Intervention de Jacques Biot

Réunion du mercredi 29 septembre 2021 à 18h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Jacques Biot, ancien président de l'École polytechnique, président du conseil d'administration de Huawei France et auteur du rapport au Premier ministre Mission stratégique visant à réduire les pénuries de médicaments essentiels :

Je ne peux évidemment que me réjouir de la relocalisation de la fabrication du paracétamol. Elle représente des productions importantes et elle a été négociée en lien avec les pouvoirs publics. C'est une opération extrêmement positive.

Je vous encourage à auditionner des représentants du syndicat de l'industrie chimique organique de synthèse et de la biochimie (Sicos) dont j'ai apprécié le dynamisme, l'esprit d'entreprise, la compétence et le savoir-faire. Une entreprise de chimie fine, pour être efficace et rentable dans la production de principes actifs, doit en effet disposer de très grandes compétences en chimie, mais aussi savoir qui sont les acteurs qui vont vous acheter votre production, en fonction des processus que vous savez mener à bien.

S'agissant des autres principes actifs, le spin off de Sanofi sera confronté aux problématiques de priorisation, de recrutement et de fidélisation des compétences. Il conviendra d'identifier non seulement d'excellentes équipes de chimistes, mais également des équipes de commerciaux capables d'évoluer dans ce petit monde de la chimie fine, au sein duquel très peu d'acteurs sont capables de savoir sur quel principe actif il est possible d'être rentable.

Je pense que notre enseignement supérieur et notre recherche négligent trop souvent la biotechnologie et de la chimie. La France dispose d'éminents chercheurs en mathématiques, en informatique, elle a de très bonnes écoles en physique, quelques prix Nobel de chimie sont Français. Néanmoins, force est de constater que la chimie intéresse peu les étudiants. À titre d'exemple, quand j'étais à l'École polytechnique, sur une promotion de 300 élèves, nous étions une dizaine seulement à faire de la chimie. Dès lors, cette discipline a été peu développée. Il en va de même pour la biologie industrielle, une discipline très particulière, que de rares pharmaciens sont capables d'appréhender. Le système éducatif et d'enseignement supérieur et de recherche français n'a pas développé des filières de formation dans ces domaines. Il existe néanmoins quelques bonnes écoles privées qui forment des ingénieurs en biotechnologie.

Un médicament de biotechnologie n'est pas une simple molécule, c'est une molécule qui a une configuration spatiale particulière. Sa fabrication nécessite des processus extrêmement complexes et sophistiqués qui, je pense, ne sont pas suffisamment enseignés en France. Il est possible de rattraper notre retard dans ce domaine et nous disposons déjà de très belles entreprises telles que BioMérieux que vous évoquiez, mais encore Transgene.

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