Cette délocalisation que vous mentionnez est, en fait, une évolution liée aux modes de production actuels – comme l'a très bien expliqué le président de la République dans sa présentation du plan France 2030. La France a longtemps distingué entre la recherche fondamentale, la recherche appliquée et la production. Or les trois dimensions sont imbriquées et obtenir des avancées rapides demande de les conjuguer. Disposer d'un site de production au Maroc impose d'y avoir également une partie de R&D directement reliée à celui-ci. Par ailleurs, la France n'a plus cet attrait supplémentaire pour attirer la R&D par rapport aux autres pays. D'une part, parce que les ingénieurs étrangers ont un haut niveau de qualité et d'autre part, parce que leur coût est moindre que celui des ingénieurs français. Les nouveaux modes de production et les écarts de compétitivité font peser un risque de localiser de la R&D dans d'autres pays, indépendamment de la seule volonté des constructeurs.
De plus, alors que la France produisait 3,5 millions de véhicules dans un marché mondial d'environ 50 millions de véhicules au début des années 1990, elle en produit désormais 2 millions, sachant que le marché mondial en représente maintenant 90 millions. La part de la France a chuté de 7 à 2 % de ventes mondiales. Or un constructeur automobile aura toujours intérêt à produire ses véhicules le plus près possible de leurs lieux de vente, ce qui peut expliquer la localisation de certains nouveaux sites à l'étranger. Cet état de fait est toutefois susceptible de changer avec le développement de la voiture électrique.