Intervention de Andréa Soubelet

Réunion du jeudi 24 septembre 2020 à 14h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Andréa Soubelet, maître de conférences à l'Université Côte d'Azur, et psychologue et psychothérapeute spécialisée pour les enfants et adolescents, en exercice au CHU de Lenval (service de pédopsychiatrie, Nice) :

Effectivement, nous avons initié cette étude durant le confinement pour appréhender la façon de le vivre par les parents et par les enfants. Je mettrai davantage l'accent sur les enfants pour vous montrer l'impact de la crise sur la cellule familiale. Je rappelle que les parents ont dû prendre en charge le suivi scolaire des enfants à la maison.

Habituellement, nous entendons parler de « population clinique », c'est-à-dire des personnes en détresse qui contactent le médecin et rentrent dans un processus de soins. Ici, nous avons interrogé 2 000 parents « tout venant » ayant des enfants âgés de 1 à 22 ans. Les résultats sont les suivants :

- 68 % des parents rapportent une augmentation de la colère et de l'irritabilité chez leurs enfants ;

- 53 % rapportent des problématiques de sommeil chez les enfants ;

- 47 % rapportent une augmentation de l'agressivité et des difficultés à se concentrer ;

- 38 % des enfants manifestent davantage d'émotions négatives et font davantage de cauchemars qu'habituellement ;

- près de 70 % des enfants s'agrippent davantage à leurs parents ; ce comportement témoigne probablement d'anxiété ;

- plus de la moitié des enfants ont des souvenirs ou des pensées intrusives par rapport à des événements qu'ils ont vécus en lien avec la crise du Covid.

Dans cette enquête, nous avons étudié des facteurs de stress aigu ou post-traumatique. Dans cette population générale et selon les parents, beaucoup d'enfants manifestent des changements de comportement qui peuvent témoigner d'un stress relativement important. Ce stress agit sur le comportement, le sommeil, la concentration, l'agressivité ou la colère. Dans ce contexte, il a certainement dégradé des relations entre les parents et les enfants.

Concernant la vulnérabilité des populations, nous avons essayé d'explorer dans ces données dans quelle mesure les enfants qui avaient déjà été exposés à des événements difficiles ou traumatogènes dans le passé risquaient plus que d'autres de vivre ce syndrome de stress pendant le confinement. Sans équivoque, les données montrent que cette population est beaucoup plus vulnérable que les autres.

Selon moi, il sera essentiel d'éduquer les familles et les parents à détecter les signaux faibles de stress et à comprendre le profil de leur enfant pour savoir s'il est à risque ou non. Il faudrait mener une campagne de prévention ou de sensibilisation pour permettre une prise en charge précoce de ces enfants, pour plus d'efficacité.

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