S'agissant des enfants de soignants, pour savoir si les séquelles seront irrémédiables ou comment les réparer, il faudrait que la crise soit terminée. Seul le confinement strict est terminé. Nous sommes encore dans la crise. L'état d'anxiété généralisé que vit la population est toujours présent. Tant que nous ne sommes pas à la fin du processus, il est difficile de faire des projections de prises en charge réelles pour pallier les problèmes, d'autant que le temps d'exposition lui-même à certaines situations détermine les séquelles ou la gravité des symptômes.
Concernant les soignants situés en première ligne, la plupart se trouvent actuellement dans un état de stress post-traumatique. Ils ont été traumatisés de ce qu'ils ont vu, vécu et des choix qu'ils ont dû faire. N'étant pas épaulés dans cette crise, ils se sont débrouillés seuls. Or certaines personnes sont dans un tel état traumatique qu'il y a forcément des répercussions sur les enfants dans la cellule familiale. Elles n'oublient pas tout en passant la porte de la maison.
Initialement, nous ne catégorisons pas forcément ces enfants comme étant une population vulnérable. Ce sont des personnels hospitaliers ou cliniques qui font partie de la classe moyenne, nous ne les identifions pas à des populations sur lesquelles il faut porter un regard particulier. Néanmoins, cette population est clairement traumatisée. Cela continue, car ces personnes sont totalement paniquées à l'idée que puisse se reproduire ce qu'elles ont vécu entre mars et mai. C'est à un tel point que parfois elles ne raisonnent plus correctement pour analyser la situation. Pour ces cellules familiales et les enfants qui sont au contact de ces personnes, je pense qu'il y aura une problématique et une prise en charge particulières.