À mon sens, la solution consiste à mêler ces différents outils d'intervention.
Dans le quatrième programme d'investissements d'avenir, 10 % de fonds propres permettent d'intervenir par des fonds de fonds (investissant dans des fonds privés), ou directement par la BPI ou ADEME investissement, auquel cas ces interlocuteurs investissent au nom de l'État au capital des entreprises. Au cours des dix dernières années, cette intervention de l'État a permis de lever des fonds dans les start-ups françaises. Le nombre de « licornes » ne cesse d'augmenter, avec des investissements d'avenir parmi elles.
Il est très important pour le développement des entreprises, principalement des start-ups, de continuer à intervenir en capital. Le fonds d'inversement « Sociétés de projets industries » (SPI) permet par exemple d'intervenir en capital, dans les projets d'industrialisation en France des entreprises industrielles. Nous intervenons dans les mêmes conditions que des investisseurs privés, avec des cordes de rappel puisque l'État est représenté au conseil d'administration ou au conseil de surveillance des entreprises en question. Nous nous attachons toutefois à adopter l'attitude d'un investisseur qui accompagne et soutient, de manière à éviter de bloquer les projets de développement des entreprises.
Le soutien en subventions et avances remboursables, quant à lui, permet de soutenir des entreprises, notamment des PME dont les responsables rechignent à utiliser des outils susceptibles de diluer leur participation au capital. En cumulant ce soutien avec les dispositifs fiscaux tels que le crédit d'impôt recherche, l'innovation peut être soutenue dans des entreprises traditionnelles ne souhaitant pas ouvrir leur capital.
Il nous paraît important de préserver cette variété d'interventions, d'autant que ces différentes aides peuvent intervenir à des phases plus ou moins avancées du développement des entreprises.
De toute façon, notre part d'intervention en fonds propres ne peut qu'évoluer car nous sommes beaucoup intervenus dans l'amorçage, qui est un segment dans lequel le marché français était défaillant. Celui-ci est désormais mature, et la première levée de fonds n'est plus une difficulté pour les start-ups, ce qui montre que l'intervention de l'État a comblé une faille de marché.
La faille de marché persiste pour les très gros tickets d'investissement. Les fonds mobilisés à la suite au rapport de M. Philippe Tibi Financer la quatrième révolution industrielle, dans le secteur des assurances, ont permis de financer l'innovation de rupture et les start-ups dans le cadre des programmes d'investissements d'avenir. À l'avenir, l'État devra continuer à soutenir l'industrialisation, ainsi que les gros tickets d'investissement des start-ups françaises.