Intervention de Johanna Michielin

Réunion du jeudi 28 octobre 2021 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Johanna Michielin, directrice générale de CNRS Innovation :

Je me distinguerai du propos de Mme Pascale Augé en revenant sur la spécificité du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) par rapport à l'Inserm qui est sa pluridisciplinarité.

Le CNRS est un établissement de recherche fondamentale pluridisciplinaire qui opère dans tous les domaines de la science. Notre approche est toujours multidisciplinaire, tournée vers le long terme et ouverte sur l'inconnu.

Le CNRS attache une très grande importance à la valorisation de ses résultats de recherche. Il entend faire bénéficier la société des avancées obtenues dans le cadre de ses recherches.

Le CNRS s'est doté depuis quelques années d'une direction générale déléguée à l'innovation, aux côtés d'une direction générale déléguée à la science, afin de porter le message d'intérêt pour la valorisation des résultats de recherche. Cette direction générale a deux grands axes.

La collaboration entre nos laboratoires de recherche et les entreprises est un premier axe. Nous travaillons par filières, en réponse aux besoins de nos partenaires industriels. Notre objectif est de construire des collaborations de long terme sur des sujets d'intérêt commun.

Le transfert de technologies constitue le second axe principal. Il est porté par CNRS Innovation, la filiale nationale de transfert de technologies du CNRS, qui s'attache à identifier les résultats de recherche issus de nos laboratoires et pas nécessairement développés avec des industriels, à les protéger et à les faire monter en maturité pour intéresser les partenaires économiques, qu'ils soient des industriels avec lesquels nous poursuivrons les développements ou des fonds d'investissement qui trouveront un intérêt à investir dans les start-ups créées.

Le CNRS a ainsi constamment augmenté son investissement sur ces aspects sur les cinq dernières années. Nous opérons notamment un fonds de prématuration qui permet de financer une soixantaine de projets par an. Notre objectif est de financer le passage du résultat de recherche à la preuve de concept en environnement de laboratoire, ce qui est un préalable nécessaire avant toute discussion avec un partenaire socioéconomique.

Nous nous appuyons également sur les SATT – le CNRS a choisi d'être actionnaire de l'ensemble des SATT sur le territoire – dès lors que le besoin de financement excède ce que nous avons pu investir au stade de la prématuration. Nous nous attachons à un passage de relais le plus efficace possible par les SATT pour qu'elles investissent dans la maturation et qu'elles amènent les résultats encore plus loin dans leur niveau de maturité technologique.

Lorsque les résultats sont suffisamment matures technologiquement, le transfert de technologie prend deux voies.

Il peut prendre la forme d'un transfert par voie de licence vers des partenaires existants. Nous avons considérablement augmenté le volume de ces transferts de technologie sur les cinq dernières années. Près de 200 contrats de licence sont signés chaque année vers des entreprises sur des actifs développés par le CNRS et ses partenaires.

Le transfert de technologie passe aussi par la création de start-ups, qui s'est accélérée sur les cinq dernières années jusqu'à devenir aujourd'hui une voie majeure de transfert et de développement des résultats de la recherche. Aujourd'hui, 45 % de nos transferts s'effectuent par la création d'entreprises. Nous avons donc développé un programme d'accompagnement à la création d'entreprise, ainsi que nos réseaux avec les fonds français d'investissement qui opèrent dans les premières étapes de financement de ces start-ups.

Le transfert de technologies puise sa source dans l'excellence de la recherche. Lorsque la recherche est conduite au meilleur niveau international, elle porte en elle des innovations de rupture.

Cependant, si nous nous fondons sur la matière première issue des laboratoires de recherche du CNRS, c'est aussi une activité qui doit se nourrir et s'orienter en fonction des priorités nationales et européennes, ainsi que des feuilles de route stratégiques de nos partenaires industriels à long terme. Nous avons besoin de ces relais et, au-delà de leur apporter des innovations qui n'étaient pas forcément inscrites dans leurs feuilles de routes stratégiques, nous devons également prendre en compte leurs priorités qui sont plus en aval et doivent orienter le travail des filiales qui interviennent à cette jonction.

Il n'appartient ni au CNRS ni à CNRS Innovation de définir quels sont les secteurs industriels prioritaires pour notre pays. Notre rôle est davantage de présenter les domaines scientifiques et les technologies pour lesquelles nous anticipons des avancées majeures et disruptives, qui pourraient à ce titre être essentielles à la création de nouvelles industries ou de nouveaux marchés.

Nous nous attachons donc à orienter nos priorités de recherche et de valorisation vers des thématiques porteuses d'enjeux sociétaux et potentiellement génératrices d'avancées technologiques majeures. C'est ainsi que nous voyons notre contribution à la réindustrialisation.

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