Intervention de Pascale Augé

Réunion du jeudi 28 octobre 2021 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Pascale Augé, présidente du directoire d'Inserm Transfert :

Tout d'abord, il ne faut pas oublier que la phase amont que constitue le transfert de technologie n'est qu'une petite partie des enjeux et des sujets. Cependant, les dix dernières années ont permis aux transferts de technologies et à la recherche française de s'interroger et de travailler de nombreux aspects.

Les activités réalisées en transfert de technologies dans les structures de valorisation en France sont assez similaires aux activités qui se déroulent dans d'autres pays d'Europe, voire aux États-Unis. Il y a peu d'écart sur la nature des activités. Sur un domaine comparable, une licence de l'université de Columbia ressemble à 99 % à nos licences et à celles de CNRS Innovation et des autres acteurs. Une homogénéisation et une harmonisation des pratiques se sont opérées entre les structures de transfert de technologies en Europe et dans le monde.

Comme des acteurs nouveaux se sont structurés dans le cadre du programme d'investissements d'avenir (PIA), un rattrapage et une montée en puissance des acteurs se sont produits et se poursuivent. Cependant, sur des actifs classiques, les différences sont faibles.

La situation est en revanche un peu différente en ce qui concerne la donnée de patient et les partenariats autour des données de patients. Il n'y a pas ce recul de trente ou de quarante ans sur ce que doit être une licence ou une collaboration de recherche. Un travail collaboratif est nécessaire pour pouvoir répondre aux enjeux des futurs accords sur le transfert de données (data transfer agreement), notamment des accords de transfert autour de la donnée de patient ou de la donnée de population générale associés par exemple à des essais cliniques ou à des études sur cohortes. Il y a un vrai sujet sur lequel la France est plutôt bien placée. Un travail a été engagé depuis plus de deux ans avec le conseil stratégique de filière associé.

Cependant, si nous voulons pouvoir créer de belles start-ups, nous devons être capables d'aller chercher des dirigeants hautement qualifiés, avec une résonance et une capacité de porter chacune de nos start-ups à une dimension internationale – ce qui ne signifie pas se faire racheter à l'international.

C'est un vrai sujet, même si la situation s'améliore et que nous commençons à avoir des entrepreneurs en résidence que nous sollicitons régulièrement pour prendre la direction de nos start-ups. Ils sont encore en nombre trop limité.

Un vrai travail a donc été engagé collectivement avec CNRS Innovation, la Banque publique d'investissement (Bpifrance), et le réseau des SATT. Il a abouti à des initiatives autour du Plan Deeptech et l'événement « Deeptech Connect » par exemple, qui a vocation à essayer d'identifier des porteurs potentiels de sociétés qui permettront à nos start-ups d'acquérir une visibilité internationale et de pouvoir lever des fonds non seulement en France mais aussi à l'international. Certains pays, en particulier l'Europe du Nord et le Royaume-Uni, sont parfois plus avancés que nous sur cette capacité à attirer les entrepreneurs en résidence.

Dans de nombreux cas, c'est l'investisseur qui sera capable par les levées de fonds et l'argent qu'il sera en mesure de mettre dans les sociétés, soit dans l'amorçage, soit en série A, de convaincre des acteurs et des dirigeants de niveau international : mais en effet, c'est collectivement que nous pourrons construire un réservoir de ces profils qui pourront mieux conduire nos start-ups vers l'avenir.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.