Je m'interroge pour ma part sur le degré de solidarité dont nos partenaires européens font preuve. Nous avons des sentiments mêlés à cet égard.
Nous avons d'abord ressenti un retard à l'allumage assez important dans les manifestations de solidarité à notre égard. Si j'étais pessimiste, je dirais même que certains ne trouvaient peut-être pas tout à fait dramatique que les Français, qui faisaient les malins depuis pas mal de temps en Europe, aient pris un coup sur le nez.
Nous avons ensuite eu le sentiment, bien différent, que les Européens prenaient conscience qu'il ne s'agissait pas d'une affaire franco-américaine, que le comportement américain, la brutalité de ce revirement, suivant la brutalité du retrait d'Afghanistan, étaient le signe d'une certaine instabilité, d'une certaine désinvolture à l'égard des engagements pris, et que si nous étions les victimes en l'occurrence, chacun pouvait le devenir à son tour.
Certaines déclarations, de Mme Ursula von der Leyen, de M. Charles Michel, du ministre allemand Heiko Maas, sont intéressantes à cet égard. J'aimerais vraiment que vous nous disiez quelque chose, Monsieur le ministre, même si je sais bien que vous ne direz pas tout, de la nature des relations que vous entretenez avec vos partenaires, des conversations que vous avez avec eux. Avez-vous ou non le sentiment de les avoir avec vous dans la négociation qui s'ouvre sur la redéfinition de l'OTAN ?
L'admonestation faite par les Américains est générale, elle s'adresse à tous les Européens.
Nous avons beaucoup discuté de l'OTAN ces dernières années. Le président Macron a d'abord tenu des propos très durs, et apparemment justifiés, évoquant « la mort cérébrale » de l'Alliance atlantique, puis nous avons eu le sentiment que les choses étaient en train de bouger, comme vous l'aviez d'ailleurs vous-même expliqué devant la commission des affaires étrangères. Elles ont tellement bougé que l'AUKUS a été créé !
Il ne faudrait pas que le communiqué conjoint du président des États-Unis et du président de la République française débouche sur des clopinettes. Face à un monde qui change, nous n'attendons pas une remise en cause mais une redéfinition en profondeur de nos relations dans la mise en œuvre de la sécurité occidentale. Avez-vous le sentiment que nous sommes en mesure, avec nos partenaires européens, d'obtenir dans les mois qui viennent des avancées substantielles, ne se limitant pas à un aménagement de façade ?