J'apporterai en complément un éclairage européen. B. Braun est une entreprise familiale allemande désormais très européenne. Les deux tiers de notre chiffre d'affaires sont réalisés sur le sol européen, et les deux tiers de nos emplois et la quasi-totalité de nos centres de recherche y sont également localisés. L'Europe représente le deuxième marché pour nos produits et technologies après les États-Unis. L'Europe constitue surtout une compréhension commune de la santé en tant que bien collectif financé socialement par la solidarité plutôt que par l'assurance. C'est quelque chose d'assez unique et c'est pourquoi nos réflexions et plans d'action considèrent donc la santé à l'échelon européen.
B. Braun est présent en France depuis 1976 et y emploie près de 2 000 personnes, dont 1 400 sur des postes de production dans cinq usines réparties sur le territoire. Nous reviendrons sur les difficultés d'attraction et de rétention des collaborateurs sur ces sites, et sur l'importance de considérer les technologies médicales non pas comme une simple production mais comme un écosystème rassemblant des fournisseurs, des clients, des partenaires publics et privés, de la recherche et du développement.
Pour travailler sur la réindustrialisation et le développement de ces technologies, il faut davantage de visibilité multiannuelle, car elle reste trop souvent annuelle. Nous devons également prendre en compte l'impact des coûts de la réglementation et des charges : un dossier technique qui comptait 60 pages en totalise désormais 6 000. L'évolution de la réglementation est nécessaire pour la qualité et la sécurité de nos patients, mais elle a de forts impacts pour les entreprises. Enfin, l'appréciation du made in France ou made in Europe doit se traduire dans le niveau des prix, l'accès au marché et la structuration de ce dernier. Il faut identifier des incitatifs pour retenir les entreprises déjà présentes sur le territoire et en attirer de nouvelles.