S'agissant des enjeux mémoriels que nous sommes amenés à étudier, le législateur peine parfois à trouver les mots justes pour retranscrire la terrible réalité de l'Histoire. Dans la rédaction initiale du texte, le Gouvernement a tenté d'exprimer l'attitude de l'État français, qui n'a pas su accorder aux harkis et à leurs familles toute l'attention qu'ils méritaient.
Les travaux d'écoute, de compréhension et de recueil de témoignages que nous avons menés ont révélé que le préjudice moral subi par ces anciens combattants et leur entourage allait bien au-delà d'un simple oubli ou même d'un délaissement. Le présent projet de loi vise à le reconnaître, chacun ici en conviendra. À compter de 1962, l'État français a adopté une attitude délibérée de rejet à l'endroit d'une communauté qui avait pourtant consenti à tous les sacrifices en son nom.
C'est donc bien un abandon qu'il s'agit de reconnaître, et non un simple délaissement. À cette fin, je propose d'inscrire au cœur du texte ce mot si lourd de sens.