Intervention de Jacques Biot

Réunion du mercredi 29 septembre 2021 à 18h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Jacques Biot, ancien président de l'École polytechnique, président du conseil d'administration de Huawei France et auteur du rapport au Premier ministre Mission stratégique visant à réduire les pénuries de médicaments essentiels :

Les lettres de cadrage que le Comité économique des produits de santé (CEPS) recevait de son autorité ont tendu progressivement à le centrer sur la mission prioritaire de diminution de la dépense de médicaments.

J'ai alors proposé que l'État crée un comité qui ramènerait une vision plus stratégique de l'industrie de santé parce qu'il n'est pas souhaitable que l'action publique vise uniquement à diminuer le prix du médicament. Les patients attendent des innovations. Ces innovations doivent être développées, mises sur le marché et apportées aux patients. Il appartient à la collectivité de les financer. Cette industrie est génératrice de nombreux emplois, dans la recherche (essais cliniques), dans la production. Le médicament ne représente pas seulement une dépense, mais également un investissement pour la collectivité. C'est dans ce contexte que le CSIS a été créé.

L'autorité politique fait face à une problématique complexe. Environ cinquante-cinq mille maladies sont répertoriées dans la catégorie internationale des maladies (CIM) qui est publiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans ce cadre, l'OMS a identifié cent soixante-douze priorités, ce qui est un nombre important. Trois cent cinquante mille essais cliniques sont en cours parmi lesquels deux cent quarante mille sont des essais cliniques interventionnels, dont environ soixante mille sont consacrés à des technologies qui concernent le matériel médical. Cette innovation ascendante bottom up est issue de la recherche.

La R&D d'un médicament s'étend sur une dizaine d'années. Dans ce domaine, l'État ne fixe pas vraiment de priorité à l'industrie pharmaceutique. De plus, les États n'organisent aucune réflexion concertée, et donc les demandes sont différentes selon les États. Le marché est donc très poussé bottom up, de manière ascendante, par la créativité des laboratoires qui confronte l'acheteur à une forme de pression.

Il serait nécessaire de mettre en place une concertation. Le CSIS pourrait permettre à l'État d'exprimer ses besoins et d'établir un budget dédié à ses priorités en matière de santé. Je crois que je rêve un peu, mais il me semble important de tendre vers une réconciliation entre ce que la collectivité est capable de financer et ce que la créativité des chercheurs propose.

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