Général, permettez-moi avant toute chose de vous témoigner, au nom de notre groupe, toute notre reconnaissance et le plaisir que nous avons eu à travailler avec vous, au service de nos armées et de nos soldats, ici dans cette commission. Ce fut un véritable honneur pour nous d'exercer le mandat de parlementaire au sein de cette commission dans la période où nos armées furent commandées par un si grand chef militaire tel que vous-même ; toujours inspirant, humain et pédagogue, avec un grand sens de l'honneur. Vous êtes notre fierté. Nos échanges, toujours francs, sincères et sans détours, permettent à notre sens de renforcer le lien entre militaires et parlementaires, et donc le lien entre les militaires et la société civile.
Cette audition qui porte justement sur la singularité du métier militaire en est une parfaite illustration ; certainement la meilleure sachant à quel point ce sujet vous est chevillé au cœur. Dans les échanges et travaux de cette enceinte, souvent budgétaires, techniques, logistiques, industriels, nous ne mentionnons peut-être pas assez souvent cet aspect qui est pourtant crucial dans l'acceptation par le plus grand nombre de ce que sont, portent, et représentent nos armées et nos soldats.
Je veux donc général évoquer avec vous la méconnaissance générale du militaire, dont vous faites souvent mention à juste titre, par le grand public et les journalistes. Je souhaite obtenir votre vision afin de tendre à l'améliorer. Vous avez raison, général de rappeler sans cesse lors de vos différentes interventions auprès de publics non avertis ce que signifie réellement la singularité du militaire, au sens du métier : le fait de devoir donner la mort sur ordre, tout autant que l'acceptation de la recevoir, et de délivrer la violence de manière délibérée. Ce postulat doit être la base constante de toute réflexion sur la singularité du militaire.
Ainsi, dans notre société actuelle qui est allergique à la violence, qui n'est plus préparée aux pertes parmi nos troupes, comment faire comprendre cette particularité, celle de devoir délivrer la mort ou d'accepter de la recevoir sur ordre ? Comment conjuguer aujourd'hui les regards détournés de tout ce qui a trait à une forme de violence et une compréhension exhaustive de ce qu'est l'armée par le plus grand nombre, politiques, journalistes ?