Je salue le travail réalisé par la commission d'enquête, en particulier le rapporteur, qui a procédé à des dizaines d'heures d'audition, toutes d'excellente qualité. Elles nous ont permis de voir différemment des pans entiers de l'industrie, qu'il s'agisse de l'industrie pharmaceutique ou des modèles économiques, et de réfléchir aux causes de la fragilisation de ce secteur ainsi qu'aux moyens d'y remédier.
Les propositions sont nombreuses et variées. Elles concernent tout aussi bien la formation et les filières que la recherche fondamentale ou la composition des conseils d'administration. À cet égard, je soutiens la proposition d'ouvrir plus largement les conseils d'administration aux salariés. En effet, il ressort de l'audition de plusieurs économistes que, du fait de la culture du conseil d'administration à la française, dans une économie polarisée sur les très grands groupes, ces conseils d'administration sont moins sensibles aux conséquences de leurs décisions sur le tissu d'emploi. L'intérêt de l'entreprise et le sujet des emplois concernent aussi les salariés : raisonner uniquement en termes de coûts financiers ou de rentabilité pour l'actionnaire nous a conduits à ce constat partagé qu'en cinquante ans, nous avons perdu la moitié des emplois dans l'industrie.
Je suis favorable, dans l'ensemble, aux propositions du rapport, en particulier celle de lier l'attribution d'aides publiques, comme le crédit d'impôt recherche, à la relocalisation d'unités de production. L'octroi de ces aides, à partir d'un certain montant, doit absolument être subordonné à des contreparties en matière sociale, environnementale ou d'éthique fiscale. À quoi bon nous entêter dans les mêmes discours politiques sans jamais écouter ce que nous disent les experts, à commencer par tous ceux que la commission d'enquête a entendus ? Les aides publiques, distribuées pendant des années sans contrôle et sans condition, n'ont pas permis d'atteindre les objectifs espérés. Il faudra bien finir par reconnaître qu'il n'est pas souhaitable de distribuer l'argent sans condition et que cela n'a pas aidé à maintenir un tissu industriel en France.
En revanche, vous proposez, monsieur le rapporteur, de rattacher le ministère de l'énergie à l'industrie. Entendez-vous retirer l'énergie du ministère de la transition écologique ? Je ne sais pas si c'est une bonne idée au moment où nous devons favoriser des modèles de transition écologique.