Intervention de Jean-François Le Bos

Réunion du jeudi 4 novembre 2021 à 15h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Jean-François Le Bos, conseiller du président du groupe Financière SNOP Dunois, président de la FIEV :

Les évolutions majeures de l'automobile et de son usage peuvent offrir des possibilités de réindustrialisation pour la France. Cela suppose d'une part que les problématiques fondamentales affectant la compétitivité, c'est-à-dire les coûts de production, l'impôts sur les sociétés, les charges sociales, la neutralité technologique, un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) prenant en compte la totalité du cycle de vie d'un véhicule, soient résolues. D'autre part, les stratégies commerciales développées par les entreprises de la filière devraient s'orienter vers la différenciation des modèles et leur montée en gamme, ainsi que vers la conquête de parts de marché à l'export depuis la France. En effet, le marché domestique français est trop étroit à lui seul : il ne représente que 2 millions de voitures neuves par an et ce chiffre pourrait encore baisser dans les années futures. En outre, il est à noter que la moitié du marché des voitures neuves est constituée d'achats de flottes, l'autre moitié étant des achats de particuliers dont l'âge moyen est de 59 ans. Le parc automobile français est vieillissant avec un âge moyen de plus de 10 ans. Le marché de l'occasion est en plein essor avec 6 millions de transactions annuelles. La conquête de parts de marchés en Europe et dans le monde est une condition indispensable au maintien d'une industrie automobile française compétitive.

Enfin, nous sommes particulièrement préoccupés par les problématiques de souveraineté pour la pérennisation d'une industrie automobile en France compétitive. Nous demandons la mise en place de règles claires et appliquées pour que la compétition au sein du marché soit équitable entre tous les pays, européens ou non. Nous sommes également préoccupés par l'introduction de véhicules 100 % électrique sans que la persistance dans cette transition énergétique de véhicules hybrides rechargeables soit sanctuarisée au moins à l'horizon 2040. Il est nécessaire de permettre une transition écologique acceptable pour les entreprises fortement engagées dans les moteurs à combustion interne, dont la demande restera importante dans de nombreux pays et pour les véhicules poids lourds. Nous insistons pour que la neutralité technologique soit la règle fondamentale avant toute prise de décision et toute réglementation. L'impératif est de réussir la décarbonation des mobilités par la prise en compte des émissions sur l'ensemble du cycle de vie des véhicules, c'est-à-dire « du gravier à la tombe » et non pas seulement à la sortie des émissions des véhicules.

La France ayant déjà une production électrique décarbonée, l'effort demandé actuellement aux entreprises automobiles françaises est extrêmement important, alors que des progrès considérables ont déjà été accomplis. Enfin, la compétition avec des pays comme la Chine doit faire l'objet d'une grande vigilance, car les voitures issues de l'industrie chinoise ne bénéficient pas actuellement des mêmes conditions de décarbonation sur l'ensemble du cycle de vie. Nous plaidons donc pour la mise en place d'un MACF en Europe tenant compte de l'ensemble des facteurs intervenant dans le cycle de vie d'une marchandise et pas uniquement des matières premières : cela serait une incitation supplémentaire à des délocalisations si nous en restions là.

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