« On n'est heureux qu'à force de constance », disait Fabre d'Églantine ; nous sommes heureux du projet de budget que vous nous présentez.
Le format de la marine nationale à quinze frégates de premier rang a été pensé en 2013 afin de déployer des moyens navals sur deux ou trois théâtres d'opérations. La dégradation du contexte stratégique nous impose désormais d'être présents sur quatre ou cinq d'entre eux, probablement de manière durable, de l'Arctique à l'Indo-Pacifique, ce qui est d'autant plus vrai après la volte-face australienne. C'est pourquoi la marine nationale évalue aujourd'hui ses besoins à dix-huit bâtiments.
Vous avez cette année avancé le calendrier du programme des frégates de défense et d'intervention (FDI) pour maintenir le plan de charge de Naval Group à Lorient. Dans ce contexte est intervenue la commande grecque, dont nous nous réjouissons tous et qui nous fait revenir au calendrier initial. En effet, pour satisfaire les besoins de la marine hellénique, nous lui livrerons les deux FDI Amiral Louzeau et Amiral Castex, qui nous étaient initialement destinées.
Le porte-parole du ministère de la défense, Hervé Grandjean, nous a assuré que tout serait fait pour que l'effet de cette décision sur notre marine soit le plus mesuré possible. À cette fin, nous maintiendrons en service plus longtemps que prévu les trois frégates de type La Fayette rénovées. Comment comptez-vous prévenir toute lacune capacitaire de notre marine nationale ? Faut-il porter le format de la marine à dix-huit frégates, s'appuyer sur le programme European Patrol Corvette (EPC) ?
La part des programmes d'études amont affectés au programme naval est traditionnellement jugée modeste. Ne serait-il pas nécessaire de la réévaluer et d'accélérer certains programmes comme le sous-marin nucléaire lanceurs d'engins (SNLE) de troisième génération ou les drones navals ?
Une question, enfin, sur la dimension européenne de votre action. Un communiqué de Boeing en date du 28 septembre confirme la commande allemande de cinq avions P-8A Poseidon, les premières livraisons devant intervenir en 2024. Cette décision scelle définitivement le destin du programme d'avion de patrouille maritime Maritime Airborne Warfare System (MAWS) que nous envisagions de développer en commun avec l'Allemagne. Les moyens de lutte anti-sous-marine étant absolument cruciaux, notamment pour notre dissuasion, nous devons à présent trouver une alternative souveraine : quelle solution envisagez-vous ?