Mon général, je vous félicite à mon tour pour votre nomination au poste de commandant suprême allié pour la transformation. Je tiens à vous exprimer mon profond respect pour les services remarquables que vous avez rendus à la France, notamment en qualité de chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace.
Les 20 et 21 juin, trois Rafale sont parvenus à rallier la Polynésie en moins de quarante heures, après six ravitaillements et une pause sur la base aérienne américaine de Travis, en Californie. À leur arrivée à proximité de Tahiti, les Rafale ont simulé l'entrée dans un espace aérien contesté et déclenché une frappe fictive sur ordre du CAPCO. Ainsi s'est close cette mission de projection, qui a duré au total trente-neuf heures, les appareils ayant parcouru plus de 17 000 kilomètres. Ce dispositif a nécessité une lourde logistique et l'engagement de 170 aviateurs, de deux MRTT et de deux A400M, alors même que les Rafale disposaient de leur capacité de dernière génération. Dimanche, les appareils ont rallié Hawaï, où se déroulera la seconde partie de la mission Heifara Wakea, dans le cadre de l'exercice Atlantic Trident 2021.
Si cette mission est un succès, elle démontre surtout que l'armée de l'air et de l'espace est désormais en mesure de frapper n'importe quel objectif sur la planète en moins de quarante heures. Ainsi que l'a évoqué le chef de la mission, le général Péna, un tel exercice permet aussi de tirer des enseignements, l'objectif étant d'être capable, en 2023, de projeter vingt Rafale à plus de 20 000 kilomètres, grâce notamment au MRTT. Cela montre enfin que, lors des entraînements réalisés loin des théâtres habituels, le commandement est en mesure d'injecter des menaces inédites dans le système de mission, pour aguerrir les pilotes.
Nous pouvons nous féliciter que la France soit ainsi à même de projeter avec un préavis très court des avions de combat capables d'enchaîner des missions aériennes de haute intensité. Cela n'a rien d'anodin, compte tenu de l'évolution de la situation dans la zone indo-pacifique, en particulier des relations avec la Chine, et des choix diplomatico-stratégiques susceptibles d'en découler.
Par ces propos, je veux évidemment mettre en lumière l'importance de la LPM 2019-2025, qui a largement contribué au renouveau de nos capacités opérationnelles. Cela nous permet aujourd'hui de mener à bien ce type de mission et, partant, de préparer l'armée de l'air et de l'espace aux défis de demain.
Il convient en outre de saluer l'ambitieux plan de soutien à l'industrie aéronautique. Il a permis d'anticiper des commandes au profit des armées, à hauteur de 600 millions d'euros. Deux des trois A330 commandés ont été livrés à la fin de l'année 2020 ; un quatrième Phénix a été livré en mai.
Quel regard portez-vous sur l'amplification des capacités opérationnelles de l'armée de l'air et de l'espace, en particulier à travers le couple MRTT-Rafale ? Pensez-vous que la LPM permettra à votre armée de préserver à long terme sa faculté d'intervenir vite et loin, son atout majeur ?