Je vais d'abord répondre à votre deuxième interrogation car la réponse permet d'illustrer ce à quoi pourrait ressembler demain, un secteur des technologies médicales qui aura réussi. Pour cela, il faut regarder du côté des ETI, qui ont en commun d'être fortement exportatrices. Celles qui atteignent 50 millions d'euros de chiffre d'affaires commencent en général à exporter à plus de 50 % de leur chiffre d'affaires. Elles restent très innovantes et investissent en recherche et développement (R&D) en France où il existe un terrain fertile à l'innovation. Ces entreprises continuent également à fabriquer en France. A ce titre, la proximité entre la R&D et l'usine est essentielle. Les pansements fabriqués chez Urgo par exemple, issus de la recherche publique et qui résolvent de graves pathologies de santé, sont tellement innovants qu'il n'existe pas de machine sur étagère pour les fabriquer. Urgo conçoit donc ses propres machines utilisées dans l'usine. Il faut réfléchir à la transformation de ces 1500 PME en ETI qui exporteront et créeront de l'emploi en France en réinvestissant dans l'industrie et en innovant pour les patients français.
L'État doit jouer son rôle pour donner toutes leurs chances aux innovations. L'État participe à l'émergence des entreprises grâce aux aides à l'innovation, et il est également client, car il paie et rembourse ces innovations. L'État doit donc permettre aux innovations financées d'accéder à un marché national fort. Il faut réussir en France avant d'espérer exporter.
Deux leviers d'action existent. Le frein à la rapidité d'accès au marché ne relève pas d'un problème de lenteur administrative ou de délai d'instruction, mais l'ensemble du processus d'évaluation d'instruction dure quatre à cinq ans. Le plan santé 2030 annoncé par le Président propose, pour le secteur du médicament, l'accès immédiat au marché pour les innovations dont la sécurité et la balance bénéfice-risque a été démontrée. Le remboursement est immédiat et le patient peut y avoir accès. L'utilisation du produit dans la vie réelle permet ensuite d'acquérir des données complémentaires pour ajuster le prix si nécessaire.
Le deuxième levier concerne les paris gagnants. La quinzaine de produits très innovants qui a prouvé son efficacité clinique et médico-économique, chaque année, représente un bénéfice pour le patient, mais aussi pour le système de santé. Le produit unitaire coûte un peu plus cher, mais l'ensemble du système réalise finalement des économies. Sur ce type de produits, il ne faut pas se contenter d'adresser 5 % des patients : l'ensemble des patients concernés par ce produit doit en bénéficier sur l'ensemble du territoire.