Je vous remercie pour votre invitation à cette commission. Elle nous donnera l'occasion de présenter les résultats d'une étude que nous avons menée auprès de 2 000 parents.
Nous nous sommes intéressés à la cellule familiale et à la façon dont elle a vécu le confinement, en particulier sur le plan de l'état affectif des parents et de la charge mentale qu'ils ont supportée, puisque le confinement a nécessité de revoir l'ensemble de l'organisation de la cellule familiale. Nous avons mis les résultats en lien avec l'état des enfants, concernant des changements de comportement ou la réapparition de troubles ou symptômes.
Nous avons constaté une amélioration de la situation dans certaines familles ayant les ressources pour s'adapter et s'organiser. Ce sont souvent des familles où les deux parents sont présents, où l'organisation est assez facile et où les personnes sont en capacité de réguler et de s'adapter.
Au centre de notre modélisation du processus, nous observons que l'anxiété est très présente. Elle est à l'origine de nombreux éléments. Elle peut venir de cette nécessité d'adaptation et d'une nouvelle organisation familiale, mais elle vient aussi beaucoup de l'extérieur.
Selon moi, la crise est gérée de manière très anxiogène. Le décomptage des morts d'abord, puis des cas positifs, alors que nous pouvons ne pas être affectés ni connaître de personnes affectées par le coronavirus, donne l'impression d'une menace permanente qui est très anxiogène. Les parents qui déclarent un niveau d'anxiété élevé à cause de la crise sanitaire ont moins de ressources et sont moins capables de gérer le quotidien et de s'ajuster. De plus, à la fin du confinement, la réouverture non systématique des écoles et le retour non généralisé au travail ont demandé des capacités d'adaptation énormes. Or quelqu'un ayant moins de ressources du fait d'un état d'anxiété élevé n'a plus ses capacités de régulation.
De fait, ces personnes rapportent une sensation de déprime plus élevée qu'en temps normal. En corrélation, elles rapportent une dégradation des relations avec leurs enfants et plus d'énervement sur eux. Nous obtenons finalement un schéma familial où l'anxiété générée par la crise a amené certains parents à être malveillants avec leurs enfants alors qu'ils ne l'étaient pas auparavant.
Il serait bien d'être mesuré dans la manière à la fois de gérer la crise et de présenter les choses.