Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mercredi 6 octobre 2021 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre :

Certaines observations n'appellent pas de réponse de ma part. Je partage les analyses de Mme Mirallès, ainsi que les constatations de Mme Krimi sur la situation à Cherbourg. Le président de Naval Group pourra vous dire que la vie continue et que l'interruption de la relation avec l'Australie n'entamera pas le dynamisme et la capacité d'exportation de cette belle entreprise.

S'agissant de la position de la France à l'égard des demandes éventuelles de certains États qui voudraient acquérir, auprès de nous, une propulsion nucléaire pour leurs sous-marins, l'histoire montre, Madame Genetet, que nous ne sommes jamais à ce type de rendez-vous.

Ce qui s'est passé a suscité de l'inquiétude chez certains de nos partenaires dans l'Indo-Pacifique au sujet des questions que j'ai évoquées tout à l'heure. Je me rendrai prochainement en Indonésie : nous entretenons des relations étroites avec ce grand pays qui compte plus de 270 millions d'habitants, comme nous le faisons avec l'Inde. Ce n'est pas parce que l'Australie n'est plus notre partenaire qu'il en est de même pour d'autres pays, bien au contraire. Il existe une interrogation sur la possibilité d'une aggravation des risques dans la zone.

En ce qui concerne les exercices militaires, il faut attendre les résultats des discussions que notre ambassadeur aura avec les autorités australiennes. Néanmoins, mon sentiment est qu'il faut maintenir au moins le format dit FRANZ (France, Australie, Nouvelle-Zélande), qui permet de réaliser des exercices militaires mais aussi d'apporter un appui en matière de sécurité civile dans la région. La Nouvelle-Zélande étant également concernée, cela va donc au-delà de la relation avec l'Australie, et il faut préserver la dynamique de protection enclenchée dans ce cadre.

Je partage les observations de Mme Tanguy concernant la sensibilisation qui résulte de cette affaire.

Les questions relatives aux secteurs nucléaires civil et militaire n'ont rien à voir entre elles, vous l'avez dit vous-même, Monsieur Michel-Kleisbauer, et il ne faut pas les lier. La France maîtrise en effet les technologies requises pour les SMR – des centrales plus petites et plus délocalisables, si je puis dire –, et nous faisons déjà le nécessaire pour être présents sur ce marché dont l'avenir est prometteur, indépendamment de la crise avec l'Australie.

Ma langue a probablement fourché : ce n'est pas un sommet indo-pacifique qui se tiendra lors de la présidence française de l'Union européenne – un sommet supposant la présence des chefs d'État et de gouvernement –, mais un forum ministériel associant les acteurs de cette zone et les Européens.

La dimension maritime est essentielle : la sécurité maritime, la liberté de navigation et l'utilisation des ressources maritimes sont des enjeux importants, et nous avons des cartes à jouer.

Pour terminer, vous avez peut-être pris connaissance d'une déclaration, malencontreuse à mes yeux, qui a été faite hier par le secrétaire général de l'OTAN à l'université de Georgetown, aux États-Unis. Je trouve en revanche très satisfaisant que le président du Conseil des ministres italien, M. Draghi, vienne de faire une déclaration, cet après-midi, dans laquelle il a contesté la vision des choses qui s'était ainsi exprimée, en insistant sur la nécessité de rééquilibrer l'Alliance atlantique. La force du pilier européen est un élément central dans la redéfinition des objectifs de l'Alliance, qui doit conserver la priorité fondamentale accordée à l'espace euro-atlantique.

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