Permettez-moi de souligner l'excellence de la collaboration entre les services de la DGRIS, ceux du Quai d'Orsay et ceux du secrétariat des représentations auprès des assemblées parlementaires internationales de l'Assemblée nationale lors de la préparation de nos sessions à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN – puisque nous avons une lecture tripartite de chacun des documents afin d'adopter une position commune, qui exprime parfaitement la spécificité française au sein de cette organisation internationale.
Vous avez évoqué la volonté de la Russie de dégrader la liberté d'action des démocraties occidentales. Elle n'est pas la seule. Je fais référence à ce que vous appelez des groupes paramilitaires, que l'on qualifie aussi de sociétés militaires privées, et que je dénommerai pour ma part unités militaires non régaliennes. Après Blackwater en Irak, la société militaire privée Wagner connaît une expansion très dérangeante sur le continent africain, notamment au Nord. Elle s'est ainsi manifestée en République centrafricaine, mais aussi dans le sud du Soudan ou en Libye. Aujourd'hui, nous observons une poussée dans le Sahel. Wagner a profité du chaos, comme à chaque fois, pour ouvrir une antenne à Bamako. La coopération entre le Gouvernement de transition malien et Wagner, dont nous découvrons l'existence, pose problème. J'ai plusieurs fois demandé la création d'une mission parlementaire sur le sujet mais avant qu'elle aboutisse, j'ai auditionné d'anciens soldats français qui ont été approchés par Wagner ou par d'autres sociétés certainement liées à celle d'Eugène Prigogine, ce qui ne va pas sans poser de problème, pour deux raisons. D'abord, ces sociétés essaient de trouver des personnels aguerris aux théâtres d'opérations et qui parlent la langue. Ensuite, nous risquons de voir des Français issus de nos rangs et enrôlés par la société militaire privée au Sahel face à nos propres soldats. L'idée a été émise par certains de changer de logique et de déployer nous-mêmes des unités militaires non régaliennes françaises ? Parmi les soldats que j'ai auditionnés à titre privé, un ancien gendarme avait été approché par un Français – qui a heureusement été traité en Syrie et ne fait plus partie de l'équation – pour développer un tel projet. Quel est votre point de vue en la matière ?