de données pour l'espace aérien ou l'espace exo-atmosphérique, afin de réduire le temps de décision. Pour le MCO, elle permet d'augmenter la disponibilité des flottes. Elle conduit aussi à améliorer les parcours dans les ressources humaines et la formation. Enfin, grâce aux simulations, elle permet d'enrichir les scénarios et d'améliorer la préparation opérationnelle.
Il n'y a donc pas de changement de cap pour la LPM. Seuls des ajustements sont réalisés, grâce auxquels nos armées doivent pouvoir mieux répondre au caractère évolutif de la menace.
Nous devons répondre à des besoins nouveaux, pour détecter, protéger et nous préparer.
Premier axe : tout d'abord, il s'agit d'améliorer la capacité à détecter les menaces et à attribuer les agressions, notamment dans les nouveaux espaces de conflictualité.
Dans le domaine spatial, nous allons acquérir des capteurs et des services complémentaires d'appui électronique, de surveillance de l'espace et d'interception du signal dans l'espace.
Dans le domaine du renseignement, interministériel par nature et par construction, notre action continuera à s'appuyer sur le programme d'intelligence artificielle ARTEMIS (architecture de traitement et d'exploitation massive de l'information multi-source), qui vise à valoriser la donnée. Par ailleurs, nous procéderons au renouvellement de nos chiffreurs, pour assurer notre sécurité dans le milieu cyber.
Dans le champ électromagnétique, nous renforcerons les moyens de surveillance pour mieux prendre en compte le besoin d'attribution des actions. Autrement dit, nous aurons davantage de capacités d'interception et de localisation des émissions électromagnétiques.
Deuxième axe : mieux se protéger et mieux se défendre sur le territoire national. Il s'agit de la lutte anti-drones, que vous avez évoquée, Madame la présidente. Pour l'armée de l'Air et de l'Espace, l'enjeu est de protéger les événements internationaux à venir, mais aussi les forces en opération et certains sites en métropole et outre-mer – par exemple, le Centre spatial guyanais (CSG), à Kourou.
Une série de décisions ont été prises. Nous allons acquérir des moyens pour protéger une dizaine de sites essentiels, en particulier un système baptisé MILAD (moyens mobiles de lutte anti-drones). En outre, nous serons en mesure de participer simultanément à trois dispositifs particuliers de sûreté aérienne, grâce à un système dénommé BASSALT – pour « basse altitude » – et à des brouilleurs supplémentaires. Enfin, nous préparons la feuille de route concernant la Coupe du monde de rugby de 2023 et les Jeux olympiques de 2024.
Pour mieux nous protéger sur le territoire national, nous avons aussi besoin de capacités d'évacuation sanitaire. Celles dont nous disposons ont été éprouvées pendant l'opération Résilience. Certaines capacités que nous souhaitons acquérir sont le fruit de l'innovation collective de nos armées – je pense par exemple aux kits standardisés MEDEVAC pour l'évacuation sanitaire par hélicoptère. Nous pourrons ainsi être plus réactifs sur A400M et sur C-130 J et augmenter la capacité d'accueil jusqu'à huit patients. Nous allons en outre lancer des études pour le renouvellement du fameux MORPHEE – module de réanimation pour patients à haute élongation d'évacuation – sur MRTT. Enfin, nous renforcerons la protection NRBC – nucléaire, radiologique, biologique, chimique – pour toutes les armées.
Troisième axe : mieux se préparer. Le renforcement de notre préparation opérationnelle passe d'abord par la poursuite des efforts visant à garantir une disponibilité homogène des équipements. Il est certes important d'avoir des avions, mais il faut aussi disposer d'équipements et de systèmes d'entraînement.
Par ailleurs, la crise sanitaire a mis en évidence la nécessité de travailler sur les stocks et la logistique : nous acquerrons un certain nombre de pièces supplémentaires pour nos C130 au cours de la période 2022-2023.
Nous continuerons à valoriser l'entraînement, notamment en poursuivant nos efforts en matière de simulation dans un environnement « live, virtuel et constructif » (LVC). Nous disposons, vous le savez, d'un excellent centre de simulation et de préparation à la guerre aérienne : le centre d'expertise aérienne militaire (CEAM), ou Air Warfare Center, situé à Mont-de-Marsan.
En conclusion, tous ces travaux d'ajustement sont cohérents avec l'ambition 2030, qu'il est primordial de conserver puisqu'il s'agit de donner au chef d'État-major des armées la capacité d'agir face au durcissement du contexte.
Pour réussir les missions, il est de plus en plus nécessaire de nouer des coopérations. Leur succès repose sur quatre piliers.
Premièrement, il convient de développer une vision partagée des enjeux avec nos partenaires : nous avons créé un forum, l'Initiative européenne d'intervention (IEI), dont le premier séminaire, consacré à la puissance aérienne et spatiale, s'est tenu la semaine dernière, au musée de l'Air et de l'Espace.
Deuxièmement, nous devons établir les conditions d'un emploi commun. À cette fin, il faut créer des organisations. De ce point de vue, le Groupe aérien européen (GAE), réunissant sept pays, est une superbe réalisation qui a donné naissance au Commandement européen du transport aérien (EATC).
Le troisième pilier est constitué par les projets et les programmes en coopération. Nous avons évoqué le SCAF, mais nous pouvons citer aussi le drone EuroMALE – moyenne altitude et longue endurance.
Le quatrième pilier, ce sont les actions régulières que nous menons avec nos partenaires en matière de formation et d'entraînement, ainsi que les engagements opérationnels.
Avant de conclure, je souhaite saluer et remercier les aviatrices et les aviateurs. Forces de proposition, ils font constamment progresser, dans tous les domaines, notre outil de combat et dégagent des marges. Je suis particulièrement fier d'eux, de leur engagement indéfectible, de leur générosité, des valeurs qu'ils défendent, des opérations qu'ils conduisent chaque jour pour protéger les Français. Il faut leur donner les moyens qui leur permettront de poursuivre leur action.
Enfin, je souhaite vous faire part, en cette fin d'année scolaire, d'un épisode qui m'a particulièrement touché. Depuis mon arrivée, l'armée de l'Air et de l'Espace entretient des liens avec l'école Maurice-Boyau de Saint-Félix-de-Sorgues, dans l'Aveyron. Cette école accueille dans une classe commune seize écoliers, du CP au CM2.
Maurice Boyau fut un as de la première guerre mondiale, qui remporta plus de trente-cinq victoires au combat et donna sa vie pour la France. Il fut en outre un grand rugbyman, capitaine de l'équipe de France avant 1914.
Nous sommes entrés en contact avec ces écoliers et partageons beaucoup avec eux, notamment nos valeurs. Ils visitent des bases aériennes et nous correspondons. Dernièrement, ils m'ont adressé une lettre pour me féliciter, par cette phrase fabuleuse : « Pour nous aussi, l'année prochaine, il y a un grand changement, nous partons au collège. » Pour sa part, le directeur a écrit ces mots, par lesquels je souhaite terminer : « J'ai eu l'occasion de découvrir que, lorsque la République tend la main à sa jeunesse, elle fait de ses enfants des citoyens fiers et respectueux de ses valeurs. »