Général, puisque vous évoquiez la capacité de la France à faire montre de sa puissance dans l'espace indopacifique, permettez-moi de rappeler à mes collègues qu'en 2021, l'armée de l'air et de l'espace a déployé plusieurs Rafale et des MRTT en moins de quarante-huit heures à Tahiti, dans le cadre de la mission Heiphara, en simulant un raid et une frappe. Cela a été remarqué par nos alliés américains.
Les Grecs et les Croates souhaitent acquérir des Rafale R. Les douze appareils d'occasion destinés à la Grèce et les douze appareils sans doute acquis demain par la Croatie, soit vingt-quatre appareils, seront prélevés sur l'armée de l'air et de l'espace, qui en compte 102. Certes, après la commande par la ministre des armées de douze appareils neufs attendus d'ici à 2025, nous pouvons espérer que l'armée de l'air dispose de 117 appareils à l'horizon 2025, contre les 129 initialement prévus par la LPM, mais cette ponction n'est pas sans conséquence.
Je m'interroge sur l'éventuelle contribution de l'Aéronavale au soutien à l'exportation du Rafale. Plusieurs pistes sont envisagées, de la tenue plus régulière par les Rafale marine du plot ouest de la posture permanente de sûreté aérienne à leur participation accrue à l'opération Chammal depuis la base aérienne projetée en Jordanie, sans oublier une contribution à la formation des équipages étrangers. On nous dit que l'état-major des armées a engagé des réflexions à ce sujet. Comment envisagez-vous les choses ? Ni marin ni aviateur, on ne pourra pas vous accuser de partialité.
Quelle est votre appréciation du format de l'aviation de combat dans la perspective d'un conflit de haute intensité ? Si la masse n'est pas tout, elle est indispensable. En vingt-cinq ans, nous serons passés de 374 à 225 avions de combat. Les Rafale sont polyvalents, mais pas les Mirage. Une étude de l'Institut français des relations internationales (IFRI) relève que la cible du Livre blanc, fixée à 300 avions de combat polyvalents pour 2025, a été réduite de 25 % en dix ans, alors même que la supériorité aérienne occidentale est remise en cause. C'est pourquoi, il y a tout juste un an, à votre place, votre prédécesseur indiquait que, malgré la LPM, l'armée française ne saurait se mesurer à des adversaires équivalents dans le cadre de combats de haute intensité. Le format de l'aviation de combat aux horizons 2025 et 2030 vous paraît-il à la hauteur des enjeux ?