Intervention de Natacha Collomb

Réunion du jeudi 24 septembre 2020 à 14h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Natacha Collomb, secrétaire nationale de l'Alliance francophone pour la santé mentale périnatale :

Même si nous représentons ici l'alliance et tous les métiers de la périnatalité, nous pouvons peut-être faire un focus sur la psychiatrie périnatale et la pédopsychiatrie.

D'abord, les bébés sont de manière générale moins bruyants dans leur mal-être que les enfants plus grands. Non doués de la parole, ils expriment leur malaise avec des signes tout à fait différents. De fait, ils ont été moins entendus dans cette période en raison de la difficulté à consulter en présentiel. En les consultant en vidéo, il était plus difficile de les « lire ». Les parents de bébés, notamment ceux souffrant de troubles psychiques, ont besoin d'une attention particulière. Des prises en charge et des repérages ont été effectués avec retard du fait du ralentissement du fonctionnement des institutions qui entourent habituellement ces personnes de manière assez précieuse et proche. En fonction des régions et des lieux, les PMI ou les associations de TISF ont rencontré des difficultés, puisqu'elles ne pouvaient pas autoriser leurs professionnels à se déplacer tant qu'ils n'avaient pas de masques.

Ces retards dans les prises en charge de mamans se sont répercutés sur des bébés en souffrance du fait de ces interactions altérées avec un parent incapable de les accompagner suffisamment bien dans leur développement. La question des masques est remontée pour l'école, mais aussi pour les bébés. Nous savons à quel point le développement des tout petits repose sur l'interaction. Certes, le regard est précieux, mais sans une partie du visage, l'interaction est plus difficile. C'est pourquoi il est demandé de distribuer des masques inclusifs dans les crèches et services de soins conjoints parents-bébés. Ces contraintes peuvent paraître des détails, mais elles sont importantes et il faut y réfléchir pour respecter les droits des enfants et des bébés qui doivent aussi être considérés.

La question des aspects positifs et négatifs est aussi intéressante. Certaines maternités ont remonté les problèmes liés à la présence des pères aux accouchements, qui est fondamentale ; ces problèmes ont été relativement vite résolus avec les recommandations du CNGOF en faveur de la présence des pères. Un aspect positif réside dans l'impossibilité pour les familles élargies de se rendre à la maternité : ainsi la mère et son bébé pouvaient bénéficier de moments tranquilles après la naissance.

Pour certaines familles, le travail et le confinement à domicile ont permis au père, à la mère ou aux deux parents de plus profiter de leur bébé dans les premiers temps. Néanmoins, le confinement a accru certaines inégalités. Plus les personnes en difficulté économique ou sociale sont isolées, plus ces difficultés sont grandes. Les bénéfices du confinement concernent plutôt les familles favorisées disposant d'un jardin ou d'un environnement confortable, car l'environnement est aussi important dans la vie d'un bébé. À la fin des années 1990, Hillary Clinton venue visiter la France et la PMI avait constaté à quel point la France faisait en sorte de soutenir les parents, disant qu'il faut « tout un village pour élever un enfant ». Il faut réussir à maintenir le fonctionnement de ce village, en dépit des circonstances, pour le bien des bébés et des enfants.

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