Sur la quasi-société, il y a toujours un cas où le scientifique est le moteur de la création de sa société et où il faut l'accompagner. Des programmes très précoces existent donc pour qu'ils deviennent non pas des directeurs généraux ou chief executive officer (CEO) mais plutôt des « fondateurs éclairés de l'entreprise ». Il s'agit de leur faire comprendre qu'ils devront gérer des alignements stratégiques de natures différentes. Ce sera tout d'abord la science, puis les enjeux relatifs aux affaires économiques ou encore les sujets financiers.
Il y a d'autres projets où les scientifiques ne sont pas les moteurs de la valorisation. C'est probablement sur ces projets qu'il existe un vrai travail. Sur des projets sélectionnés, la sélection étant un aspect critique du sujet, avec un avenir et qui devraient être dotés en conséquence, il faudrait des personnes de gros calibre qui soient capables de prendre plusieurs projets et de les faire évoluer vers de la consolidation ou de la belle création.
Aujourd'hui, notre expérience nous montre que nous sommes sur des projets multiples ou des morceaux de technologie. Il ne faut plus s'arrêter à faire « un projet, une société ». Cela est rentré au moins en partie dans notre culture. Il convient plutôt de privilégier une logique d'entrepreneurs en résidence, ou au moins de personnes suffisamment solides pour amorcer plusieurs projets dans le cadre d'un accélérateur, afin de voir si cela passe à terme par la consolidation d'une société existante ou si cela a du sens de créer une nouvelle entreprise.
À propos de votre autre interrogation, Sanofi organise depuis quelques années des iAwards (Innovation Awards). Plusieurs offices de transfert de technologies ont répondu et participé, comme Inserm Transfert, l'Institut Pasteur ou l'Institut Curie. L'idée était que les cellules de valorisation aident Sanofi à faire un sourçage de projets et que Sanofi sélectionne ensuite les projets dans une logique de partenariat public-privé.
Nous avons répondu de façon significative en proposant des projets construits avec les scientifiques. Or, malgré l'ensemble des outils dont Sanofi dispose, nous avons identifié des projets et des sujets complètement nouveaux pour eux. Bien que ces grands groupes aient des outils pertinents, la relation humaine qu'entretient un office de transfert de technologies et ses sourceurs internes avec les scientifiques est réellement importante.
Concernant l'introduction de chercheurs industriels dans des laboratoires académiques, je ne suis pas sûre que ce soit aussi évident que l'industriel pourrait le penser car la connaissance globale et la relation de confiance prend des années à mettre en place.