Depuis 2012, nous sommes plusieurs ici, dont Stéphane Travert, Didier Le Gac et moi-même, à avoir suivi de près les discussions franco-australiennes. Nous partageons votre analyse ; c'est une évidence, nous considérons Naval Group comme une entreprise de confiance. Cela mérite d'être rappelé, puisque quelques-uns ont formulé des doutes à son endroit. Cela ne nous empêche en rien d'être lucides sur la gravité de la décision prise et sur ses suites : il s'agit d'une trahison politique dont il faut tirer toutes les conséquences.
Depuis l'annonce de la nouvelle, nous avons des discussions stratégiques sur notre relation aux États-Unis. Nous en reparlerons avec nos ambassadeurs. L'Australie a toujours considéré les Américains comme ses partenaires premiers : personne en France n'a jamais imaginé que nous pourrions nous substituer à eux. Cependant, les gouvernements australiens successifs ont toujours évoqué leur volonté de diversifier leurs partenariats stratégiques, et c'est dans le cadre de cette diversification qu'ils ont sollicité la France et ses concurrents, en particulier pour répondre à leurs besoins de sous-marins. Ainsi, si l'on entend, sur tel ou tel banc, intenter un procès en naïveté, personne n'a en réalité été naïf au sujet de la relation entre l'Australie et ses partenaires du Commonwealth : elle relève de son histoire, de sa culture, de son identité. Nous avons cependant fait avec les Australiens le choix de la diversification stratégique et nous l'assumons : c'est cette diversification que nous conduisons avec vous auprès de l'Inde, de la Malaisie, de l'Indonésie et d'autres pays de la région. Nous continuerons de le faire ; le Premier ministre indien l'a évoqué, parmi d'autres de nos interlocuteurs de la région.
Avec Didier Le Gac -et je rappelle pour mémoire que j'ai exercé pendant le quinquennat précédent les éminentes fonctions de rapporteur pour avis du budget de la marine qu'il occupe aujourd'hui- on ramait si vous me permettez l'expression, pour solliciter une évolution du format de la marine nationale, notamment pour peser davantage en Indo-Pacifique. Pour cela, il nous faut des navires, en particulier de surface, que nous savons construire à Lorient – au passage, merci pour la Grèce ! Envisagez-vous de faire évoluer les capacités industrielles de Naval Group en fonction de la volonté politique qui anime, je l'espère, les dirigeants français de modifier le format de la marine nationale au cours des prochaines années ?