Intervention de Général Thierry Burkhard

Réunion du mercredi 6 octobre 2021 à 15h10
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Thierry Burkhard, chef d'état-major des armées :

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, permettez-moi d'abord de vous remercier de me donner l'opportunité de m'exprimer devant la représentation nationale. Vous l'avez rappelé, nous nous sommes vus régulièrement ces dernières années, dans le cadre de mes fonctions précédentes, mais comme c'est la première fois que vous m'auditionnez en tant que chef d'état-major des armées. Aussi, je vous retourne la question : allez-vous m'interroger différemment ?

Mon propos liminaire sera divisé trois parties : un point de situation sur les opérations, la présentation succincte des grandes lignes de ma vision stratégique et mon appréciation de chef d'état-major des armées sur ce projet de loi de finances (PLF) pour 2022.

À mes yeux, la mission des armées comporte deux volets : d'une part, la défense de la France et des Français contre la dangerosité du monde, finalité pour laquelle nous n'avons pas le droit de ne pas être au rendez-vous, et d'autre part, la contribution des armées à la protection des Français face à la dangerosité du quotidien.

Bien que moins structurante et nécessitant des moyens moindres, cette mission est tout aussi importante. Je le rappelle souvent aux chefs d'état-major et aux unités que je visite, les Français perçoivent probablement plus cet aspect que la protection contre la dangerosité du monde. Je pense aujourd'hui à l'appui aux pouvoirs publics face au COVID et aux catastrophes naturelles et à la lutte contre la menace terroriste sur le sol national. Nous sommes toujours là pour contribuer à protéger les Français, vous pouvez nous aider à le mettre en valeur, vous qui représentez les territoires.

Ce panorama des opérations illustrera l'engagement des armées françaises, ces derniers mois, face à la dangerosité du monde et face à la dangerosité du quotidien.

L'opération Apagan menée en Afghanistan illustre ainsi la dangerosité du monde. En raison de la dégradation de la situation, les armées ont déclenché sans préavis une opération d'évacuation de ressortissants, en étroite collaboration avec le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, le ministère de l'Intérieur et avec nos alliés. Complexe, elle a permis de mettre en sécurité un peu moins de 3 000 personnes au moyen d'un pont aérien organisé en deux boucles : Kaboul-Abou Dabi et Abou Dabi-Paris.

Il est intéressant d'observer dans cette opération la mise en œuvre des capacités des armées, qui sont le fruit de la LPM. Les A400M assuraient la majeure partie des vols entre Kaboul et Abou Dhabi, tandis que les A330-MRTT Phénix réalisaient la plupart des vols entre Abou Dhabi et Paris. Effectuer cette opération avec nos anciens matériels, c'est-à-dire des C-160 et KC135, aurait été autrement plus difficile. Aucune mission n'a été remise en cause à la suite d'une indisponibilité du matériel, ce qui représente un tour de force. Cela ne doit pas occulter le savoir-faire des équipages, la capacité d'organisation des militaires déployés à l'aéroport de Kaboul ou l'importance du travail effectué par la base aérienne 104, qui a absorbé ce flux quasiment bord à bord afin de réduire au minimum le temps de présence aux Émirats arabes unis (EAU) avant de repartir pour Paris.

Je souligne notre réactivité, en plein été. Il convient de noter l'utilité du point d'appui aux EAU et de nos forces prépositionnées. En pareil cas, l'ensemble de la mission est placé sous les ordres d'un chef, en l'occurrence l'amiral Fayard, actuel commandant des forces françaises aux EAU, qui en devient le contrôleur opérationnel et qui mobilise l'ensemble des capacités placées sous ses ordres aux EAU.

Je souligne enfin le soutien total que nous ont apporté les autorités émiriennes, qui ont grandement facilité notre travail. Tous les pays n'accepteraient pas de voir transiter chez eux des gens sans visa, dont on a seulement les noms sur des listes. Grâce à une confiance mutuelle, les autorités émiriennes savaient que l'opération prendra le minimum de temps et que tous ceux qui ont été évacués de Kaboul seraient acheminés vers Paris.

Au Sahel, nous avons commencé à adapter le dispositif de l'opération Barkhane. Décidée par le Président de la République, cette adaptation vise à rééquilibrer les missions conduites sur le terrain. Jusqu'alors, notre priorité allait à l'engagement direct, de façon autonome si nécessaire, ou en appui du partenaire. La mission va évoluer vers davantage de partenariat militaire de combat. Nous nous engagerons uniquement en appui des forces partenaires maliennes et nigériennes. Nous allons conserver et développer la coopération avec ces différents pays, en volume et qualitativement, par domaine, avec un effort particulier sur la troisième dimension, où la marge de progrès est importante et peut produire un effet qualitatif significatif. Le volet réassurance demeure, principalement à partir de nos moyens aériens, en appui des postes ou des convois des forces partenaires.

La lutte antiterroriste, menée par les forces spéciales, se poursuit.

Le partenariat militaire de combat est au cœur de la mission de la Task Force Takuba, composée de forces spéciales de plusieurs pays européens : Belgique, Danemark, Estonie, France, Italie, Pays-Bas, Portugal, Suède, République Tchèque. C'est un bel exemple de frémissement de la naissance d'un esprit européen de défense et de la prise de conscience du besoin d'intervenir de manière combinée, loin au-delà de ses propres frontières.

Ce rééquilibrage des missions implique également un redéploiement géographique. Dès lors qu'on n'opère plus seul, nous devons être localisés là où se trouvent les forces partenaires. D'où la rétrocession aux autorités maliennes et à la MINUSMA (mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) des postes de Tessalit, à l'extrême nord, de Kidal, au nord-est, et de Tombouctou. Le redéploiement a commencé. Ceux d'entre vous qui se sont rendus sur ces théâtres d'opérations savent qu'on ne calcule pas les déplacements en distance mais en jours. C'est un tour de force logistique. D'un point de vue sécuritaire, cela reste sensible, mais je suis confiant en notre capacité de le réaliser. Le transfert de ces postes en nous réarticulant sur une zone Ménaka-Gao-Gossi, le long des frontières avec le Niger et le Burkina, pourrait être opéré d'ici la fin de l'année ou au début de l'année prochaine.

Je suis confiant mais je reste préoccupé par l'évolution de la relation franco-malienne, qui pourrait nous compliquer la tâche, suite à l'irruption d'un autre acteur sous la forme de la société militaire privée Wagner, derrière laquelle se trouve la Russie. Cela témoigne de l'omniprésence de nos grands compétiteurs qui ne lâchent rien mais cherchent à s'imposer et à gagner en influence. Attendons de voir comment la situation évoluera, mon objectif étant de ne pas perdre l'initiative et de maîtriser le tempo des actions en cours. Cela illustre bien le caractère stratégique des crises auxquelles nous sommes confrontés. Il n'y a plus uniquement sur le théâtre les niveaux tactiques et opératif ; le niveau stratégique y est partout présent.

Concernant l'opération de réassurance de l'OTAN, Lynx, dans les pays baltes, depuis 2017 nous déployons régulièrement un sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) soit en Lituanie, au sein d'un bataillon allemand, soit en Estonie, au sein d'un bataillon britannique, comme c'est le cas aujourd'hui. Cette année, nous avons augmenté notre déploiement, pour un créneau d'un an au lieu de huit mois. Alors que nos SGTIA étaient jusqu'à présent à dominante mécanisée, composés de véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI) et de quelques chars Leclerc, pour la première fois nous avons engagé un SGTIA blindé composé de plus de chars Leclerc que de VBCI. Cela reste néanmoins une structure mixte comprenant des moyens blindés, mécanisés, de génie et des moyens d'observation d'artillerie accompagnés de moyens de soutien.

Cela montre la détermination de la France à prendre sa part dans la défense de l'Europe et sa crédibilité comme allié au sein de l'OTAN. Cela illustre aussi les liens qui nous unissent à notre allié estonien. Vous le savez, les Estoniens ont été les premiers à engager un contingent, d'abord dans le cadre de l'opération Barkhane, puis au sein de la force Takuba. Pour les unités déployées au sein de la mission Lynx, c'est également l'occasion d'une préparation opérationnelle interarmes et interalliée de haut niveau tournée vers la haute intensité.

Les armées sont également très engagées sur le territoire national pour contribuer à la protection des Français. Chaque été, l'opération Héphaïstos participe à la lutte contre les feux de forêt. Les armées interviennent en appui des formations militaires de la sécurité civile et des sapeurs-pompiers, dont c'est le métier à part entière. La campagne 2021, qui s'est déroulée de fin juin à mi-septembre, a couvert vingt-trois départements et mobilisé quotidiennement cinquante militaires, qui ont été engagés sur 148 feux de forêt.

Concernant l'opération Résilience, je mettrai l'accent sur le déploiement opéré aux Antilles. Depuis le 3 août, un module militaire de réanimation (MMR) de vingt lits a été activé par quatre-vingts militaires du service de santé des armées (SSA) et de l'armée de terre, insérés dans le centre hospitalier universitaire de Martinique. Au 30 septembre, plus de cent patients avaient été pris en charge. La situation évoluant favorablement, on s'oriente vers la fermeture progressive de ce MMR.

Dans le cadre de l'opération Résilience, les armées contribuent au fonctionnement des centres de vaccination. Le SSA assure la vaccination du public au sein de ses hôpitaux, ouverts à tous, tandis que les armées ont installé des pôles militaires de vaccination (PMV) dont elles assurent l'accueil, le filtrage, la direction et le soutien logistique, du personnel soignant civil réalisant les actes médicaux. Au total, les hôpitaux d'instruction des armées (HIA) et les PMV ont injecté un million de doses. En outre, à eux seuls, la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris et le Bataillon des marins-pompiers de Marseille ont injecté 1,4 million de doses, en totale autonomie, avec leurs moyens propres, ce qui représente un effort hors norme.

Les armées engagent en permanence 30 000 militaires en posture opérationnelle. L'armée française est une armée d'emploi, ce qui représente une vraie force. Notre monde est toujours plus incertain et dangereux, la conflictualité s'étend. Les armées doivent prendre en compte ces évolutions de fond pour garantir notre capacité à remplir les missions et les anticiper.

J'en viens aux grandes lignes de ma vision stratégique, qui procède de la transformation considérable du contexte. Nous vivons dans un monde tripolaire dominé par trois puissances majeures, ce qui est inédit. Par ailleurs, deux de ces puissances entretiennent une très forte interdépendance économique, ce qui complique l'analyse et les jeux des uns et des autres. Si le réarmement est établi depuis assez longtemps, la détermination de certains à utiliser ces armes acquises est plus récente.

Au-delà du rôle croissant des grands compétiteurs – Russie, Chine – je note également celui de la Turquie, de l'Iran et d'autres, et leur désinhibition vis-à-vis de l'emploi de la puissance militaire, ce qui se manifeste, sur le terrain, par davantage d'interactions, de frictions, voire un risque d'escalade aux niveaux tactique et opératif. Notre liberté d'action, comme nous venons de le constater en Afrique, s'en trouve contrainte. C'est un monde où les interactions ont davantage de portée stratégique. Cette évolution est récente mais nette.

Vous le savez, l'ambition du Président de la République est de positionner la France comme puissance d'équilibre face à nos grands compétiteurs. Pour les armées, il est à la fois complexe et exigeant d'assumer ce statut. Cela implique de se montrer offensif sans jamais, ou rarement, bénéficier d'un rapport de force favorable, de saisir chaque opportunité très rapidement, tout en restant cohérent sur le long terme. Il faut être à la fois meneur et rassembleur. Vous le voyez, la posture n'est pas aisée mais elle est essentielle dans le contexte international.

Cette stratégie de puissance d'équilibre portée par le chef des armées est le point de départ de ma réflexion : il s'agit de déterminer de quelle manière, par quelles voies et avec quels moyens les armées vont contribuer à cette stratégie ?

De fait, le continuum « paix-crise-guerre », qui était notre grille de lecture stratégique depuis la fin de la guerre froide, ne suffit plus pour prendre en compte la complexité de la conflictualité. Le triptyque « compétition-contestation-affrontement » nous semble plus adapté. Je n'ai pas la prétention de dire que ce triptyque doit être universellement reconnu mais il nous est utile pour cadrer la réflexion des armées et expliquer leur positionnement.

La compétition entre les nations, devenue le mode normal d'expression de la puissance, se déroule quotidiennement dans tous les domaines : diplomatique, informationnel, militaire, économique, juridique, technologique, industriel ou encore culturel. Pour jouer leur rôle dans la compétition, les armées doivent contribuer à la connaissance des compétiteurs, proposer des options militaires pertinentes dans tous les milieux et dans tous les champs, et participer à la signification de la détermination de la France, dans le cadre d'une stratégie globale et cohérente. Il s'agit d'infléchir la détermination de nos adversaires. Une grande partie du jeu se déroule dès ce moment et constitue une forme de « guerre avant la guerre ». La compétition n'est pas la guerre, mais déjà un premier engagement en amont.

La contestation apparaît lorsqu'un acteur choisit de transgresser les règles communément admises. Les armées contribuent alors à lever l'incertitude, à empêcher l'imposition du fait accompli et à décourager l'adversaire. Durant cette phase, il faut être capable de réagir très vite et de manière déterminée. C'est ce que j'appelle la guerre « juste avant » la guerre.

Enfin, l'affrontement survient lorsque l'un des acteurs, voulant pousser son avantage, persiste à recourir à la force pour atteindre ses objectifs et provoque une réaction d'un niveau au moins équivalent. C'est « la guerre ». Les armées doivent être capables de détecter les signaux faibles pour anticiper la bascule vers l'affrontement puis, si nécessaire, livrer bataille et gagner la guerre.

Dès lors, quelle est mon ambition pour les armées ?

L'effort doit d'abord porter sur les situations de compétition pour signifier notre détermination, prévenir le risque de fait accompli et d'escalade. L'enjeu est donc, pour les armées françaises, de « gagner la guerre avant la guerre », tout en étant apte à s'engager dans un affrontement de haute intensité. Autrement dit, notre objectif est de maintenir notre niveau d'ambition en faisant face d'abord à la menace la plus probable et en nous préparant à affronter la menace la plus dangereuse.

En ce sens, l'ambition opérationnelle 2030, fixée par la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale, reste la référence pertinente. En effet, pour gagner la guerre avant la guerre, il faut être crédible et prêt à l'épreuve du feu.

Pour cela, il faut non seulement cultiver l'audace et la prise de risque, ce qui suppose, effort majeur, d'être capable de travailler autrement, mais également s'engager dans trois directions.

Il s'agit tout d'abord de renforcer et soutenir la communauté humaine des armées, qui représente notre richesse et notre force principale. Elle doit être résiliente, compétente et nous devons en exploiter la richesse et la diversité.

Il faudra ensuite développer les capacités et adapter l'organisation des armées pour conquérir une supériorité multi-milieux et multi-champs, dans des domaines de conflictualité de plus en plus larges.

Enfin, il faut faire de l'entraînement une nouvelle dimension des combats à mener en lien avec nos partenaires : se préparer aux opérations, envoyer des messages et être capable d'agir en coalition.

La version définitive de cette vision stratégique sera diffusée dans le courant du mois. Vous en serez naturellement destinataires et nous pourrons échanger plus longuement sur le sujet si vous le souhaitez.

J'en arrive au projet de loi de finances.

Dans la continuité d'une exécution à l'euro près depuis 2019, ce PLF nous fournit les moyens d'atteindre les objectifs qui nous ont été fixés.

Depuis 2019, dans le cadre d'un effort de défense soutenu, la LPM nous permet de réparer ce qui doit l'être et de renforcer la cohérence de notre modèle. Ce PLF s'inscrit dans la continuité de cet effort, et il y a là un motif de satisfaction évident. Il s'agit notamment de renforcer la communauté humaine des armées, qui est le premier axe de la vision stratégique, et de combler progressivement les ruptures temporaires de capacité, tout en continuant d'investir dans les domaines clés ou émergents.

Le premier thème est évidemment le soutien « à hauteur d'homme ». Le PLF pour 2022 prévoit 1,6 milliard d'euros pour les petits équipements et le soutien de l'homme. Cela profite directement à nos soldats, aviateurs et marins, grâce à la livraison d'armement individuel : HK416, fusil de tireur d'élite, jumelles de vision nocturne, équipements spécifiques des forces spéciales ou encore l'acquisition de matériels de manutention et d'outillage destinés à la maintenance des équipements dans les bases, ports ou régiments.

Le Plan hébergement, élément capital, bénéficie de 266 millions d'euros, ce qui se traduira notamment par la commande d'environ 5000 places d'hébergement et le financement d'une quarantaine d'opérations d'infrastructure supplémentaires, l'année prochaine.

Ce PLF verra également la livraison de capacités majeures. Vous le percevez et les soldats le voient, les effets de la LPM commencent à être directement observables au sein des unités et des bases. L'année prochaine, pour l'armée de Terre, dans le cadre du programme Scorpion, 245 véhicules blindés, dont 119 Griffon, 108 Serval, les premiers à être livrés, et 18 Jaguar seront livrés aux régiments. Pour la marine, nous allons recevoir la deuxième frégate La Fayette rénovée et le premier bâtiment de ravitaillement de la flotte, le Jacques-Chevallier. Pour l'armée de l'air et de l'espace, deux A400M et trois MRTT supplémentaires seront livrés.

Le PLF pour 2022 poursuit également la mise en cohérence de nos capacités. Ainsi, le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) Suffren, outil exceptionnel, sera doté de missiles de croisière navals (MdCN) dont nous allons acquérir un troisième lot. Des missiles SCALP rénovés seront mis à la disposition de notre aviation de combat. Ces livraisons de MdCN et SCALP accroissent nos capacités de frappe dans la profondeur.

En appui direct de notre vision stratégique, l'enjeu est d'être capable de gagner la guerre avant la guerre, en décourageant nos compétiteurs. À cet égard, le PLF pour 2022 reflète l'ajustement de la LPM décidé cette année afin de poursuivre le développement de notre aptitude à agir dans les nouveaux champs de conflictualité. Je pense à notre capacité à agir dans les domaines prioritaires que sont le cyber, la zone exo-atmosphérique et les fonds marins, mais aussi à des sujets spécifiques comme la lutte anti-drones.

Dans le domaine spatial, le programme CERES (Capacité d'Écoute et de Renseignement Électromagnétique Spatiale) sera mis en service en 2022.

Dans le cyber, nous faisons un effort important, notamment dans le domaine des ressources humaines, avec la création de 376 postes de cyber-combattants.

Concernant les fonds marins, nous lancerons l'acquisition d'une première capacité exploratoire composée d'un drone et d'un robot sous-marin grands fonds.

Enfin, dans la continuité de la création du programme de lutte anti-drone (LAD), qui structure nos efforts en ce domaine, nous lancerons l'acquisition de systèmes de protection de sites. Nous prévoyons d'utiliser les premiers systèmes pour la coupe du monde de rugby, en 2023, et les Jeux olympiques, en 2024.

Dans cette guerre avant la guerre, vous comprenez l'importance d'agir dans le champ des perceptions. La préparation opérationnelle, notamment les grands exercices nationaux et multinationaux, est un moyen d'afficher notre détermination. Nous devons exploiter toutes les occasions qui nous seront offertes de nous entraîner selon les standards les plus élevés, avec nos alliés et nos partenaires, afin de conserver une aptitude opérationnelle élevée et être prêts à nous engager si nécessaire, face à des adversaires capables d'employer des moyens du même niveau. Je pense, par exemple, au déni d'accès et aux stratégies hybrides.

J'en arrive au rapport entre le PLF pour 2022 et le deuxième volet de l'ambition de ma vision stratégique, c'est-à-dire la capacité à s'engager dans un affrontement de haute intensité, qui fonde notre crédibilité. Plus précisément, l'idée est de disposer d'armées aptes à s'engager dans un conflit de haute intensité au sein d'une coalition, dans des délais de montée en puissance que l'on doit s'attacher à réduire mais qui existeront toujours.

En toile de fond, l'ambition opérationnelle 2030 sert à la fois de référence et de point à atteindre. Nous ne sommes qu'à mi-chemin de cette ambition. Pour les avoir votés, vous savez les efforts consentis par la nation pour reconstruire un modèle d'armée crédible, équilibré et cohérent. C'est pourquoi je veux insister sur le maintien de la dynamique d'effort de défense initiée par cette LPM. Le contraire se traduirait par des retards, des coûts supplémentaires induits par la renégociation de programmes en cours ou des reports de programmes futurs. Cela nuirait significativement à la capacité opérationnelle des armées. À ce titre, la prochaine LPM sera déterminante pour la crédibilité de notre modèle. Elle devra porter la réalisation des grands programmes structurants qui seront une brique essentielle de cette capacité à s'engager dans l'affrontement. Je pense naturellement au système de combat aérien du futur (SCAF), pour l'armée de l'air et de l'espace, au porte-avions de nouvelle génération (PANG) pour la marine nationale et au système principal de combat terrestre (MGCS – Main Ground Combat system ) pour l'armée de terre, autant de capacités indispensables pour s'engager dans le haut du spectre.

Il s'agira, parallèlement, de poursuivre nos efforts avec agilité et créativité pour nous adapter aux évolutions de la conflictualité.

Il me semblait important de vous présenter la cohérence que j'entends établir entre nos opérations militaires actuelles ou à venir, la vision stratégique pour les armées et, au-delà de la LPM, l'importance du projet de loi de finances sur lequel vous vous prononcerez. Cet effort de défense nous permettra de faire face aux défis qui se dressent devant nous. Je sais que vous en mesurez toute l'importance.

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