Monsieur le délégué général pour l'armement, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence de la présidente Françoise Dumas, retenue par des obligations liées à sa fonction.
Notre commission se réjouit de vous auditionner pour la cinquième année consécutive dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances initiale, ce qui n'est pas banal. Il y a cinq ans, lors de votre audition du 18 octobre 2017, nous étions pour la plupart préoccupés par les conséquences potentielles de l'annulation de près de 850 millions d'euros de crédits d'équipement. Aujourd'hui, vous avez devant vous un auditoire conscient d'examiner un budget de la défense dont le montant, qui avoisine 41 milliards d'euros, est historique.
Nous sommes très heureux de dialoguer avec vous sur les grands équilibres du projet de loi de finances pour 2022, notamment sur le programme 146 Équipement des forces, dont vous partagez la responsabilité avec le chef d'état-major des armées. Ce programme est doté de plus de 17 milliards d'euros en autorisations d'engagement et de 14,5 milliards en crédits de paiement. Ces chiffres sont conformes à la trajectoire prévue par la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Cette audition vous permettra, je l'espère, de détailler les principales commandes et livraisons que ces crédits permettront de financer.
Nous aurons également l'occasion de discuter du programme 144 Environnement et prospective de la politique de défense, qui inclut la sous-section Études amont, dont est chargée la direction générale de l'armement (DGA). Le projet de loi de finances consacre l'ambition du Président de la République et du Gouvernement de porter le budget des études amont à 1 milliard d'euros. Cet effort significatif est indispensable, compte tenu de l'accélération de l'innovation technologique et de la relance d'une forme de course aux armements. Pourriez-vous nous dire comment la DGA et l'Agence de l'innovation de défense (AID) préparent les guerres de demain, dont certains champs sont nouveaux ?
Nous souhaiterions également que vous dressiez un bilan actualisé des programmes menés en coopération et des éventuelles difficultés rencontrées dans leur mise en œuvre. J'admets nourrir des préoccupations, et je ne suis sans doute pas le seul, au sujet des zones d'ombre de la coopération franco-britannique, qui a été fragilisée par l'affaire australienne et l'annonce de l'alliance AUKUS. Dans ce contexte, il serait bienvenu de faire le point sur l'avenir du programme futur missile anti-navire / futur missile de croisière (FMAN/FMC), d'autant qu'il s'agit d'un sujet de préoccupation pour MBDA.
Par ailleurs, la coopération avec l'Allemagne a suscité quelques déceptions, qu'a d'abord masquées la bonne avancée des programmes de système de combat aérien du futur (SCAF) et Eurodrone. Je pense notamment au programme d'avion de patrouille maritime franco-allemand MAWS, ainsi qu'au programme de modernisation de l'hélicoptère Tigre, dans lequel l'Allemagne n'a pas souhaité s'engager.
Nos autres coopérations à l'échelle européenne, notamment avec la Belgique et l'Espagne, semblent plus sereines. Une délégation de notre commission s'est rendue il y a quelques semaines dans ces deux pays et y a constaté une véritable appétence pour le renforcement de la collaboration avec la France.
Enfin, la récente signature d'un partenariat stratégique avec la Grèce présage de belles perspectives, dans la continuité des succès rencontrés à l'export, pour le Rafale et pour nos frégates multimissions (FREMM), fabriquées à Lorient. Vous aurez sans doute à cœur de dresser un état des lieux de nos exportations et des prévisions en la matière.
Avant de vous céder la parole, je salue le travail de qualité réalisé par les rapporteurs pour avis successivement chargés du programme 146, Jean-Charles Larsonneur et Christophe Lejeune, lequel est en déplacement ce jour sur la base aérienne de Saint-Dizier.