L'industrie automobile doit s'implanter au plus près de ses marchés compte tenu des coûts de transport. Les constructeurs français ont été contraints à de tels choix à court et moyen terme pour assurer leur survie. De nombreux équipementiers ont suivi ce mouvement pour les mêmes raisons. À l'inverse, nous aurions potentiellement pu maintenir plus de production sur le territoire national, en dépit des coûts élevés, si nous avions choisi de nous positionner sur des véhicules plus haut de gamme, plus différenciés, avec une image de marque meilleure que celle que nous avons développée.
Enfin, j'estime que la sauvegarde de notre souveraineté à l'avenir est un paramètre fondamental pour notre industrie, pour notre pays et pour l'Europe. Nous avons très peu abordé durant notre échange la digitalisation de la mobilité de demain, alors que les véhicules actuels comprennent plus de lignes informatiques que les avions Airbus qui étaient produits il y a seulement quinze ans. La sécurité des logiciels était facilement assurée tant que ceux-ci fonctionnaient de façon fermée. Désormais, les véhicules communicants se développent, ce qui induit des problèmes extrêmement importants de conception et de cybersécurité. La liberté de mouvement est fondamentale pour la France comme pour l'Europe. Ne pas mesurer suffisamment les conséquences des délocalisations pourrait à l'avenir faire courir le risque d'interventions dont nous ne pourrions être satisfaits en tant que citoyens ou industriels.